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" Le Genocide Armenien En 3e " Dans L'academie De Dijon

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    " L GENOCIDE ARMéNIEN EN 3E" DANS L'ACADéMIE DE DIJON

    http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=69107
    Publié le : 21-11-2012

    Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le site collaboratif
    et disciplinaire Â" Hist/Geo et Education Civique Â" présente des
    informations professionnelles a destination des enseignants et des
    activités proposées par des collègues de l'Académie de Dijon. Parmi
    les articles les plus récents, on note Â" Le génocide arménien,
    programme de 3e Â", posté le dimanche 18 novembre 2012 par J-F Boyer.

    Cet article propose une séance d'une heure pour le programme de
    3e a propos du génocide arménien. Bonne initiative mais il est
    regrettable que la Revue L'Histoire, n° 341, avril 2009, ait été
    relayée dans ce cours. Avec, en particulier, l'interview - très
    controversée parmi les spécialistes du génocide arménien - de
    l'historien Fuat Dundar (p.

    8-21). Ce dernier y minimise le génocide arménien, qu'il ne qualifie
    d'ailleurs pas en ces termes. Ce n'est pas un hasard si les étonnantes
    positions de Fuat Dundar (que l'on avait connu dans un tout autre
    registre) sont encensées ou reprises par les sites négationnistes
    pro-turcs tels que Â" Turquie News Â" ou Â" Arménologie - Le peuple
    arménien, son histoire, ses mÅ"urs, ses mentalités Â". Avec le nom
    de ce site, tous les commentaires sont superflus...

    Légende photo: Armenie 1915, Armin Wegner

    L'Académie de Dijon

    Le génocide arménien, programme de 3e

    dimanche 18 novembre 2012 par J-F Boyer

    Cet article propose une séance d'une heure pour le programme de 3e
    a propos du génocide arménien.

    Le génocide arménien

    Le peuple arménien a subi un massacre de masse (1915-1916), une
    extermination sous la forme d'une déportation (marche de la mort),
    en particulier des femmes, des enfants et des vieillards dans des
    conditions atroces ayant abouti a la destruction d'une grande partie
    de la population. Cette destruction s'est aussi accompagnée de
    l'extermination des hommes de moins de 50 ans (exécutions) et la Â"
    transformation Â" (terme de Daniel Goldhagen) puisqu'un certain nombre
    d'enfants arméniens ont été placés dans des familles turques pour
    être islamisés.

    Ce massacre de masse est un acte politique réfléchi et planifié
    par les responsables Â" jeunes turcs Â" au pouvoir (Mehmet Talat et
    Ismail Enver). Â" Le cahier de Talat Pacha montre l'enregistrement des
    Arméniens : Â" l'Etat de Talat Pacha est une grande machine a compter
    [...] il a, au-dela de son pouvoir politique, les moyens techniques
    d'observer, de coordonner et de maîtriser tous les détails de la
    déportation Â" écrit l'historien turc Fuat Dundan. Il ajoute qu'Â"
    en consultant les documents administratifs qui se trouvent dans les
    archives ottomanes, on comprend que Talat Pacha et le gouvernement
    savaient parfaitement ce qu'il advenait des Arméniens. On sait que
    Talat a ordonné aux gouverneurs de Diyarbakir, le 12 juillet, d'Ankara
    le 27 juillet et enfin de toutes les provinces le 29 aoÃ"t d'arrêter
    les massacres. C'est a cette date qu'on trouve pour la première fois
    pour en nier l'existence l'expression Â" politique d'extermination Â"
    imha siyaseti Â". Le massacre est bien une décision politique dont les
    nombreuses lettres et documents d'archives confirment le caractère
    réfléchi. Â" Talat explique : Â" on a proposé et examiné des
    projets et des hypothèses destinés a régler définitivement, de
    manière exhaustive et absolue, cette question, qui figure en bonne
    place par les sujets vitaux pour l'Etat Â" cite D. Goldhagen (page 92).

