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Le catholicos Karékine II au banc des accusés

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    Le catholicos Karékine II au banc des accusés

    http://denisdonikian.wordpress.com/2013/08/10/le-catholicos-karekine-ii-au-banc-des-accuses/
    10 aout 2013

    Classé dans : ARTICLES - denisdonikian @ 2:52
    Tags: Ara K. Manoogian, Archevêque Zakarian, catholicos des Arméniens,
    Eglise de Nice, Karékine II, Mesrop II Mutafian, Nourhan Manougian, Père
    Vatché Hairabédian

    Francis Bacon, Etude d'après Vélasquez : Portrait du Pape Innocent X, Detail
    (1953)

    www.keghart.com - 08.08.2013

    Face aux crises locales ou nationales, de nos jours, la plupart des
    Arméniens réagissent de deux manières : « Ne lavons pas notre linge sale en
    public » ou bien « Dénoncer est la première étape pour résoudre une crise. »
    Ces derniers mois, un scandale - énorme, épouvantable, insupportable - a
    éclaté au sein de notre communauté. Il ne s'agit pas moins que de la manière
    d'administrer et de la réputation du catholicos de tous les Arméniens,
    Karékine II. En tant que catholicos, il n'est pas seulement le chef
    spirituel de l'Eglise apostolique arménienne, mais il est presque aussi
    important aux yeux de la nation arménienne que le président de l'Arménie.
    Toute atteinte au catholicos porte atteinte à notre nation - y compris les
    fidèles de l'Eglise de Cilicie, les catholiques, les protestants... sans
    parler des athées.

    Les critiques adressées au catholicos Karékine II ont alimenté des
    pétitions, donné lieu à des lettres ouvertes et à des articles, suscité des
    rassemblements, fait l'objet de commentaires dans les médias en ligne,
    d'aucuns allant même jusqu'à exiger la démission du catholicos. Ces
    accusations sont de tous ordres : fraude, turpitude morale, corruption,
    autocratie, déclin des m`urs et de la morale du clergé d'Etchmiadzine,
    malaise parmi le clergé... La liste est longue... Sans oublier les sept péchés
    mortels et quelques autres. Orgie de diatribes ? Complots de la part de ses
    ennemis ou d'ennemis de l'Eglise ? Allégations tirées par les cheveux ?
    Corbeaux ? Voici une compilation des échecs supposés du catholicos.

    1 - Le catholicos Karékine II aurait été élu (1999) grce à une fraude
    massive, avec l'aide de l'ancien président Robert Kotcharian et des
    oligarques d'Arménie. Intimidations et pots-de-vin furent utilisés pour
    obtenir des voix en sa faveur. De riches donateurs de la diaspora, dont une
    famille célèbre, contribuèrent à un bakchich de trois millions de dollars.

    Ara K. Manoogian [Manoukian], militant des droits de l'homme à Los Angeles,
    a établi des données relatives à l'élection frauduleuse du catholicos. Pour
    résumer le point essentiel de son argumentation, les délégations de Russie
    et d'Arménie furent illégalement autorisées à disposer d'un nombre de voix
    bien plus élevé que ne le justifiait le nombre de leurs fidèles. Neveu du
    patriarche Torkom II Manoukian de Jérusalem, aujourd'hui disparu, Ara K.
    Manoogian précise que son oncle le mit au courant de cette élection
    frauduleuse et qu'il s'éleva contre cette manipulation grossière auprès du
    catholicos Karékine II, mais en vain.

    De même, un mois avant cette élection, plusieurs archevêques publièrent une
    déclaration selon laquelle les autorités de l'Arménie « au plus haut niveau,
    sont parvenues à un consensus en faveur d'un candidat, qu'ils tentent
    d'installer sur le trône. » Se référant au futur catholicos Karékine II.

    2- Le catholicos serait père de deux enfants. Une photo d'un de ses supposés
    rejetons circule sur internet. Une rumeur ferait état de sa relation intime
    avec une donatrice d'Amérique du Nord.

    3 - Il serait peu versé en théologie ; ne connaissant guère l'histoire et
    les traditions de l'Eglise arménienne. Bien qu'il ait fait des études en
    Arménie et en Europe, son savoir universitaire serait superficiel. Il lui
    arriverait de trébucher en récitant le Notre Père. L'on doute même qu'il
    soit croyant.

