TURQUIE/ISLAMISER L'ESPACE : TAKSIM ET BODRUM, DEUX ESSAIS AVORTéS
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=74759
Publié le : 02-08-2013
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le Collectif VAN vous
propose cette analyse d'Etienne Copeaux publiée sur son blog
susam-sokak.fr le 29 juillet 2013.
Légende photo : Le vis-a-vis jugé indécent de la mosquée et du
monument de la république : Sabah présente le projet de mosquée,
15 juillet 1996. Remarquer le cordon de policiers le long du mur du
château d'eau, a gauche, et les policiers en faction tout autour du
monument. La date du cliché n'est pas précisée.
susam-sokak
Esquisse n°41 - Islamiser l'espace : Taksim et Bodrum, deux essais
avortés (1996-1997)
Lundi 29 juillet 2013
En 1996, le parti islamiste Refah marque son arrivée au pouvoir par
l'annonce de la construction d'une mosquée sur la place de Taksim.
C'est un processus d'islamisation de l'espace. Erbakan et Erdogan
veulent "parachever la conquête d'Istanbul", réalisée en 1453 et
par les élections municipales de 1994. Puis, c'est le tour d'une
chapelle médiévale de la citadelle de Bodrum. Les deux projets
avortent, mais aujourd'hui la même menace se réalise a Sainte-Sophie
de Trabzon... A quand le tour de Sainte-Sophie de Constantinople ?
Taksim n'est pas une véritable place comme en comptent les belles
villes anciennes, un espace vide bordé d'immeubles cossus, de grands
bâtiments publics, de palais. Taksim n'est pas la place Bellecour,
la place des Vosges, la place Stanislas, un lieu de repos, calme,
où l'on peut s'extraire de la ville, échapper au bruit et a la
puanteur automobiles. Taksim est avant tout un carrefour routier
dont la traversée est pénible. A part la rue piétonne Istiklal,
aucune des voies qui y mènent n'est agréable.
L'espace y est immense mais fragmenté. En venant d'Istiklal, a
peine dépassé le consulat de France, avec a main droite la grande
église orthodoxe Hagia Triada et ses deux clochers, on pénètre
d'abord sur le terre-plein du monument de la République ; a gauche,
l'ancien château d'eau qui a donné son nom a la place (Taksim, Â"
séparation Â" ou Â" partage Â"), bordé d'un long mur de pierre et,
toujours, d'un détachement de policiers. Le monument lui-même,
Å"uvre de Pietro Canonica (1928), n'est ni beau ni laid ni grandiose
1 ; mais, après le mausolée d'Ataturk a Ankara, c'est le second lieu
sacré de la république. C'est la que se font les actions de grâce,
les cérémonies réparatrices du culte républicain, c'est la que
se terminent, par un dépôt de gerbe, toutes les manifestations
autorisées. Mais pour y accéder, il faut être de ceux qui Â"
jouent le jeu Â" du pouvoir : partis de gouvernement, associations
kémalistes. Les autres n'y ont pas accès, et leurs tentatives peuvent
être réprimées avec la dernière brutalité. Ceci donne la mesure de
la transgression qu'a été l'occupation de cette place en juin 2013.
Passé ce square, on tombe sur l'axe qui débouche du boulevard de
Tarlabası et qui permet de répartir le flux de circulation venant
de la partie sud-ouest d'Istanbul vers les quartiers du Bosphore
d'une part, et les élégants quartiers nord de l'autre. C'est un
enfer de bruit. Après avoir traversé l'avenue, avant qu'il n'y ait
la une station de métro, on accédait a un espace rectangulaire
et irrespirable, une importante station d'autobus municipaux qui
attendaient la, tous moteurs tournant. A droite, l'hôtel Marmara,
tour quelconque qui domine la ville. Devant soi, le Centre culturel
Ataturk (AKM), médiocrité architecturale inaugurée en 1969. Enfin
a gauche, une volée de marches donne accès a ce fameux Gezi Parkı
(c'est-a-dire Â" Parc de la Promenade Â"), effectivement seul espace
vert du centre d'Istanbul, mais tellement étriqué, tellement
assiégé par le bruit et la puanteur, que nous allions rarement dans
cet endroit trop petit pour oublier la ville.
Place sans forme, place sans contour. Elle n'est bordée d'aucun
ensemble architectural qui la limiterait nettement. Et bien que tout
proche du Bosphore et a un point sommital, elle n'offre aucun point
de vue. On apercoit seulement la partie haute de quelques gratte-ciel
qui enlaidissent encore le lieu, comme l'immeuble dit Gökkafes,
un scandale urbanistique des années 1990.