    L'historien turc Taner Akcam rapporte : Morgenthau prit note d'un
    autre entretien sur le sujet avec Talât a la date du 3 aoÃ"t
    1915 : Â" Talât...m'a affirmé que le comité Union et Progrès
    avait soigneusement étudié l'affaire jusque dans le monde
    détail et que la politique menée était celle qu'ils avaient
    officiellement adoptée. Il ajouté que je ne devais pas imaginer
    que les déportations avaient été décidées a la va-vite ; en
    réalité, elles étaient le fruit de délibérations prolongées
    et minutieuses.. .Ce dont il question...c'est l'élimination des
    Arméniens Â" (Taner Akcam, Un acte honteux, Folio histoire 2006,
    2012, pp. 230-231). Cet historien écrit que Â" de nombreux membres
    du gouvernement ignoraient la décision génocidaire qui fut,
    nous semble-t-il, prise par le parti fin mars et exécutée sous le
    couvert du décret gouvernemental de déportation a la fin du mois de
    mai. Le gouvernement fut également exclu par principe des opérations
    ultérieures Â" (p. 231). De même certains gouverneurs ont refusé de
    diriger les massacres préférant démissionner ou être remplacés,
    sans intervenir pour empêcher ces massacres. Â" Certains refusent de
    participer a ce massacre. Â" Mazhar Bey, révoqué de son poste de
    gouverneur d'Ankara, décrit dans sa déposition comment les choses
    se sont passées : Â" quand j'ai recu du ministère de l'Intérieur
    des ordres concernant la déportation d'Arméniens, j'ai fait mine
    de ne pas comprendre. Comme vous le savez, d'autres provinces ont
    achevé les déportations avant même que j'ai commencé. Et puis,
    un jour, Atif Bey est venu me voir et m'a transmis oralement les
    ordres du ministère de l'Intérieur exigeant que les Arméniens
    soient assassinés pendant la déportation. Â" Non, Atif Bey, ai-je
    dit, je suis un gouverneur par un bandit, je ne peux pas faire ca,
    je préfère quitter mon poste, vous n'avez qu'a venir faire ca
    vous-même Â" (p. 242).

    Cette politique s'inscrit dans le contexte international de la guerre
    14-18. Ils profitent de la guerre pour ne pas être dérangés par des
    interventions diplomatiques susceptibles de les empêcher de mener
    a bien leurs opérations de nettoyage des régions arméniennes et
    par les menaces russes de conquête du territoire turc. Â" Dans ces
    conditions, comme le disait Enver Pacha au consul américain, Â" on
    ne peut pas se permettre un attaque dans le dos Â", c'est-a-dire en
    Anatolie orientale Â" (Fuat Dundar). Les Â" jeunes turcs Â" répondent
    aussi aux menaces extérieures (Dardanelles en 1915, attaques russes
    dans le Caucase) pour se recentrer sur l'Anatolie et Â" renforcer son
    caractère musulman et turc, en modifiant la population des régions
    majoritairement turque et musulmane Â" écrit Fuat Dundar.

    La construction d'une nation explique le massacre de masse d'un
    peuple. Â" Sous couvert de la guerre, les dirigeant turcs décidèrent
    d'éliminer leur Â" problème arménien Â" parce qu'ils considéraient
    que les Arméniens constituaient un élément irrémédiablement non
    turc qui présentait une menace sécessionniste. Les Turcs brandirent
    l'accusation, flagrante de fausseté, que les Arméniens, durant la
    Grande Guerre, s'étaient révoltés contre la Turquie et avaient
    soutenu l'ennemi russe ; ils s'en servirent pour les Â" déporter
    Â", c'est-a-dire les ramasser et les concentrer, non sans massacrer
    rapidement les hommes en âge de porter les armes, avant qu'ils
    eussent organisé le départ a pied des populations arméniennes -
    ou juste après. Dans un rapport contemporain, le consul américain
    a Kharpert explique ce que tout le monde comprenait derrière le mot
    de déportation et ce que les Turcs firent des hommes arméniens : Â"
    s'il s'était simplement agi d'être obligé de quitter le lieu où
    l'on se trouve pour aller quelque part ailleurs, cela n'aurait pas
    été si terrible, mais tout le monde savait qu'il s'agissait d'aller
    vers sa propre mort...Il semble que le système qui est mis en Å"uvre
    consiste a poster des bandes kurdes qui les attendent sur les routes,
    pour tuer tout particulièrement les hommes, et éventuellement
    certains des autres marcheurs. La manÅ"uvre tout entière semble
    conduite au massacre le plus parfaitement organisé et le plus
    épouvantable jamais commis dans ce pays Â" (Goldhagen, p. 53).

