TURQUIE : LOURDES PEINES DANS LE PROCES DES PUTSCHISTES
TURQUIE
La justice turque a prononce lundi de lourdes peines, dont au moins
12 condamnations a la prison a vie, contre les membres du reseau
putschiste Ergenekon dans un procès denonce par l'opposition comme
une chasse aux sorcières.
Le tribunal de Silivri, a une cinquantaine de kilomètres a l'ouest
d'Istanbul, a notamment condamne a la reclusion a perpetuite l'ancien
chef d'etat-major des armees, le general Ilker Basbug, pour "tentative
de renversement de l'ordre constitutionnel par la force", a constate
un journaliste de l'AFP.
D'autres anciens generaux, comme l'ex-chef de la gendarmerie
Sener Eruygur et l'ex-chef de la Première armee Hursit Tolon, le
journaliste Tuncay Ozkan et le chef du petit Parti des travailleurs
(IP, nationaliste) Dogu Perincek ont egalement ete condamnes a la
prison a vie.
Le journaliste renomme du quotidien de gauche Cumhuriyet Mustafa
Balbay, elu pendant sa detention depute du principal parti
d'opposition, le CHP (pro-laïcite), a ete condamne a 35 ans de prison.
Egalement elu depute du CHP, l'ex-recteur Mehmet Haberal a ete condamne
a 12 ans et demi de prison. Mais le tribunal a prononce dans le meme
temps sa remise en miberte, au benefice d'une reduction de peine.
Quelque 275 accuses, dont 66 en detention provisoire, etaient juges
depuis octobre 2008 dans le cadre de l'affaire Ergenekon, premier
d'une longue serie de procès controverses visant a dejouer des complots
supposes contre le gouvernement islamo-conservateur.
Un imposant dispositif de securite etait deploye lundi autour du
tribunal, avec des centaines de policiers et de gendarmes anti-emeutes
soutenus par des blindes et des canons a eau.
Echauffourees a la mi-journee
Des echauffourees ont neanmoins eu lieu a la mi-journee entre des
manifestants et la police près de Silivri, sur une autoroute reliant
Istanbul a Tekirdag. La police a repondu aux jets de pierre par des
jets d'eau et des gaz lacrymogènes, a constate un photographe de l'AFP,
qui a estime a environ 10.000 le nombre de manifestants.
Le reseau Ergenekon, du nom d'une vallee mythique d'Asie centrale d'où
serait issu le peuple turc, est accuse d'avoir tente de favoriser
un coup d'Etat militaire contre M. Erdogan, un ancien islamiste au
pouvoir depuis 2002, en semant le chaos dans le pays par des attentats
et des operations de propagande.
La lecture du verdict par le president du tribunal, Hasan Huseyin
Ozese, et ses adjoints, a ete accueilli par un tolle de l'assistance,
pourtant reduite sur decision de la cour aux prevenus, a leurs avocats,
aux journalistes et aux parlementaires.
"Maudite soit la dictature de l'AKP", ont scande avocats et deputes,
conspuant le Parti de la justice et du developpement (AKP) au pouvoir,
denonce par l'opposition laïque comme le commanditaire de ce procès,
pour faire taire les critiques contre M. Erdogan.
"Nous sommes les soldats de Mustafa Kemal Ataturk", ont-ils egalement
crie, rendant hommage au fondateur de la Republique turque laïque.
Peu avant l'entree dans le tribunal de la cour, M. Balbay a harangue
l'auditoire, denoncant "un procès entièrement politique", et promettant
"un automne chaud" de contestation politique dans les villes de
Turquie, après trois semaines de manifestations antigouvernementales
sans precedent en juin.
"Aujourd'hui, c'est le gouvernement qu'on condamne, pas nous",
a affirme le journaliste.
Le reseau Ergenekon a ete mis au jour en juin 2007 lors d'une operation
anti-terroriste dans un bidonville d'Istanbul. Des armes et des
explosifs ont ete decouverts, première etape d'une longue enquete
qui a conduit a la redaction de 23 actes d'accusation successifs
-plusieurs milliers de pages- finalement reunis dans un meme procès.
Plusieurs autres procès contre des groupes de conspirateurs supposes
ont par ailleurs ete ouverts après Ergenekon.
Premier procès a atteindre un verdict, Balyoz (masse de forgeron)
avait deja surpris par la severite des peines prononcees : les juges
ont condamne en septembre près de 300 officiers a des peines de 16 a
20 ans de prison, portant un coup sevère au prestige de l'armee turque.
L'armee, qui pendant des decennies s'est voulue la gardienne des
valeurs laïques de la Republique turque, a renverse trois gouvernements
elus depuis 1960 et force un gouvernement pro-islamiste a la demission
en 1997.
Pour certains observateurs liberaux ou proches de la mouvance
islamo-conservatrice au pouvoir, le procès Ergenekon et ses avatars
s'inscrivent dans les efforts du gouvernement pour limiter les
intrusions de l'armee dans la vie publique et instaurer l'Etat
de droit.
Mais pour les defenseurs de la laïcite et certains militants des droits
de l'Homme, ces procès sont surtout un montage visant a ecarter du
champ politique certains opposants.