    4 - Il serait dépourvu de toute élégance ou dignité spirituelle. Oligarque,
    en royale soutane de pourpre, il administrerait Etchmiadzine de manière
    dictatoriale.

    5 - En tant que juge suprême, chef du corps législatif, président du Conseil
    Spirituel Suprême et chef du Collège des évêques, il monopoliserait tout le
    pouvoir. Transparence et responsabilité sont autant de concepts qui lui
    restent étrangers.

    6 - Il serait grossier, fruste, vulgaire, capricieux, injuste, discourtois,
    intempérant, incompétent, malveillant, infatué, injurieux, autoritaire,
    avide de gloire et d'argent, dénué de spiritualité et cachottier... Il n'est
    même pas sûr qu'il soit né en 1951 ou 1954.

    7 - Sous sa direction, le Saint-Siège d'Etchmiadzine serait devenu un
    cloaque d'intrigues, de soupçons, de peur, de jalousie, d'intimidation et de
    népotisme. Son style stalinien à la Beria aurait fait d'Etchmiadzine une
    fosse aux serpents.

    8 - Sous ses yeux, d'éminents ecclésiastiques d'Arménie auraient engendré
    des enfants et mèneraient des existences extravagantes. L'un d'eux -
    l'archevêque Navassart Kjoyan, en charge du diocèse de l'Ararat - possède
    une Bentley, une des voitures les plus chères existantes. Kjoyan serait
    aussi accusé d'être impliqué dans une escroquerie financière off-shore.

    9 - L'homosexualité au sein du clergé en Arménie et en diaspora
    constituerait un autre point faible auquel le catholicos ne s'attèle pas.

    10 - Sous ses yeux, d'éminents ecclésiastiques d'Arménie seraient devenus
    hommes d'affaires et propriétaires d'entreprises. Outre Monseigneur Kjoyan,
    citons l'évêque Abraham Mékertichian, de Vayots Dzor, autre
    ecclésiastique-homme d'affaires. Lequel possède plusieurs mini-complexes
    hydroélectriques.

    11 - En tant qu'oligarque, le catholicos serait actionnaire d'une entreprise
    de minibus à Erevan.

    12 - Il s'est approprié des biens appartenant à l'Eglise.

    13 - Il néglige de restaurer des édifices monastiques historiques en ruine,
    alors qu'il dépense 309 000 dollars pour acquérir sept Toyota. Pour éviter
    de payer la TVA, il a soutenu que cet argent lui fut donné par l'oligarque
    Samvel Karapétian, propriétaire de la société Tachir. La « négligence » du
    catholicos à l'égard des édifices historiques de l'Eglise a été décrite
    comme un « génocide culturel à l'encontre des églises et des monastères
    arméniens du Moyen Age. »

    14 - Son attitude et celle de son clergé en Arménie ont jeté des milliers
    d'Arméniens dans les bras de sectes telles que les Témoins de Jéhovah et les
    Mormons.

    15 - Il a défroqué au moins 160 archevêques, évêques, ecclésiastiques et
    diacres. Jamais, au cours des 1 700 ans d'histoire de l'Eglise arménienne,
    autant d'ecclésiastiques n'avaient été démis de leurs fonctions pour des
    motifs autres qu'hérétiques. Son « défroquage » en masse a été décrit comme
    « un règne de la terreur » et « un massacre spirituel de l'Eglise
    apostolique arménienne. » Conséquence de cette frénésie de défroquage, il a
    été critiqué par le patriarche d'Istanbul, Mesrop II Mutafian. Le patriarche
    lui fit remarquer - tandis qu'un éminent ecclésiastique était défroqué à la
    hussarde - que si l'accusation est claire et manifeste, « un conseil doit
    alors être réuni et l'accusé avoir la possibilité de se défendre. » Le
    patriarche l'accusa aussi d'interférer dans les affaires du Patriarcat
    d'Istanbul.

    16 - Après avoir défroqué l'archevêque Tigrane Kiouréghian, du diocèse du
    Nouveau-Nakhitchévan, pour lui avoir soi-disant désobéi, le catholicos
    Karékine II installa son propre frère - un prêtre - comme primat.