    Il est a noter que les Arméniens d'Istanbul n'ont pas fait l'objet
    d'une extermination (pour rester discret ? ou minorité mieux
    intégrée ?). Fuat Dundar explique que Â" pour Istanbul et Edirne
    les autorités craignaient d'avoir a expliquer au monde civilisé la
    déportation de populations vivant en terre européenne Â".

    Une Turquie plus pluraliste n'était pas la vision des dirigeants
    politiques. Â" Comme l'élimination de masse des Arméniens, de
    nombreux autres meurtres de masse de notre temps se déroulant sur
    un territoire national découlent de la conviction de ceux qui les
    ont perpétrés que la tuerie de masse est un moyen raisonnable pour
    détruire une opposition politique, pour prévenir une sécession ou
    pour sauvegarder leur pouvoir pour leur existence Â" note D.Goldhagen
    (p.55). Elle rejoint les motivations différentes de la population
    turque dont certains basculent dans l'acte de massacrer ou de fermer
    les yeux...

    En effet, cette politique est réalisée avec l'accord d'une partie de
    la population turque dont les 30 000 Turcs dans les unités spéciales,
    d'autres dans l'armée (Â" Ali Ihsan commandant de la 6e armée de
    Mossoul, qui a étudié en Allemagne et parlait parfaitement allemand,
    a déclaré en d'innombrables occasions en présence d'Allemands
    qu'il ne laisserait pas un seul Arménien en vie dans sa zone de
    commandement.

    Il prenait plaisir a dire aux officiers allemands qu'il avait tué des
    Arméniens de ses propres mains Â" (Taner Akcam, p. 256)), les forces
    de police et des attaques spontanées de la part des populations locale
    Â" selon l'historien Fuat Dundar. Les Â" massacreurs Â" selon Goldhagen
    sont nourris de préjugés et de haines anciennes, d'inquiétudes,
    exaspérés par le désir des Arméniens d'une plus grande autonomie
    politique, souhaitent renforcer le caractère musulman et turc du
    cÅ"ur de la Turquie anatolienne et sont susceptibles de confisquer
    aussi les biens arméniens dans ces régions de l'Anatolie sujettes
    selon eux a une moindre obéissance aux gouvernements. Les désirs des
    dirigeants se conjuguent avec ceux d'une partie de la population civile
    pour réaliser cette politique Â" éliminationniste Â" pour reprendre
    le terme et les idées de Daniel Goldhagen dans son ouvrage Pire que
    la Guerre, massacre et génocide au XXe siècle. "Talat n'eut aucun
    mal a mobiliser les conceptions éliminationnistes anti arméniennes
    préexistantes chez de nombreux Turcs Â" (Goldhagen, p. 97). Mais ce
    meurtre est réalisé parce que des dirigeants politiques l'ont voulu
    et ont ainsi pu activer une partie de la population. Â" Avant que
    Talat ne prît le pouvoir en Turquie, les Turcs haïssaient largement
    les Arméniens et ils avaient même été mobilisés par deux fois
    au cours des décennies précédentes pour des orgies de massacre
    de masse. Cependant, le gouvernement qui précéda Talat ne choisit
    pas de provoquer l'élimination totale des Arméniens, et il ne se
    produisit donc aucun programme de meurtre de masse et d'expulsion a
    l'échelle nationale alors que c'eÃ"t été chose aisée. Ce fut la
    décision de Talat et d'Enver que de mettre en route un meurtre de
    masse et une élimination complète Â" écrit D.Goldhagen. Le rôle
    des dirigeants est analysé avec soin par Taner Akcam, notamment dans
    les pages 167 et suivantes.

    D.Goldhagen cite un document de décembre 1914 ou janvier 1915 fruit
    d'une réflexion de 5 membres du gouvernement turc dont Talat.

    Â" -1° En s'autorisant des articles 3 et 4 du CUP, interdire toutes
    les associations arméniennes, arrêter ceux des Arméniens qui ont,
    a quelque moment que ce soit, travaillé contre le gouvernement,
    les reléguer dans les provinces, comme Bagdad ou Mossoul, et les
    éliminer en route ou a destination.

    2° Confisquer les armes.

    3° Exciter l'opinion musulmane par des moyens appropriés et adaptés
    dans des districts comme Van, Erzeroum ou Adana où il est de fait
    que les Arméniens se sont déja acquis la haine des musulmans,
    et provoquer des massacres organisés, comme firent les Russes a Bakou.