D'ailleurs Istanbul, étrangement, est une grande ville sans place
digne de ce nom, a part la place de Beyazit, dans la ville historique,
bordée par l'Université d'Istanbul, la magnifique mosquée de Beyazit
et l'enclos des bouquinistes. Cette place-la, oui, a du caractère,
elle est conviviale, et il faisait bon y prendre un thé, le matin,
a l'ombre des grands platanes, et les samedis et dimanches s'y tenait
un immense marché informel.
Il me paraît normal que la place de Taksim ait fait l'objet de
projets de restructuration, mais il ne fallait pas faire pire que
ce qui existait. Elle était, en tant que centre convergent de la
circulation et des lignes de bus, puis de métro et du funiculaire de
Kabatas, elle a toujours été, elle est de plus en plus grouillante
de monde, un lieu d'afflux, de rendez-vous, un lieu de mélange où
l'on peut voir de tout. Le gouvernement de l'AKP a voulu en faire un
lieu de commerce pour riches, et l'aménager de sorte a rendre les
manifestations mieux contrôlables sinon impossibles.
En raison des événements, on commence a entendre parler, hors de
Turquie, des questions d'urbanisme a Istanbul. Par sympathie pour
le mouvement de juin 2013, on a idéalisé la place. Pour ceux qui
l'ont connue a cette occasion, il faut dire qu'il y a de quoi :
elle a été, certainement pour la première fois depuis l'explosion
du trafic automobile, un lieu calme, convivial, un lieu de partage,
de réflexion et d'amitié.
En outre le nom de Taksim a été chargé d'affectivité depuis des
décennies. C'était le lieu des manifestations du Premier-mai, de la
manifestation du 1er mai 1977, qui s'est terminée de facon tragique.
Un lieu mythique, un lieu de gauche d'où la gauche a été exclue
après 1977, sous prétexte de sécurité. Bien plus tard, en 2010,
la manifestation a pu se dérouler normalement sur la place, sans
incident, et de nouveau en 2011 et 2012. Puis, en 2013, elle a été
a nouveau interdite sous prétexte du chantier de rénovation, et
les tentatives de rassemblement sévèrement réprimés. C'est la
l'événement-origine du mouvement de Gezi : Taksim, lieu de gauche
interdit, est devenu un lieu a reconquérir.
Jusque dans les années soixante, la place était le centre d'un
quartier où l'on ne parlait guère turc, un quartier arméno-grec,
comportant de nombreuses églises dont la triomphale Hagia Triada. Les
parages immédiats de la place ne comptent encore aujourd'hui que
deux mosquées, toutes deux sur la rue Istiklal, dont une, entre le
consulat de France et la place, est minuscule.
C'est dire que Taksim porte des caractères qui la situent bien loin
des modes de penser de l'islam politique - ou plus généralement du
nationalisme turco-islamique. Quartier jusqu'a une époque récente peu
turc, peu musulman, parsemé d'églises, quartier plutôt de gauche,
centre républicain kémaliste par son monument, et lieu culturel Â"
moderne Â" par la présence de l'AKM avec ses concerts de musique
classique, et de la bibliothèque Ataturk, juste derrière. On peut
ajouter a cet inventaire le salon de thé de l'hôtel Marmara, un
endroit chic où aime se retrouver l'intelligentsia stambouliote, et
cible d'un attentat islamiste en décembre 1994 2. Après l'expulsion
des orthodoxes entre 1955 et 1965, le quartier de Beyoglu est devenu
un gigantesque squat, et tout Tarlabası s'est peuplé de migrants
kurdes. Mais aujourd'hui encore, tout l'oppose a la ville historique
et ses minarets, par-dela la Corne d'or.
En 1994, lors des élections municipales, le parti islamiste Refah
avait triomphé dans de nombreuses grandes villes, et, a Istanbul,
cette victoire avait été célébrée comme une nouvelle Fetih. Mais
celle-ci était encore incomplète : il fallait, du point de vue des
conservateurs, islamiser Taksim. Voici pourquoi la place de Taksim est
un point si sensible, a reconquérir par la gauche, et a conquérir
par l'islamisme national.
La mosquée de Taksim
De nos jours, parmi les grands projets du gouvernement de l'AKP
concernant le quartier, figure la construction d'une mosquée. Il
s'agit évidemment du moyen le plus efficace et le plus voyant pour
islamiser un lieu. Le projet n'est pas étonnant ; ce qui l'est, c'est
le caractère très tardif de l'entreprise, plus de dix ans après
l'arrivée au pouvoir de l'AKP. En effet, lorsque le parti islamiste
Refah arrive au pouvoir en juin 1996, c'est dès le 15 juillet 1996
que le projet de mosquée a Taksim est proposé ; ce devait être
le Â" premier sceau Â" apposé par le parti islamiste sur la ville
3. La presse laïciste s'alarme immédiatement. Hurriyet publie un
photomontage de la place avec, en silhouette, la future mosquée.
