MEME PAS UN CRIME CONTRE L'HUMANITE ?
Stephane
armenews.com
mercredi 21 novembre 2012
Ne peut-on reprendre la qualification des incidents qui se sont
produits au cours de la deportation des Armeniens, telle qu'elle etait
faite en 1919 ? "Il n'y a rien eu dans notre histoire qui ressemble
a un genocide. Il nous est impossible de le reconnaître". Cette
declaration a ete repetee par le premier ministre a la suite de
l'approbation par le Parlement francais d'une loi relative aux
Armeniens. Cette position officielle suggère d'une part : "Ouvrons
nos archives et laissons les historiens decider", et d'autre part,
"cela n'est jamais arrive". La notion de genocide n'existait pas en
1915. A la place, le terme " crime contre l'humanite" a ete employe
pour la première fois dans le monde en 1915. Le 24 mai 1915, la France,
le Royaume-Uni et la Russie qui etaient en guerre contre l'Empire
Ottoman firent une declaration commune : "depuis a present un mois,
les populations turques et kurdes d'Armenie massacrent les Armeniens
ensemble et souvent avec l'assistance des agents du Gouvernement
Ottoman. De tels massacres ont eu lieu autour de la mi-avril a
Erzeroum, Teran, Egin, Bitlis, Mouch, Sassoun, Zeitoun, et a travers
la Cilicie. La population entière de près de 100 villages autour de
Van a ete assassinee. Le quartier armenien de Van est assiege par les
Kurdes. En outre, le Gouvernement Ottoman a fait subir a Istanbul des
mauvais traitements a la population armenienne inoffensive. Au regard
de ces nouveaux crimes que la Turquie commet contre l'humanite et la
civilisation, les Etats Allies declarent publiquement a la Sublime
Porte [Bab-i Ali] que tous les membres du Gouvernement Ottoman et
ceux de ses agents qui sont impliques dans ces massacres seront tenus
personnellement responsables de ces crimes". En reponse a cela, le 27
mai, le gouvernement Union et Progrès [Ittiyat ve Terakki] vota la loi
de Deplacement et Installation [Sevk ve Iskan], et ecrivit une reponse
le 4 juin a la declaration. La reponse soutenait que "les mesures
n'etaient en aucune facon contre les Armeniens, que les Armeniens
n'avaient en rien trouble l'ordre public, et que les Armeniens ne
faisaient l'objet d'aucune mesure generale d'aucune sorte ! ". En
d'autres termes, le gouvernement Union et Progrès ne disait nullement
le 4 juin, que les "Armeniens nous ont poignardes dans le dos". Il
avait cependant commence a s'interesser de près aux biens abandonnes
suivant le protocole du 30 mai du Conseil Ottoman des Ministres
[Meclis-i Vukela] et l'ordonnance du 30 mai. La loi de deportation
contre les Armeniens ottomans, en d'autres termes, la decision que
le Gouvernement Ottoman avait adoptee contre ses propres citoyens et
mise en pratique de facon sanglante amena pour la première fois de la
notion de "crime contre l'humanite" pour la première fois. Avant cela,
la Convention de la Haye qui avait ete ratifiee en 1907 comporte le
terme "crime de guerre". Plus tard, le terme "crime contre l'humanite"
a ete defini la première fois dans les statuts constitutifs des procès
de Nuremberg comme actes de massacre, annihilation, soumission a
l'esclavage, deportation... et avait ete defini une nouvelle fois en
detail dans l'article 7 du Traite de Rome, qui etablissait la Cour
Penale Internationale. En decembre 1918, des tribunaux de guerre
[Divan-i Harbi Orfi] commencèrent a etre installes dans l'Empire
Ottoman pour enqueter directement sur les crimes du genocide des
Armeniens. Certains protocoles et decisions de ces tribunaux ont
ete relates dans les journaux de l'epoque. Ceux-ci ont ete recemment
compiles et publies par Vahakn Dadrian et Taner Akcam (Deportations
et Assassinats, minutes des Tribunaux de Guerre, Publications de
l'Universite Bilgi, 2008). Les qualifications des procureurs dans
les audiences du tribunal principal contre l'Union et Progrès ne
permettent pas l'emploi de l'argument " de tels incidents ne ses ont
jamais produits dans notre histoire". Dans le cas le plus important,