    4° S'en remettre pour ce faire a la population dans les provinces
    comme Erzeroum, Van, Mamouret-ul Aziz et Bitlis et n'y utiliser les
    forces militaires de l'ordre (comme la gendarmerie) qu'ostensiblement
    pour arrêter les massacres ; faire au contraire intervenir ces mêmes
    forces pour aider activement les musulmans dans des conscriptions
    comme Adana, Sivas, Brousse, Ismit et Smyrne.

    5° Prendre des mesures pour exterminer tous les mâles au-dessous
    de 50 ans, les prêtres et les maîtres d'école ; permettre la
    conversion a l'Islam des jeunes filles et des enfants.

    6° Déporter les familles de ceux qui auraient réussi a s'échapper
    et faire en sorte de les couper de tout lien avec leur pays natal.

    7° En alléguant que les fonctionnaires arméniens peuvent être
    des espions, les révoquer et les exclure absolument de tout poste
    ou service relevant de l'administration de l'Ã~Itat.

    8° Faire exterminer tous les Arméniens qui se trouvent dans l'armée
    de la facon qui conviendra, ceci devant être confié aux militaires.

    9° Démarrer l'opération partout au même instant afin de ne pas
    laisser le temps de prendre des mesures défensives.

    10° Veiller a la nature strictement confidentielle de ces instructions
    qui ne doivent pas être connues par plus de deux ou trois personnes.

    â~Y¦â~Y¦â~Y¦

    D. Jonah Goldhagen - Fuat Dundar et Tanek Akcam.

    Pour construire cette recherche, j'ai utilisé les propos de trois
    historiens. Aussi, voici quelques lignes sur ces derniers et leurs
    idées. J'engage ceux qui le souhaitent a lire les ouvrages. Il me
    semble d'ailleurs que pour la construction d'un cours la lecture
    d'ouvrages récents est nécessaire. On ne peut pas rester uniquement
    sur la description d'un fait (par exemple, les Arméniens ont
    subi un génocide) : il faut lui donner du sens (signification de
    génocide, des raisons, pourquoi massacrer, qui...) ce qui rejoint la
    compétence C5.4 : "faire preuve de sensibilité d'esprit critique,
    de curiosité". Bien sÃ"r, entre le niveau lycée et collège le
    sens critique est plus ou moins fouillé...Prendre 1 heure sur le
    génocide arménien est important pour avoir une première approche
    du mot génocide, mais aussi lancer l'idée d'un continuum de massacre
    pendant tout le 20e siècle et réfléchir sur les motivations que nous
    reverrons lors de l'étude du génocide provoqué par les Allemands
    nazis en étudiant quatre personnes.

    D.J.Goldhagen insiste sur le lien entre autorité politique et
    population sans que les motivations des uns et des autres soient
    les mêmes. Â" De la le paradoxe qui confond tant de gens : sans
    l'autorité de leurs dirigeants politiques, la majorité écrasante
    des tueurs ne lèverait pas le petit doigt pour commencer des actes de
    désolation, mais une fois mis en mouvement - et en règle générale,
    il suffit de quelques mots d'encouragement et d'autorisation - ils
    s'empressent, tous autant qu'ils sont, a savoir les troupes de choc
    des régimes éliminationnistes et les membres ordinaires de leur
    société (...), de ses vouer, corps et âme, a l'Å"uvre de mort Â"
    (D. Goldhagen, p. 272).

    Daniel Jonah Goldhagen considèrent que Â" le meurtre de masse est
    un acte politique Â" (p. 310). Â" La politique éliminationniste,
    comme la politique de guerre, est une politique constituée d'actes
    délibérés, effectués pour atteindre des résultats politiques,
    souvent a des fins ultimes et souvent par désir de redistribution
    du pouvoir Â" (p. 316).