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monument de la république : Sabah présente le projet de mosquée,
15 juillet 1996. Remarquer le cordon de policiers le long du mur du
château d'eau, a gauche, et les policiers en faction tout autour du
monument. La date du cliché n'est pas précisée.
susam-sokak
Esquisse n°41 - Islamiser l'espace : Taksim et Bodrum, deux essais
avortés (1996-1997)
Lundi 29 juillet 2013
En 1996, le parti islamiste Refah marque son arrivée au pouvoir par
l'annonce de la construction d'une mosquée sur la place de Taksim.
C'est un processus d'islamisation de l'espace. Erbakan et Erdogan
veulent "parachever la conquête d'Istanbul", réalisée en 1453 et
par les élections municipales de 1994. Puis, c'est le tour d'une
chapelle médiévale de la citadelle de Bodrum. Les deux projets
avortent, mais aujourd'hui la même menace se réalise a Sainte-Sophie
de Trabzon... A quand le tour de Sainte-Sophie de Constantinople ?
Taksim n'est pas une véritable place comme en comptent les belles
villes anciennes, un espace vide bordé d'immeubles cossus, de grands
bâtiments publics, de palais. Taksim n'est pas la place Bellecour,
la place des Vosges, la place Stanislas, un lieu de repos, calme,
où l'on peut s'extraire de la ville, échapper au bruit et a la
puanteur automobiles. Taksim est avant tout un carrefour routier
dont la traversée est pénible. A part la rue piétonne Istiklal,
aucune des voies qui y mènent n'est agréable.
L'espace y est immense mais fragmenté. En venant d'Istiklal, a
peine dépassé le consulat de France, avec a main droite la grande
église orthodoxe Hagia Triada et ses deux clochers, on pénètre
d'abord sur le terre-plein du monument de la République ; a gauche,
l'ancien château d'eau qui a donné son nom a la place (Taksim, Â"
séparation Â" ou Â" partage Â"), bordé d'un long mur de pierre et,
toujours, d'un détachement de policiers. Le monument lui-même,
Å"uvre de Pietro Canonica (1928), n'est ni beau ni laid ni grandiose
1 ; mais, après le mausolée d'Ataturk a Ankara, c'est le second lieu
sacré de la république. C'est la que se font les actions de grâce,
les cérémonies réparatrices du culte républicain, c'est la que
se terminent, par un dépôt de gerbe, toutes les manifestations
autorisées. Mais pour y accéder, il faut être de ceux qui Â"
jouent le jeu Â" du pouvoir : partis de gouvernement, associations
kémalistes. Les autres n'y ont pas accès, et leurs tentatives peuvent
être réprimées avec la dernière brutalité. Ceci donne la mesure de
la transgression qu'a été l'occupation de cette place en juin 2013.
Passé ce square, on tombe sur l'axe qui débouche du boulevard de
Tarlabası et qui permet de répartir le flux de circulation venant
de la partie sud-ouest d'Istanbul vers les quartiers du Bosphore
d'une part, et les élégants quartiers nord de l'autre. C'est un
enfer de bruit. Après avoir traversé l'avenue, avant qu'il n'y ait
la une station de métro, on accédait a un espace rectangulaire
et irrespirable, une importante station d'autobus municipaux qui
attendaient la, tous moteurs tournant. A droite, l'hôtel Marmara,
tour quelconque qui domine la ville. Devant soi, le Centre culturel
Ataturk (AKM), médiocrité architecturale inaugurée en 1969. Enfin
a gauche, une volée de marches donne accès a ce fameux Gezi Parkı
(c'est-a-dire Â" Parc de la Promenade Â"), effectivement seul espace
vert du centre d'Istanbul, mais tellement étriqué, tellement
assiégé par le bruit et la puanteur, que nous allions rarement dans
cet endroit trop petit pour oublier la ville.
Place sans forme, place sans contour. Elle n'est bordée d'aucun
ensemble architectural qui la limiterait nettement. Et bien que tout
proche du Bosphore et a un point sommital, elle n'offre aucun point
de vue. On apercoit seulement la partie haute de quelques gratte-ciel
qui enlaidissent encore le lieu, comme l'immeuble dit Gökkafes,
un scandale urbanistique des années 1990.