Ces critiques remettent notamment en cause la validite des preuves
apportees et le recours a des temoignages anonymes.
mercredi 7 août 2013, Stephane ©armenews.com
TURQUIE
La justice turque a prononce lundi de lourdes peines, dont au moins
12 condamnations a la prison a vie, contre les membres du reseau
putschiste Ergenekon dans un procès denonce par l'opposition comme
une chasse aux sorcières.
Le tribunal de Silivri, a une cinquantaine de kilomètres a l'ouest
d'Istanbul, a notamment condamne a la reclusion a perpetuite l'ancien
chef d'etat-major des armees, le general Ilker Basbug, pour "tentative
de renversement de l'ordre constitutionnel par la force", a constate
un journaliste de l'AFP.
D'autres anciens generaux, comme l'ex-chef de la gendarmerie
Sener Eruygur et l'ex-chef de la Première armee Hursit Tolon, le
journaliste Tuncay Ozkan et le chef du petit Parti des travailleurs
(IP, nationaliste) Dogu Perincek ont egalement ete condamnes a la
prison a vie.
Le journaliste renomme du quotidien de gauche Cumhuriyet Mustafa
Balbay, elu pendant sa detention depute du principal parti
d'opposition, le CHP (pro-laïcite), a ete condamne a 35 ans de prison.
Egalement elu depute du CHP, l'ex-recteur Mehmet Haberal a ete condamne
a 12 ans et demi de prison. Mais le tribunal a prononce dans le meme
temps sa remise en miberte, au benefice d'une reduction de peine.
Quelque 275 accuses, dont 66 en detention provisoire, etaient juges
depuis octobre 2008 dans le cadre de l'affaire Ergenekon, premier
d'une longue serie de procès controverses visant a dejouer des complots
supposes contre le gouvernement islamo-conservateur.
Un imposant dispositif de securite etait deploye lundi autour du
tribunal, avec des centaines de policiers et de gendarmes anti-emeutes
soutenus par des blindes et des canons a eau.
Echauffourees a la mi-journee
Des echauffourees ont neanmoins eu lieu a la mi-journee entre des
manifestants et la police près de Silivri, sur une autoroute reliant
Istanbul a Tekirdag. La police a repondu aux jets de pierre par des
jets d'eau et des gaz lacrymogènes, a constate un photographe de l'AFP,
qui a estime a environ 10.000 le nombre de manifestants.
Le reseau Ergenekon, du nom d'une vallee mythique d'Asie centrale d'où
serait issu le peuple turc, est accuse d'avoir tente de favoriser
un coup d'Etat militaire contre M. Erdogan, un ancien islamiste au
pouvoir depuis 2002, en semant le chaos dans le pays par des attentats
et des operations de propagande.
La lecture du verdict par le president du tribunal, Hasan Huseyin
Ozese, et ses adjoints, a ete accueilli par un tolle de l'assistance,
pourtant reduite sur decision de la cour aux prevenus, a leurs avocats,
aux journalistes et aux parlementaires.
"Maudite soit la dictature de l'AKP", ont scande avocats et deputes,
conspuant le Parti de la justice et du developpement (AKP) au pouvoir,
denonce par l'opposition laïque comme le commanditaire de ce procès,
pour faire taire les critiques contre M. Erdogan.
"Nous sommes les soldats de Mustafa Kemal Ataturk", ont-ils egalement
crie, rendant hommage au fondateur de la Republique turque laïque.
Peu avant l'entree dans le tribunal de la cour, M. Balbay a harangue
l'auditoire, denoncant "un procès entièrement politique", et promettant
"un automne chaud" de contestation politique dans les villes de
Turquie, après trois semaines de manifestations antigouvernementales
sans precedent en juin.
"Aujourd'hui, c'est le gouvernement qu'on condamne, pas nous",
a affirme le journaliste.
Le reseau Ergenekon a ete mis au jour en juin 2007 lors d'une operation
anti-terroriste dans un bidonville d'Istanbul. Des armes et des
explosifs ont ete decouverts, première etape d'une longue enquete
qui a conduit a la redaction de 23 actes d'accusation successifs
-plusieurs milliers de pages- finalement reunis dans un meme procès.
Plusieurs autres procès contre des groupes de conspirateurs supposes
ont par ailleurs ete ouverts après Ergenekon.
Premier procès a atteindre un verdict, Balyoz (masse de forgeron)
avait deja surpris par la severite des peines prononcees : les juges
ont condamne en septembre près de 300 officiers a des peines de 16 a
20 ans de prison, portant un coup sevère au prestige de l'armee turque.
L'armee, qui pendant des decennies s'est voulue la gardienne des
valeurs laïques de la Republique turque, a renverse trois gouvernements
elus depuis 1960 et force un gouvernement pro-islamiste a la demission
en 1997.
Pour certains observateurs liberaux ou proches de la mouvance
islamo-conservatrice au pouvoir, le procès Ergenekon et ses avatars
s'inscrivent dans les efforts du gouvernement pour limiter les
intrusions de l'armee dans la vie publique et instaurer l'Etat
de droit.
Mais pour les defenseurs de la laïcite et certains militants des droits
de l'Homme, ces procès sont surtout un montage visant a ecarter du
champ politique certains opposants.
Ces critiques remettent notamment en cause la validite des preuves
apportees et le recours a des temoignages anonymes.
mercredi 7 août 2013, Stephane ©armenews.com