    Par politique éliminationniste, D.Goldhagen rassemble les cinq
    principales formes d'élimination : Â" transformation, répression,
    expulsion, interdiction de reproduction ou extermination Â" (p. 26
    et suivantes pour comprendre les définitions de ces mots). Par
    ce concept créé par l'auteur, ce dernier veut montrer l'ampleur
    récurrente des politiques cherchant a éliminer par ces différents
    moyens des populations sur tous les continents depuis le début du
    XXe siècle (point de départ temporel de son étude). Pour l'auteur,
    la suppression totale d'un peuple (génocide) n'est qu'une partie
    de la politique éliminationniste menée par les Allemands. Je
    cite l'auteur : Â" on se méprend même largement sur l'Holocauste
    lui-même : ce ne fut pas un événement meurtrier isolé, mais une
    partie d'une attaque éliminationniste a large échelle des Allemands
    contre les Juifs pour laquelle les Allemands utilisèrent et même
    expérimentèrent une grande variété de moyens éliminationistes. Le
    programme systématique d'extermination de masse des Allemands,
    qui lancé en 1941, devait prendre fin en 1945, ne fut pas de le
    début d'un génocide, mais plutôt le point culminant de l'attaque
    éliminationniste déja intensive que les Allemands avaient menée
    contre les Juifs durant les années 1930 et qui permit l'élimination
    des deux tiers des Juifs d'Allemagne au sens strict avant même
    que les Allemands n'aient remplacé un ensemble de politiques
    éliminationnistes - expulsion, ségrégation, répression et tueries
    épisodiques - par la politique éliminationniste la plus mortelle
    et finale, l'annihilation totale Â" (p. 42). Pour l'auteur, Â" il
    serait trompeur d'isoler le génocide comme un phénomène distinct Â"
    (p. 43). Toutefois, D.Goldhagen considère que Â" les meurtres de masse
    des Allemands peuvent cependant être vus comme emblématiques des
    massacres de masse de notre temps. Même si la totalité des meurtres
    ne peut pas être imputée aux Allemands, ils furent les tueurs les
    plus omnivores de notre époque, exterminant une variété inouïe
    de victimes.

    Comme ils se sont assuré la conquête des principales zones où
    ils avaient projeté leur politique de destruction, ce sont eux qui
    ont tué le plus de gens en moyenne par année de tous les régimes
    meurtriers de masse. Enfin, les Allemands ont décliné presque la
    totalité des aspects de l'élimination de masse et de sa variante
    annihilationniste.

    [...] C'est par ailleurs l'aspect par lequel l'Holocauste est
    réellement singulier qui justifie que l'on considère les massacres
    des Allemands comme le moment annihilationniste de masse emblématique
    de notre temps et ceux qui les ont perpétrés de la sorte comme les
    meurtriers de masse emblématiques : je veux parler de la volonté
    sans équivalent de tuer tous les Juifs, jusqu'aux enfants, et non
    pas seulement dans leur propre pays, mais aussi dans les autres et
    pour finir dans le monde entier Â" (pp. 66-67).

    Fuat Dundar exprime un point de vue différent avec l'historien
    Taner Akcam a propos du génocide arménien. Il l'explique lui-même
    dans l'interview accordée a la revue Histoire : Â" J'ai quelques
    divergences avec Taner Akcam. Selon moi, il n'y a pas eu une décision
    de massacre bien antérieure aux faits : je pense, je vous l'ai dit,
    que le massacre a été le produit des circonstances ; la conséquence
    d'une évolution graduelle des événements, comme l'a vu aussi
    Donald Bloxham.

    S'il n'y avait pas eu de déportation en février 1915 a Zeytoun,
    il n'y aurait pas eu non plus de réaction des Arméniens a Van et
    a Istanbul.

    S'il n'y avait pas eu la défaite de l'armée ottomane face aux
    troupes russes lors de l'offensive menée entre le lac de Van et
    Ourmiya, la résistance-rébellion de Van n'aurait pas eu lieu. Si
    Van n'était pas tombé aux mains des Russes grâce a cette révolte,
    les massacres de masse n'auraient pas eu lieu...

    Deuxième point de divergence avec Taner Akcam : je ne pense pas que
    le gouvernement a ordonné les massacres mais plutôt qu'il a aidé
    les bourreaux ; en quelque sorte, il a eu pour mission d'assurer la
    logistique. Pour autant, la déportation n'était ni un prétexte
    ni un aspect secondaire, mais une décision meurtrière. Pour
    les Jeunes-Turcs, le danger n'était pas l'arménité mais les
    déséquilibres démographiques. C'est pourquoi je défends que la
    politique de turquification du CUP était - avant tout - une opération
    statistique et mathématique. L'arménophobie s'est développée non
    pas avant mais après le massacre. Le nationalisme turc ne précède
    pas le nationalisme arménien. Â"

    â~Y¦â~Y¦â~Y¦

    Le génocide arménien : chiffre et définition officielle.