D'ailleurs Istanbul, étrangement, est une grande ville sans place
digne de ce nom, a part la place de Beyazit, dans la ville historique,
bordée par l'Université d'Istanbul, la magnifique mosquée de Beyazit
et l'enclos des bouquinistes. Cette place-la, oui, a du caractère,
elle est conviviale, et il faisait bon y prendre un thé, le matin,
a l'ombre des grands platanes, et les samedis et dimanches s'y tenait
un immense marché informel.
Il me paraît normal que la place de Taksim ait fait l'objet de
projets de restructuration, mais il ne fallait pas faire pire que
ce qui existait. Elle était, en tant que centre convergent de la
circulation et des lignes de bus, puis de métro et du funiculaire de
Kabatas, elle a toujours été, elle est de plus en plus grouillante
de monde, un lieu d'afflux, de rendez-vous, un lieu de mélange où
l'on peut voir de tout. Le gouvernement de l'AKP a voulu en faire un
lieu de commerce pour riches, et l'aménager de sorte a rendre les
manifestations mieux contrôlables sinon impossibles.
En raison des événements, on commence a entendre parler, hors de
Turquie, des questions d'urbanisme a Istanbul. Par sympathie pour
le mouvement de juin 2013, on a idéalisé la place. Pour ceux qui
l'ont connue a cette occasion, il faut dire qu'il y a de quoi :
elle a été, certainement pour la première fois depuis l'explosion
du trafic automobile, un lieu calme, convivial, un lieu de partage,
de réflexion et d'amitié.
En outre le nom de Taksim a été chargé d'affectivité depuis des
décennies. C'était le lieu des manifestations du Premier-mai, de la
manifestation du 1er mai 1977, qui s'est terminée de facon tragique.
Un lieu mythique, un lieu de gauche d'où la gauche a été exclue
après 1977, sous prétexte de sécurité. Bien plus tard, en 2010,
la manifestation a pu se dérouler normalement sur la place, sans
incident, et de nouveau en 2011 et 2012. Puis, en 2013, elle a été
a nouveau interdite sous prétexte du chantier de rénovation, et
les tentatives de rassemblement sévèrement réprimés. C'est la
l'événement-origine du mouvement de Gezi : Taksim, lieu de gauche
interdit, est devenu un lieu a reconquérir.
Jusque dans les années soixante, la place était le centre d'un
quartier où l'on ne parlait guère turc, un quartier arméno-grec,
comportant de nombreuses églises dont la triomphale Hagia Triada. Les
parages immédiats de la place ne comptent encore aujourd'hui que
deux mosquées, toutes deux sur la rue Istiklal, dont une, entre le
consulat de France et la place, est minuscule.
C'est dire que Taksim porte des caractères qui la situent bien loin
des modes de penser de l'islam politique - ou plus généralement du
nationalisme turco-islamique. Quartier jusqu'a une époque récente peu
turc, peu musulman, parsemé d'églises, quartier plutôt de gauche,
centre républicain kémaliste par son monument, et lieu culturel Â"
moderne Â" par la présence de l'AKM avec ses concerts de musique
classique, et de la bibliothèque Ataturk, juste derrière. On peut
ajouter a cet inventaire le salon de thé de l'hôtel Marmara, un
endroit chic où aime se retrouver l'intelligentsia stambouliote, et
cible d'un attentat islamiste en décembre 1994 2. Après l'expulsion
des orthodoxes entre 1955 et 1965, le quartier de Beyoglu est devenu
un gigantesque squat, et tout Tarlabası s'est peuplé de migrants
kurdes. Mais aujourd'hui encore, tout l'oppose a la ville historique
et ses minarets, par-dela la Corne d'or.
En 1994, lors des élections municipales, le parti islamiste Refah
avait triomphé dans de nombreuses grandes villes, et, a Istanbul,
cette victoire avait été célébrée comme une nouvelle Fetih. Mais
celle-ci était encore incomplète : il fallait, du point de vue des
conservateurs, islamiser Taksim. Voici pourquoi la place de Taksim est
un point si sensible, a reconquérir par la gauche, et a conquérir
par l'islamisme national.
La mosquée de Taksim
De nos jours, parmi les grands projets du gouvernement de l'AKP
concernant le quartier, figure la construction d'une mosquée. Il
s'agit évidemment du moyen le plus efficace et le plus voyant pour
islamiser un lieu. Le projet n'est pas étonnant ; ce qui l'est, c'est
le caractère très tardif de l'entreprise, plus de dix ans après
l'arrivée au pouvoir de l'AKP. En effet, lorsque le parti islamiste
Refah arrive au pouvoir en juin 1996, c'est dès le 15 juillet 1996
que le projet de mosquée a Taksim est proposé ; ce devait être
le Â" premier sceau Â" apposé par le parti islamiste sur la ville
3. La presse laïciste s'alarme immédiatement. Hurriyet publie un
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