TURQUIE : CODES RACIAUX SECRETS
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=75006
Publié le : 16-08-2013
Info Collectif VAN -www.collectifvan.org - Â" Imaginez quelque chose
de ce genre : un citoyen allemand d'origine juive tente d'obtenir une
copie de son dossier d'identité au bureau du recensement et il se
rend compte que le bureau a gardé une trace des personnes d'origine
juive en leur allouant un code secret. Que se passerait-il après
cette révélation ? Ce scandale créerait très probablement un
tremblement de terre qui serait suffisamment fort pour entraîner la
démission de nombreux responsables gouvernementaux haut placés et il
provoquerait certainement un grand débat sur la question de savoir
si la période nazie a réellement pris fin. Eh bien, un incident
similaire n'a rien causé du tout en Turquie. Â" Rappelons que le
ministère de l'Intérieur a confirmé l'existence de codes secrets
pour les minorités ethniques et religieuses le 4 aoÃ"t 2013, sans
les remettre en cause. Le Collectif VAN vous propose la traduction
d'un article en anglais paru sur le site du journal turc TodaysZaman
le 13 aoÃ"t 2013.
Une histoire de discrimination longue d'un siècle
ORHAN KEMAL CENGÄ°Z
13 aoÃ"t 2013
Imaginez quelque chose de ce genre : un citoyen allemand d'origine
juive tente d'obtenir une copie de son dossier d'identité au bureau
du recensement et il se rend compte que le bureau du recensement a
gardé une trace des personnes d'origine juive en leur allouant un
code secret. Que se passerait-il après cette révélation ?
Ce scandale créerait très probablement un tremblement de terre
qui serait suffisamment fort pour entraîner la démission de
nombreux responsables gouvernementaux haut placés et il provoquerait
certainement un grand débat sur la question de savoir si la période
nazie a réellement pris fin.
Eh bien, un incident similaire n'a rien causé du tout en Turquie. Une
dame arménienne, dont la famille s'était convertie a l'Islam, est
redevenue chrétienne et a été baptisée. Elle a souhaité inscrire
son enfant dans une école arménienne d'Istanbul. Cependant, elle a
vite compris que cette inscription ne serait pas aussi facile qu'elle
l'avait pensé. L'école dans laquelle elle voulait inscrire son enfant
lui dit qu'elle devait d'abord obtenir un document du ministère de
l'Ã~Iducation nationale indiquant que son fils pouvait être inscrit
dans une école arménienne.
La famille se rendit au bureau local du ministère de l'Ã~Iducation et
fit la demande du document qui autoriserait l'enfant a être inscrit
dans l'école arménienne. La réponse écrite du bureau du district de
Å~^iÅ~_li a Istanbul fut choquante : Â" Il est nécessaire de savoir
si la mère de l'élève devant s'inscrire a changé de religion,
de nom, de secte, par une décision du tribunal. Par conséquent,
son code confidentiel ancestral doit être obtenu dans le registre
de la population [conservé] depuis 1923. Ledit élève peut être
inscrit si le code ancestral de sa mère est Â" deux Â" sur le
registre principal de la population et de la citoyenneté. Â" Des
recherches et des interviews menées par le journal Radikal avec des
responsables officiels, suite aux articles parus, ont confirmé une
histoire de discrimination durant depuis un siècle. Les registres
d'immatriculation de la population utilisant des Â" codes raciaux
Â" remontent a l'époque du traité de Lausanne en 1923. Selon les
découvertes de Radikal, la Direction de la Population utilise le
code 1 pour les Grecs, le 2 pour les Arméniens et le 3 pour les Juifs.
Il a été dit que les codes raciaux étaient la uniquement pour
permettre de réguler qui est autorisé a s'inscrire dans une
institution éducative pour les minorités. Des recherches plus
approfondies ont cependant révélé que ceci est un prétexte. C'est
devenu clair quand on a découvert que les Syriaques avaient le code
4 et d'autres non-musulmans le code 5. Les minorités codées 1,
2 et 3, ont de fait leurs propres écoles, mais pas les Syriaques et
les autres minorités.