les faits sont decrits de la facon suivante : "massacre, pillage de
biens et d'argent, incendie de constructions et de personnes, viols,
torture, et harcèlement indecent..." Le meme constat apparaît dans
beaucoup de jugements : "comme c'est le premier devoir des agents
de l'etat, les preceptes de notre Saint Islam et des lois et decrets
ottomans nous stipulent que l'honneur et la personne des citoyens de
toutes les nations sans discrimination doivent etre proteges contre les
menaces et les violations..." Par exemple, l'accusation contre Kemal,
le Gouverneur du District de Bogazliyan est très clair : "en infraction
avec le droit des personnes, depouille de leur argent et de leurs
valeurs toutes les personnes qui constituaient les convois d'Armeniens
emigres par la force, y compris les femmes et petits enfants et jeunes
filles sans defense, au mepris des exceptions prevues dans les ordres
officiels..." et "permettant que soient perpetrees des atrocites
premeditees et commises en attachant les mains des hommes les privant
de la sorte de leur droit de se defendre eux-memes". Les decisions
du tribunal de Yozgat comportent les compte rendus de temoins et des
documents qui confirment au-dela du doute qu' "il a cause le pillage
et le depouillement et des assassinats qui sont en rupture avec les
valeurs de l'humanite et de la civilisation et qui sont consideres
comme des crimes majeurs en regard des lois de l'Islam". En outre,
le jugement enonce : "il est etabli que l'accuse estime naturel et
necessaire que tous les Musulmans fassent des massacres contre la
nation armenienne. Le gouverneur de district de Bagazliyan qui a ete
execute pour ces crimes a ete declare par la suite heros national ! Ne
peut-on reprendre la qualification des incidents qui se sont produits
au cours de la deportation des Armeniens, telle qu'elle etait en 1919
? Cela non plus ne se serait-il pas passe au cours de notre histoire ?
Traduction Gilbert Beguian
mercredi 21 novembre 2012, Stephane ©armenews.com
From: A. Papazian
Stephane
armenews.com
mercredi 21 novembre 2012
Ne peut-on reprendre la qualification des incidents qui se sont
produits au cours de la deportation des Armeniens, telle qu'elle etait
faite en 1919 ? "Il n'y a rien eu dans notre histoire qui ressemble
a un genocide. Il nous est impossible de le reconnaître". Cette
declaration a ete repetee par le premier ministre a la suite de
l'approbation par le Parlement francais d'une loi relative aux
Armeniens. Cette position officielle suggère d'une part : "Ouvrons
nos archives et laissons les historiens decider", et d'autre part,
"cela n'est jamais arrive". La notion de genocide n'existait pas en
1915. A la place, le terme " crime contre l'humanite" a ete employe
pour la première fois dans le monde en 1915. Le 24 mai 1915, la France,
le Royaume-Uni et la Russie qui etaient en guerre contre l'Empire
Ottoman firent une declaration commune : "depuis a present un mois,
les populations turques et kurdes d'Armenie massacrent les Armeniens
ensemble et souvent avec l'assistance des agents du Gouvernement
Ottoman. De tels massacres ont eu lieu autour de la mi-avril a
Erzeroum, Teran, Egin, Bitlis, Mouch, Sassoun, Zeitoun, et a travers
la Cilicie. La population entière de près de 100 villages autour de
Van a ete assassinee. Le quartier armenien de Van est assiege par les
Kurdes. En outre, le Gouvernement Ottoman a fait subir a Istanbul des
mauvais traitements a la population armenienne inoffensive. Au regard
de ces nouveaux crimes que la Turquie commet contre l'humanite et la
civilisation, les Etats Allies declarent publiquement a la Sublime
Porte [Bab-i Ali] que tous les membres du Gouvernement Ottoman et
ceux de ses agents qui sont impliques dans ces massacres seront tenus
personnellement responsables de ces crimes". En reponse a cela, le 27
mai, le gouvernement Union et Progrès [Ittiyat ve Terakki] vota la loi
de Deplacement et Installation [Sevk ve Iskan], et ecrivit une reponse
le 4 juin a la declaration. La reponse soutenait que "les mesures
