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REVUE DE PRESSE
De l'Ararat à Jérusalem : Les politiques de la commémoration
Le Huffington Post
Charlotte Bruneau
Journaliste et documentariste basée à Beyrouth
GÉNOCIDE ARMÉNIEN - Ce mercredi 24 avril, les arméniens à travers le
monde commémorent la `Grande Catastrophe`, le génocide de 1915-1916
commis par le régime des Jeunes Turcs alors à la tête de l'Empire
Ottoman. Après le massacre d'un million et demi d'arméniens et la
déportation de centaines de milliers d'autres, la population
arménienne de Turquie fut quasiment éradiquée.
Pourtant, au musée de la Guerre d'Indépendance à Ankara, la petite
salle consacrée aux arméniens contient surtout des photographies de
cadavres turcs abandonnés par les miliciens arméniens de l'époque. Pas
un mot sur les massacres, pas un mot sur une quelconque violence
ottomane. Comme cette négation du génocide tche quelque peu l'image
d'une Turquie se voulant moderne et démocratique, la majorité des
nations à travers le monde font semblant d'avoir oublié.
L'Allemagne fait partie des pays européens à ne pas avoir reconnu le
génocide, préférant parler de `simples` massacres. Que cela soit dû au
poids de la diaspora turque d'Allemagne ou bien à la volonté de ces
deux anciens empires de conserver de bonnes relations diplomatiques,
la position de Berlin semble quelque peu déplacée. En effet, ses
livres scolaires débordent d'une honte historique qu'on inculque à
chaque élève avec une telle patience et précision que le passé nazi
allemand est devenu une véritable obsession nationale. Ne pas
reconnaître le génocide des arméniens est d'autant plus bizarre que
l'on tend habituellement à reconnaître les erreurs du voisin avant les
siennes.
Israël, née d'un mélange de culpabilité et de tradition coloniale
européenne, devint, quant à elle, une spécialiste des politiques de la
commémoration : martyre à tout jamais, elle inculque à ses élèves
surtout la peur de l'annihilation. Le repentir, spécialité apparemment
réservée aux Allemands, ne s'applique donc pas au peuple hébreu qui
est pourtant au courant de la souffrance des palestiniens sous
occupation israélienne. Alors que certains représentants religieux et
politiques en Israël seraient enclins à reconnaître le génocide des
arméniens, la `ghettoisation` de la Palestine et l'extermination à
petit feu de ses habitants musulmans ne sont que mensonges,
diront-ils.
Ainsi, parmi les peuples aujourd'hui présents au Proche-Orient et dont
l'identité à été forgée par le martyre collectif, les Palestiniens
semblent s'en tirer le plus mal : ni reconnaissance, ni patrie. Les
juifs, en plus d'une pitié éternelle, eurent droit à un État au bord
de la mer. Quant aux Arméniens, leur génocide est reconnu par quelques
nations tandis qu'ils réussirent à fonder une demie République, sur la
partie autrefois russe de l'Arménie historique. Mais au grand dam de
ses habitants, le précieux mont Ararat reste du côté turc de la
frontière...
Jérusalem, cet autre lieu saint des religions abrahamiques, reste
également inaccessible pour de nombreux chrétiens de la région,
rappelle le père Berberian, représentant de la communauté arménienne
du Liban. Chaque année, celle-ci profite du jour de la commémoration
du génocide afin de faire le point sur la situation des chrétiens dans
le monde arabe. Cette année, de nombreux arméniens de Syrie seront
présents : ainsi, la plus ancienne communauté arménienne du
Proche-Orient, celle d'Alep, est en train de se démembrer. `Le boucle
est déjà bouclée`, ironise le père Berberian.`Les turques musulmans
massacrèrent les chrétiens qui en Europe tuèrent les juifs qui s'en
prirent aux musulmans de Palestine. J'espère qu'on est pas repartit
pour un tour...`.