Et que s'est-il passé après que tout ceci a été révélé
? Rien. Cette nouvelle a fait la une de quelques journaux, deux
ou trois jours seulement. Et après ce court intervalle, cette Â"
information Â" a été tout simplement oubliée et la Turquie poursuit
son chemin comme si rien d'important n'avait été révélé.
Une blague, qu'un de mes amis d'origine juive a faite après avoir lu
les articles concernant ce scandale, m'en a appris beaucoup. Il a dit:
Â" Ayant lu tout ceci, je suis vraiment indigné. Comment diable les
juifs peuvent-ils être numéro 3 ? Nous devrions être numéro 1 dans
cet ordre ! Â" Comme nous le montre cette blague douloureuse, ce n'est
pas une information nouvelle pour les non-musulmans de ce pays. Ils
ont probablement toujours su que quel que soit le nom qu'ils prennent,
quelle que soit la religion a laquelle ils se convertissent, l'Ã~Itat
turc saura toujours qui ils sont. S'ils changent leur nom d'Ishak a
Ä°smail, si le mot Â" Islam Â" est écrit sur leur carte d'identité,
ils seront toujours reconnus dès qu'ils seront en contact avec Â"
l'Ã~Itat Â".
S'ils voulaient s'inscrire dans une Ã~Icole militaire ou souhaitaient
devenir policier, d'une manière ou d'une autre, ils étaient refusés.
Quelles que soient les raisons invoquées, ils sentaient probablement
que ce refus était sans doute lié a leur Â" origine Â".
Eh bien, ils savent maintenant que l'Ã~Itat a toujours été en mesure
de les Â" reconnaître Â". Ce Â" savoir Â" les aidera-t-il a vaincre
une discrimination longue d'un siècle ? C'est une autre question
dont nous pouvons débattre.
©Traduction de l'anglais C. Gardon pour le Collectif VAN - 14 aoÃ"t
2013 - www.collectifvan.org
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http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=75006
Publié le : 16-08-2013
Info Collectif VAN -www.collectifvan.org - Â" Imaginez quelque chose
de ce genre : un citoyen allemand d'origine juive tente d'obtenir une
copie de son dossier d'identité au bureau du recensement et il se
rend compte que le bureau a gardé une trace des personnes d'origine
juive en leur allouant un code secret. Que se passerait-il après
cette révélation ? Ce scandale créerait très probablement un
tremblement de terre qui serait suffisamment fort pour entraîner la
démission de nombreux responsables gouvernementaux haut placés et il
provoquerait certainement un grand débat sur la question de savoir
si la période nazie a réellement pris fin. Eh bien, un incident
similaire n'a rien causé du tout en Turquie. Â" Rappelons que le
ministère de l'Intérieur a confirmé l'existence de codes secrets
pour les minorités ethniques et religieuses le 4 aoÃ"t 2013, sans
les remettre en cause. Le Collectif VAN vous propose la traduction
d'un article en anglais paru sur le site du journal turc TodaysZaman
le 13 aoÃ"t 2013.
Une histoire de discrimination longue d'un siècle
ORHAN KEMAL CENGÄ°Z
13 aoÃ"t 2013
Imaginez quelque chose de ce genre : un citoyen allemand d'origine
juive tente d'obtenir une copie de son dossier d'identité au bureau
du recensement et il se rend compte que le bureau du recensement a
gardé une trace des personnes d'origine juive en leur allouant un
code secret. Que se passerait-il après cette révélation ?
Ce scandale créerait très probablement un tremblement de terre
qui serait suffisamment fort pour entraîner la démission de
nombreux responsables gouvernementaux haut placés et il provoquerait
certainement un grand débat sur la question de savoir si la période
nazie a réellement pris fin.
