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La Question Armenienne A La Conference De Lausanne

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    LA QUESTION ARMENIENNE A LA CONFERENCE DE LAUSANNE

    http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=74957
    Publie le : 13-08-2013

    Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le Collectif VAN vous
    invite a lire cette information publiee sur le site Imprescriptible.

    Imprescriptible

    La question des minorites et le problème armenien

    A) L'echange des populations

    Il est très caracteristique pour la Conference de Lausanne qu'avant
    d'aborder le problème des minorites, elle ait pose la question de
    l'echange des populations. En effet, cette Conference, reunie peu
    de temps après la conclusion des traites de minorites de 1919-1920,
    a offert au monde le triste spectacle des auteurs de ces traites
    recourant a une solution du problème des minorites aussi simpliste
    que barbare. Il est vrai que, quelques annees auparavant, un pareil
    echange avait ete pratique entre la Grèce et la Bulgarie[375]. Mais
    cet echange avait ete volontaire, tandis qu'il fut reserve a la
    Conference de Lausanne de sanctionner un echange obligatoire[376].

    À la seance de la première Commission du 1er decembre 1922, la
    plupart des delegues semblèrent acquis au système de l'echange
    obligatoire. Le Dr Nansen, qui en etait un partisan avere, declara,
    entre autres choses, que les Grandes Puissances etaient favorables
    a ses propositions " parce qu'elles croyaient que la separation des
    populations du Proche-Orient tendrait a assurer la pacification
    effective du pays et parce qu'elles pensaient que l'echange des
    populations constituait le moyen le plus rapide et le plus efficace de
    donner une solution aux graves problèmes economiques issus du grand
    deplacement ethnique qui a deja eu lieu ". " Sans doute, dit lord
    Curzon, tout le monde prefererait d'instinct, si c'etait possible,
    un echange volontaire " ; mais il estimait " que la contrainte serait
    très probablement jugee necessaire pour plus d'une raison "[377].

    Cependant, au cours des discussions dans le Comite special, la
    question fut remise sur le tapis par une declaration ecrite de la
    delegation grecque qui proposa que l'echange fût volontaire. La
    delegation turque s'y opposa nettement, de sorte que l'on en resta
    a la decision anterieurement arretee.[378].

    Ainsi, les Turcs obtinrent satisfaction sur le principe de l'echange
    obligatoire. Ils avaient insiste d'abord egalement sur le caractère
    total de cet echange en exigeant qu'il s'etendît a toutes les minorites
    grecques etablies en Turquie, y compris les Grecs de Constantinople
    et toutes les minorites musulmanes en Grèce, excepte toutefois celles
    etablies en Thrace occidentale[379]. Mais, devant les insistances
    unanimes de la Conference, la delegation turque consentit a ce que,
    a l'instar des Musulmans de la Thrace occidentale, fussent exclus de
    l'echange egalement les Grecs etablis a Constantinople avant le 30
    octobre 1918. Elle renonca aussi finalement a sa demande d'eloignement
    de Constantinople du Patriarcat ~\cumenique et accepta le maintien
    du Patriarche, depouille de tout caractère politique et n'exercant
    plus que ses attributions spirituelles et ecclesiastiques[380].

    En somme, la Conference de Lausanne a sanctionne l'echange obligatoire
    d'environ un million de Turcs et de Grecs. Le seul fait qu'un Nansen
    ait pu preconiser un pareil echange prouve certainement que la haine
    entre les deux peuples avait atteint son degre supreme. Il reste
    neanmoins vrai que la sanction, par les Puissances, de ce procede
    barbare, arrachant des individus a leur sol natal, est un retour
    aux procedes du Moyen Age, prouvant le peu de foi qu'elles avaient
    elles-memes en l'efficacite des dispositions pour la protection
    des minorites dont elles demandaient l'insertion dans le traite de
    Lausanne. À côte de la mesure radicale de l'echange obligatoire,
    les dispositions pour l'avenir des minorites demeurees en Turquie
    n'apparaissent plus que comme de simples mesures palliatives[381].

    B) Le statut des minorites

    Le 12 decembre, la première Commission de la Conference de Lausanne
    aborda la question du statut des minorites devant rester en Turquie.

    Elle lui consacra plusieurs seances, en revenant a diverses reprises,
    au cours des discussions, a la question de l'echange des populations
    qui, pendant ce temps, etait encore a l'etude d'une sous-Commission
    speciale. Les debats qui eurent lieu au sein de la Commission sont
    de la plus haute importance pour la precision des vues des Puissances
    et de la Turquie kemaliste sur la protection des minorites en general
    et des Armeniens en particulier.

    La seance du 12 decembre[382] fut ouverte par un grand discours du
    President sur la protection des minorites. " J'invite les delegations
    turque et grecque, dit lord Curzon, a se rendre compte que l'univers
    a les yeux fixes sur nous au moment où nous discutons cette question
    et que, elles et nous, serons juges selon que nous l'aurons reglee
    de facon equitable et raisonnable, ou inversement ". En reprenant
    brièvement la question, le noble lord declara expressement que " l'un
    des objectifs que se fixèrent les Allies, lorsqu'ils furent entraînes
    dans la guerre, fut la protection et, si possible, la liberation des
    minorites chretiennes existant en nombre considerable en Asie Mineure.

