Le Monde.fr
Vendredi 29 Mars 2013
Le Haut-Karabakh veut sa liaison aérienne avec l'Arménie
Plusieurs fois reporté à la suite de pressions diplomatiques
internationales, le premier vol entre le Haut-Karabakh et Erevan, la
capitale arménienne, pourrait avoir lieu ce printemps. De passage à
Paris, jeudi 28 mars, Arayik Haroutiounian le "premier ministre" de
cette République autoproclamée située en Azerbaïdjan, non reconnue sur
le plan international, l'a confirmé au Monde. "On a fini de construire
l'aéroport il y a cinq ou six mois, dit-il. Il y aura des vols à 100
%. La date n'a pas été fixée car il y a encore quelques détails
techniques à régler. Il faut aborder cette question d'un point de vue
humain, et pas politique. Les gens ont le droit de circuler par voie
terrestre et aérienne."
Près de vingt ans après la fin de la guerre contre l'Azerbaïdjan, ce
territoire enclavé et sous-développé veut ainsi lutter contre son
isolement. La principale voie de communication entre l'Arménie et le
Haut-Karabakh est une longue route sinueuse, très montagneuse par
endroits, difficile à emprunter l'hiver en raison de la neige
abondante. Il faut environ huit heures, d'Erevan, pour rejoindre
Stepanakert.
Mais la géographie hostile n'explique pas le feuilleton de l'aéroport,
qui dure depuis plusieurs années. La dimension politique est
omniprésente dans cette affaire. Réélu en février, le président
arménien Serge Sarkissian, lui-même originaire du Karabakh, a promis
qu'il serait passager du premier vol. De leur côté, les autorités
azéries ont protesté vigoureusement contre toute violation éventuelle
de leur espace aérien. Elles brandissent le principe de l'intégrité
territoriale, auquel les habitants du Haut-Karabakh répondent par
celui de l'autodétermination.
"SI L'AZERBAÏDJAN OUVRAIT LE FEU, IL Y AURAIT UNE GUERRE"
Après avoir suggéré qu'ils envisageaient toutes les réponses
possibles, y compris une destruction de l'avion, les militaires azéris
ont baissé d'un ton, tandis que les Américains et les Européens
appelaient Erevan à la plus grande retenue, pour ne pas envenimer les
rapports. "Si l'Azerbaïdjan ouvrait le feu, il y aurait une nouvelle
guerre. Et ils ne peuvent utiliser leurs avions pour empêcher le vol,
car nous avons nos moyens antiaériens", affirme M.Haroutiounian.
Celui-ci souligne par ailleurs que les diplomates du groupe de Minsk
(Etats-Unis, Russie, France), médiateurs infructueux depuis vingt ans
entre les anciens belligérants, utilisent très souvent un hélicoptère
pour faire le déplacement jusqu'à Stepanakert. "Quelle différence
entre un hélicoptère et un avion ?", sourit-il.
Ancien banquier, ce responsable gé de 39 ans essaie de relativiser
l'importance accordée à cette ouverture de la liaison aérienne. Mais
il reconnaît que le calendrier n'est pas favorable à cette initiative.
"Il y a cette année des élections en Azerbaïdjan, dit-il. Ça sera plus
simple après, même s'ils continueront à réagir de façon hystérique."
Le Monde.fr
http://www.lemonde.fr/europe/article/2013/03/28/le-haut-karabakh-veut-sa-liaison-aerienne-avec-l-armenie_3149892_3214.html
Vendredi 29 Mars 2013
Le Haut-Karabakh veut sa liaison aérienne avec l'Arménie
Plusieurs fois reporté à la suite de pressions diplomatiques
internationales, le premier vol entre le Haut-Karabakh et Erevan, la
capitale arménienne, pourrait avoir lieu ce printemps. De passage à
Paris, jeudi 28 mars, Arayik Haroutiounian le "premier ministre" de
cette République autoproclamée située en Azerbaïdjan, non reconnue sur
le plan international, l'a confirmé au Monde. "On a fini de construire
l'aéroport il y a cinq ou six mois, dit-il. Il y aura des vols à 100
%. La date n'a pas été fixée car il y a encore quelques détails
techniques à régler. Il faut aborder cette question d'un point de vue
humain, et pas politique. Les gens ont le droit de circuler par voie
terrestre et aérienne."
Près de vingt ans après la fin de la guerre contre l'Azerbaïdjan, ce
territoire enclavé et sous-développé veut ainsi lutter contre son
isolement. La principale voie de communication entre l'Arménie et le
Haut-Karabakh est une longue route sinueuse, très montagneuse par
endroits, difficile à emprunter l'hiver en raison de la neige
abondante. Il faut environ huit heures, d'Erevan, pour rejoindre
Stepanakert.
Mais la géographie hostile n'explique pas le feuilleton de l'aéroport,
qui dure depuis plusieurs années. La dimension politique est
omniprésente dans cette affaire. Réélu en février, le président
arménien Serge Sarkissian, lui-même originaire du Karabakh, a promis
qu'il serait passager du premier vol. De leur côté, les autorités
azéries ont protesté vigoureusement contre toute violation éventuelle
de leur espace aérien. Elles brandissent le principe de l'intégrité
territoriale, auquel les habitants du Haut-Karabakh répondent par
celui de l'autodétermination.
"SI L'AZERBAÏDJAN OUVRAIT LE FEU, IL Y AURAIT UNE GUERRE"
Après avoir suggéré qu'ils envisageaient toutes les réponses
possibles, y compris une destruction de l'avion, les militaires azéris
ont baissé d'un ton, tandis que les Américains et les Européens
appelaient Erevan à la plus grande retenue, pour ne pas envenimer les
rapports. "Si l'Azerbaïdjan ouvrait le feu, il y aurait une nouvelle
guerre. Et ils ne peuvent utiliser leurs avions pour empêcher le vol,
car nous avons nos moyens antiaériens", affirme M.Haroutiounian.
Celui-ci souligne par ailleurs que les diplomates du groupe de Minsk
(Etats-Unis, Russie, France), médiateurs infructueux depuis vingt ans
entre les anciens belligérants, utilisent très souvent un hélicoptère
pour faire le déplacement jusqu'à Stepanakert. "Quelle différence
entre un hélicoptère et un avion ?", sourit-il.
Ancien banquier, ce responsable gé de 39 ans essaie de relativiser
l'importance accordée à cette ouverture de la liaison aérienne. Mais
il reconnaît que le calendrier n'est pas favorable à cette initiative.
"Il y a cette année des élections en Azerbaïdjan, dit-il. Ça sera plus
simple après, même s'ils continueront à réagir de façon hystérique."
Le Monde.fr
http://www.lemonde.fr/europe/article/2013/03/28/le-haut-karabakh-veut-sa-liaison-aerienne-avec-l-armenie_3149892_3214.html