n'etaient en aucune facon contre les Armeniens, que les Armeniens
n'avaient en rien trouble l'ordre public, et que les Armeniens ne
faisaient l'objet d'aucune mesure generale d'aucune sorte ! ". En
d'autres termes, le gouvernement Union et Progrès ne disait nullement
le 4 juin, que les "Armeniens nous ont poignardes dans le dos". Il
avait cependant commence a s'interesser de près aux biens abandonnes
suivant le protocole du 30 mai du Conseil Ottoman des Ministres
[Meclis-i Vukela] et l'ordonnance du 30 mai. La loi de deportation
contre les Armeniens ottomans, en d'autres termes, la decision que
le Gouvernement Ottoman avait adoptee contre ses propres citoyens et
mise en pratique de facon sanglante amena pour la première fois de la
notion de "crime contre l'humanite" pour la première fois. Avant cela,
la Convention de la Haye qui avait ete ratifiee en 1907 comporte le
terme "crime de guerre". Plus tard, le terme "crime contre l'humanite"
a ete defini la première fois dans les statuts constitutifs des procès
de Nuremberg comme actes de massacre, annihilation, soumission a
l'esclavage, deportation... et avait ete defini une nouvelle fois en
detail dans l'article 7 du Traite de Rome, qui etablissait la Cour
Penale Internationale. En decembre 1918, des tribunaux de guerre
[Divan-i Harbi Orfi] commencèrent a etre installes dans l'Empire
Ottoman pour enqueter directement sur les crimes du genocide des
Armeniens. Certains protocoles et decisions de ces tribunaux ont
ete relates dans les journaux de l'epoque. Ceux-ci ont ete recemment
compiles et publies par Vahakn Dadrian et Taner Akcam (Deportations
et Assassinats, minutes des Tribunaux de Guerre, Publications de
l'Universite Bilgi, 2008). Les qualifications des procureurs dans
les audiences du tribunal principal contre l'Union et Progrès ne
permettent pas l'emploi de l'argument " de tels incidents ne ses ont
jamais produits dans notre histoire". Dans le cas le plus important,
les faits sont decrits de la facon suivante : "massacre, pillage de
biens et d'argent, incendie de constructions et de personnes, viols,
torture, et harcèlement indecent..." Le meme constat apparaît dans
beaucoup de jugements : "comme c'est le premier devoir des agents
de l'etat, les preceptes de notre Saint Islam et des lois et decrets
ottomans nous stipulent que l'honneur et la personne des citoyens de
toutes les nations sans discrimination doivent etre proteges contre les
menaces et les violations..." Par exemple, l'accusation contre Kemal,
le Gouverneur du District de Bogazliyan est très clair : "en infraction
avec le droit des personnes, depouille de leur argent et de leurs
valeurs toutes les personnes qui constituaient les convois d'Armeniens
emigres par la force, y compris les femmes et petits enfants et jeunes
filles sans defense, au mepris des exceptions prevues dans les ordres
officiels..." et "permettant que soient perpetrees des atrocites
premeditees et commises en attachant les mains des hommes les privant
de la sorte de leur droit de se defendre eux-memes". Les decisions
du tribunal de Yozgat comportent les compte rendus de temoins et des
documents qui confirment au-dela du doute qu' "il a cause le pillage
et le depouillement et des assassinats qui sont en rupture avec les
valeurs de l'humanite et de la civilisation et qui sont consideres
comme des crimes majeurs en regard des lois de l'Islam". En outre,
le jugement enonce : "il est etabli que l'accuse estime naturel et
necessaire que tous les Musulmans fassent des massacres contre la
nation armenienne. Le gouverneur de district de Bagazliyan qui a ete
execute pour ces crimes a ete declare par la suite heros national ! Ne
peut-on reprendre la qualification des incidents qui se sont produits
au cours de la deportation des Armeniens, telle qu'elle etait en 1919
? Cela non plus ne se serait-il pas passe au cours de notre histoire ?
Traduction Gilbert Beguian
mercredi 21 novembre 2012, Stephane ©armenews.com
From: A. Papazian