    Ce fut particulièrement le cas par rapport a l'Armenie ". Le
    plenipotentiaire britannique rappela que " le gouvernement turc
    avait lui-meme, dans la declaration du 17 fevrier 1920, proclame son
    acceptation du principe que les droits des minorites devaient etre
    confirmes et garantis " ; que, dans la Note du 23 septembre 1922,
    qui aboutit a la Conference de Lausanne, " les Puissances invitantes
    marquaient que l'une des conditions auxquelles elles appuyeraient,
    a la Conference, le retour de la Thrace orientale jusqu'a la Maritza a
    la Turquie, serait l'adoption d'un commun accord de mesures a inscrire
    dans le traite, et destinees a assurer efficacement, sous les auspices
    de la Societe des Nations, la protection des minorites ethniques
    et religieuses " ; que, la Thrace orientale ayant ete depuis lors
    rendue a la Turquie, " celle-ci devait maintenant remplir l'obligation
    correspondante qu'elle avait alors contractee " ; qu'enfin, dans sa
    reponse du 4 octobre, le gouvernement d'Angora avait declare qu'il
    n'y avait pas de " difference de principe " entre la Turquie et les
    Allies au sujet de la sauvegarde des droits des minorites " dans les
    limites dans lesquelles cela est compatible avec l'independance et la
    souverainete de la Turquie et avec les exigences de la pacification
    effective de l'Orient ".

    Lord Curzon prit, par ailleurs, soin de souligner, dans les termes
    les plus categoriques, la necessite de l'egalite absolue du traitement
    des minorites chretiennes et musulmanes. Et il attira l'attention de
    la Turquie sur l'avantage qu'elle aurait a entrer dans la Societe des
    Nations, où " elle aurait voix directement, d'une manière pratique,
    pour la surveillance des clauses relatives aux minorites, qu'il s'agît
    des minorites chretiennes en Anatolie ou des minorites musulmanes en
    Europe ".

    Le noble lord dit beaucoup regretter la " simplification " du
    problème des minorites par le transfert des populations. " Je me
    demande parfois, declara-t-il, si le gouvernement turc a examine
    complètement les resultats economiques de ce gigantesque transfert
    de peuples dont il n'y a pas d'equivalent dans l'histoire moderne et
    qui aura pour resultat, a mon sens, de faire perdre a la Turquie,
    dans bien des cas, beaucoup plus qu'elle n'y gagnera ". Quoi qu'il
    en soit, il fallait envisager le sort des minorites restantes, des
    Chretiens de Constantinople, des Nestoriens, des Armeniens.

    En passant au cas des Armeniens, meritant une " consideration
    speciale " a cause des souffrances endurees pendant des generations
    et des assurances qui leur avaient ete donnees quant a leur avenir,
    le premier plenipotentiaire de la Grande-Bretagne trouva des accents
    emouvants pour peindre la detresse des 130.000 âmes qui demeuraient
    encore dans l'Asie turque, sur une population qui jadis en comptait
    environ trois millions. Il demanda l'insertion dans le traite de paix
    des clauses particulières relatives a leur protection. Mais du dernier
    espoir des Armeniens, du Foyer national, lord Curzon parla, ce jour-la,
    dans des termes qui ne manquèrent pas de donner l'impression que les
    Puissances alliees avaient deja sacrifie cette idee humanitaire, comme
    tant d'autres, sur l'autel de leurs propres interets politiques[383].

    Enfin, en ce qui concerne la situation respective des minorites en
    Turquie et en Grèce, lord Curzon proposa, en dehors des garanties
    specifiques, conformes a celles contenues dans les traites europeens
    et completees par quelques autres dispositions, les mesures suivantes
    : a) Les gouvernements turc et grec devront etre invites a proclamer
    une amnistie generale, b) Les Chretiens de Turquie et les Musulmans
    de Thrace occidentale devront avoir le droit d'echapper au service
    militaire en payant une taxe raisonnable, c) La liberte de circuler
    et la faculte de quitter le pays devront etre assurees egalement
    aux Chretiens restant en Turquie et aux Musulmans restant en Thrace
    occidentale, d) La Societe des Nations ou un autre organe qualifie
    devra surveiller, en Turquie et en Grèce, l'application effective
    des dispositions du traite. " Cet organe devrait avoir le pouvoir
    d'envoyer un ou plusieurs de ses membres enqueter de temps en temps
    dans les regions où resident des minorites, tant en Europe qu'en Asie,
    se renseigner sur les abus dont elles ont pu souffrir et constater
    que les clauses du traite sont loyalement observees. Ses membres
    devraient pouvoir s'adresser aux autorites turques et grecques dans
    les regions en question ".

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    Source/Lien : Imprescriptible

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