http://www.huffingtonpost.fr/charlotte-bruneau-
/commemoration-genocide-armenien_b_3138235.html
dimanche 28 avril 2013,
Stéphane ©armenews.com
De l'Ararat à Jérusalem : Les politiques de la commémoration
Le Huffington Post
Charlotte Bruneau
Journaliste et documentariste basée à Beyrouth
GÉNOCIDE ARMÉNIEN - Ce mercredi 24 avril, les arméniens à travers le
monde commémorent la `Grande Catastrophe`, le génocide de 1915-1916
commis par le régime des Jeunes Turcs alors à la tête de l'Empire
Ottoman. Après le massacre d'un million et demi d'arméniens et la
déportation de centaines de milliers d'autres, la population
arménienne de Turquie fut quasiment éradiquée.
Pourtant, au musée de la Guerre d'Indépendance à Ankara, la petite
salle consacrée aux arméniens contient surtout des photographies de
cadavres turcs abandonnés par les miliciens arméniens de l'époque. Pas
un mot sur les massacres, pas un mot sur une quelconque violence
ottomane. Comme cette négation du génocide tche quelque peu l'image
d'une Turquie se voulant moderne et démocratique, la majorité des
nations à travers le monde font semblant d'avoir oublié.
L'Allemagne fait partie des pays européens à ne pas avoir reconnu le
génocide, préférant parler de `simples` massacres. Que cela soit dû au
poids de la diaspora turque d'Allemagne ou bien à la volonté de ces
deux anciens empires de conserver de bonnes relations diplomatiques,
la position de Berlin semble quelque peu déplacée. En effet, ses
livres scolaires débordent d'une honte historique qu'on inculque à
chaque élève avec une telle patience et précision que le passé nazi
allemand est devenu une véritable obsession nationale. Ne pas
reconnaître le génocide des arméniens est d'autant plus bizarre que
l'on tend habituellement à reconnaître les erreurs du voisin avant les
siennes.
Israël, née d'un mélange de culpabilité et de tradition coloniale
européenne, devint, quant à elle, une spécialiste des politiques de la
commémoration : martyre à tout jamais, elle inculque à ses élèves
surtout la peur de l'annihilation. Le repentir, spécialité apparemment
réservée aux Allemands, ne s'applique donc pas au peuple hébreu qui
est pourtant au courant de la souffrance des palestiniens sous
occupation israélienne. Alors que certains représentants religieux et
politiques en Israël seraient enclins à reconnaître le génocide des
arméniens, la `ghettoisation` de la Palestine et l'extermination à
petit feu de ses habitants musulmans ne sont que mensonges,
diront-ils.
Ainsi, parmi les peuples aujourd'hui présents au Proche-Orient et dont
l'identité à été forgée par le martyre collectif, les Palestiniens
semblent s'en tirer le plus mal : ni reconnaissance, ni patrie. Les
juifs, en plus d'une pitié éternelle, eurent droit à un État au bord
de la mer. Quant aux Arméniens, leur génocide est reconnu par quelques
nations tandis qu'ils réussirent à fonder une demie République, sur la
partie autrefois russe de l'Arménie historique. Mais au grand dam de
ses habitants, le précieux mont Ararat reste du côté turc de la
frontière...
Jérusalem, cet autre lieu saint des religions abrahamiques, reste
également inaccessible pour de nombreux chrétiens de la région,
rappelle le père Berberian, représentant de la communauté arménienne
du Liban. Chaque année, celle-ci profite du jour de la commémoration
du génocide afin de faire le point sur la situation des chrétiens dans
le monde arabe. Cette année, de nombreux arméniens de Syrie seront
présents : ainsi, la plus ancienne communauté arménienne du
Proche-Orient, celle d'Alep, est en train de se démembrer. `Le boucle
est déjà bouclée`, ironise le père Berberian.`Les turques musulmans
massacrèrent les chrétiens qui en Europe tuèrent les juifs qui s'en
prirent aux musulmans de Palestine. J'espère qu'on est pas repartit
pour un tour...`.
http://www.huffingtonpost.fr/charlotte-bruneau-
/commemoration-genocide-armenien_b_3138235.html
dimanche 28 avril 2013,
Stéphane ©armenews.com