    Leur existence étant menacé par ce groupe Â" différent Â", les
    massacreurs en viennent a refuser aux Arméniens toute valeur humaine.

    On estime a 1 million de victimes soit un Arménien sur deux
    massacrés.

    Le massacre cesse lorsque le centre de l'Anatolie est vidé des
    Arméniens. Par contre il reprend en 1918 lorsque les Russes perdent
    l'Arménie russe... Soulignons aussi que des massacres des Arméniens
    et des Grecs avaient déja eu lieu dans les années 1890.

    Le terme génocide est défini comme : destruction méthodique
    d'un groupe humain auquel est reconnue une différence ethnique
    ou prétendument raciale. L'extermination est perpétuée par des
    personnes privées, des fonctionnaires ou des hommes d'Etat.

    En 1948, l'ONU signe la "Convention pour la prévention et la
    répression du crime de génocide". L'article II précise : "le
    génocide s'entend de l'un quelconque des actes ci-après, commis dans
    l'intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national,
    ethnique, racial ou religieux, comme tel : a) meurtre de membres du
    groupe ; b) atteinte a l'intégrité physique ou mentale de membres
    du groupe ; c) soumission intentionnelle du groupe a des conditions
    d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou
    partielle. d) mesures visant a entraver les naissances au sein du
    groupe. e) transfert forcé d'enfants du groupe a un autre groupe."

    (http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMDictionnaire?iddictionnaire=1623)

    Pour Daniel Goldhagen le concept d'éliminationnisme permet
    d'évoquer toutes les formes de destruction pour supprimer des
    individus depuis Â" l'expulsion, la ségrégation, la répression et
    les tueries épisodiques jusqu'a la destruction massive d'un peuple
    (génocide). Ce concept permet de prendre en compte les raisons
    politiques et économiques qui aboutissent par différents moyens
    (déportation, camps...) a détruire des peuples. Ces raisons ne
    se retrouvent pas dans la définition de génocide de 1948. (voir
    chapitre 1 pp. 26 et suivantes de Goldhagen).

    Aussi l'auteur intègre les destructions commises par Lénine,
    Staline ou encore Mao. De plus les massacres coloniales par les
    Européens ou encore Hiroshima sont inclus dans ce concept. Du coup,
    l'auteur insiste sur le fait que ce sont les massacres des peuples qui
    scandent l'histoire du 20e siècle. (voir les pp. 275 et suivantes sur
    les critiques émises par Goldhagen sur la définition de génocide).

    Pour conclure, cette interrogation doit nous faire réfléchir :
    Â" Qui après tout parle encore aujourd'hui de l'extermination des
    Arméniens ?

    Adolf Hitler en 1939 a la veille de l'attaque contre la Pologne et au
    moment de lancer son programme pour éliminer les malades mentaux Â"
    (cité par D.Goldhagen).

    Nota CVAN :

    Fuat Dundar, ancien publicitaire de Turquie reconverti dans
    la recherche historique en France, a la particularité d'avoir
    bénéficié, au cours de ses études, de l'aide et des conseils
    de l'historien Raymond H. Kévorkian, tout comme ceux de Hamit
    Bozarslan qui a dirigé sa thèse de doctorat en Histoire. Celle-ci,
    intitulée Â" L'ingénierie ethnique du Comité Union et Progrès
    et la turcisation de l'Anatolie (1913-1918) Â" a été soutenue le
    22-12-2006 a l'EHESS.

    Fuat Dundar a été l'un des pionniers en France du concept très
    pertinent et très novateur d'ingénierie démographique. Le jeune
    chercheur a peut-être estimé par la suite - et c'est son droit -
    qu'il favoriserait davantage sa carrière en donnant des gages a ceux
    qui nient ou minimisent le génocide arménien... Le numéro de la
    Revue Histoire dont s'est inspiré l'enseignant qui vient de mettre
    en ligne ce cours sur le génocide arménien, avait suscité en 2009
    de nombreuses réactions dont celle d'Ara Toranian sur Armenews .

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    Source/Lien : L'Académie de Dijon




    From: A. Papazian
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