    17 - Afin de dissimuler sa médiocrité et ses aptitudes intellectuelles
    limitées, il éloignerait ses contemporains d'Etchmiadzine, aux dires d'un
    groupe d'Arméniens du Canada.

    18 - Loin de condamner les récentes élections présidentielles, entachées de
    fraudes, il a accordé sa bénédiction lors de l'entrée en fonctions de Serge
    Sarkissian.

    19 - Son attitude grossière et immature, lors de sa rencontre avec le
    catholicos Ilia II de Géorgie, a mis dans l'embarras l'Eglise arménienne,
    l'Arménie, ainsi que les Arméniens de Géorgie. Il ne représente donc pas
    dignement l'Eglise, ni la nation arménienne.

    20 - Il commit un énième impair, dans le cadre de ses responsabilités
    `cuméniques, lorsqu'il traita les patriarcats de Jérusalem et d'Istanbul
    comme si ces augustes Lieux Saints constituaient des entités diocésaines
    mineures. Irrité, le patriarche Nourhan Manougian de Jérusalem a déclaré, au
    début de ce mois, qu'il ne se rendrait pas à un rassemblement de hauts
    dignitaires de l'Eglise, organisé prochainement par le catholicos. Tout
    comme le patriarche d'Istanbul, il a exprimé son mécontentement suite au
    limogeage précipité - et inexpliqué de la part du catholicos - de
    l'archevêque Norvan Zakarian, primat de longue date et très estimé des
    Arméniens de France.

    21 - Lors d'un séjour à Jérusalem, il y a quelques années, le catholicos
    menaça ainsi d'éminents ecclésiastiques de la cathédrale Saint-Jacques : «
    Je vous dépouillerai de tous vos postes ! »

    22 - En Europe de l'Ouest (la Suisse, par exemple), il a tenté de
    centraliser l'administration des diverses églises. La communauté arménienne
    de France a publiquement condamné son ingérence d'une main de fer dans
    l'administration interne du diocèse français.

    23 - Il a apporté son soutien à un prêtre ayant commis un délit (le Père
    Vatché Hairabédian) aux dépens de l'archevêque Zakarian. Tandis que
    Hairabédian officiait comme pasteur de l'église arménienne à Nice, ses
    ouailles en appelèrent au catholicos pour qu'il limoget cet ecclésiastique
    peu recommandable. Appels qui furent ignorés.

    En 1 700 ans d'histoire, à au moins quinze reprises, des catholicos
    arméniens ont été limogés ou contraints de se démettre. Le premier à être
    déposé fut Kristapor II Apahouni en 630 ; le dernier, Yéprem [Ephraïm] Ier
    de Dzoraguègh en 1830. Nous ignorons si chacune des grotesques accusations
    portées contre le catholicos Karékine II sont justifiées, mais si ne fût-ce
    que 10 % de ces allégations étaient fondées, alors le catholicos de tous les
    Arméniens n'a d'autre choix que se démettre. Plus cette plaie suppurera,
    pire ce sera pour l'Eglise et la nation. Quant aux « bien-pensants » pour
    qui nous ne devrions pas parler [« dzamots tartsank » en arménien] de ces
    accusations, au motif que nous ferions le jeu de nos ennemis, nous leur
    disons que l'époque n'est plus où l'on cachait la vérité. Le roi est nu.
    Comment l'Eglise pourrait-elle survivre, si de telles accusations pèsent sur
    la tête de son chef suprême ? Aussi bien, garder le silence contribuerait à
    coup sûr à rendre l'Eglise et son clergé vains.

    Fût-ce dans les circonstances les meilleures, nous ne pouvons nous permettre
    un catholicos indigne. Etant donné que la nation arménienne traverse des
    temps précaires et troublés, nous ne pouvons souffrir un catholicos qui a
    perdu sa boussole morale et n'est pas à sa place sur le trône
    d'Etchmiadzine. Les défis existentiels qui se présentent à nous ne laissent
    aucune place à un catholicos qui, au dire de ses accusateurs, se comporte
    tel un moderne Rodrigo Borgia (le pape Alexandre VI).

    La nation attend du catholicos Karékine II qu'il réponde à ces accusations.

    *

    Editorial de Geghart.com, avec l'autorisation de l'auteur : Dikran
    Abrahamian

    Source : http://www.keghart.com/Editorial-Catholicos

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