Eh bien, un incident similaire n'a rien causé du tout en Turquie. Une
dame arménienne, dont la famille s'était convertie a l'Islam, est
redevenue chrétienne et a été baptisée. Elle a souhaité inscrire
son enfant dans une école arménienne d'Istanbul. Cependant, elle a
vite compris que cette inscription ne serait pas aussi facile qu'elle
l'avait pensé. L'école dans laquelle elle voulait inscrire son enfant
lui dit qu'elle devait d'abord obtenir un document du ministère de
l'Ã~Iducation nationale indiquant que son fils pouvait être inscrit
dans une école arménienne.
La famille se rendit au bureau local du ministère de l'Ã~Iducation et
fit la demande du document qui autoriserait l'enfant a être inscrit
dans l'école arménienne. La réponse écrite du bureau du district de
Å~^iÅ~_li a Istanbul fut choquante : Â" Il est nécessaire de savoir
si la mère de l'élève devant s'inscrire a changé de religion,
de nom, de secte, par une décision du tribunal. Par conséquent,
son code confidentiel ancestral doit être obtenu dans le registre
de la population [conservé] depuis 1923. Ledit élève peut être
inscrit si le code ancestral de sa mère est Â" deux Â" sur le
registre principal de la population et de la citoyenneté. Â" Des
recherches et des interviews menées par le journal Radikal avec des
responsables officiels, suite aux articles parus, ont confirmé une
histoire de discrimination durant depuis un siècle. Les registres
d'immatriculation de la population utilisant des Â" codes raciaux
Â" remontent a l'époque du traité de Lausanne en 1923. Selon les
découvertes de Radikal, la Direction de la Population utilise le
code 1 pour les Grecs, le 2 pour les Arméniens et le 3 pour les Juifs.
Il a été dit que les codes raciaux étaient la uniquement pour
permettre de réguler qui est autorisé a s'inscrire dans une
institution éducative pour les minorités. Des recherches plus
approfondies ont cependant révélé que ceci est un prétexte. C'est
devenu clair quand on a découvert que les Syriaques avaient le code
4 et d'autres non-musulmans le code 5. Les minorités codées 1,
2 et 3, ont de fait leurs propres écoles, mais pas les Syriaques et
les autres minorités.
Et que s'est-il passé après que tout ceci a été révélé
? Rien. Cette nouvelle a fait la une de quelques journaux, deux
ou trois jours seulement. Et après ce court intervalle, cette Â"
information Â" a été tout simplement oubliée et la Turquie poursuit
son chemin comme si rien d'important n'avait été révélé.
Une blague, qu'un de mes amis d'origine juive a faite après avoir lu
les articles concernant ce scandale, m'en a appris beaucoup. Il a dit:
Â" Ayant lu tout ceci, je suis vraiment indigné. Comment diable les
juifs peuvent-ils être numéro 3 ? Nous devrions être numéro 1 dans
cet ordre ! Â" Comme nous le montre cette blague douloureuse, ce n'est
pas une information nouvelle pour les non-musulmans de ce pays. Ils
ont probablement toujours su que quel que soit le nom qu'ils prennent,
quelle que soit la religion a laquelle ils se convertissent, l'Ã~Itat
turc saura toujours qui ils sont. S'ils changent leur nom d'Ishak a
Ä°smail, si le mot Â" Islam Â" est écrit sur leur carte d'identité,
ils seront toujours reconnus dès qu'ils seront en contact avec Â"
l'Ã~Itat Â".
S'ils voulaient s'inscrire dans une Ã~Icole militaire ou souhaitaient
devenir policier, d'une manière ou d'une autre, ils étaient refusés.
Quelles que soient les raisons invoquées, ils sentaient probablement
que ce refus était sans doute lié a leur Â" origine Â".
Eh bien, ils savent maintenant que l'Ã~Itat a toujours été en mesure
de les Â" reconnaître Â". Ce Â" savoir Â" les aidera-t-il a vaincre
une discrimination longue d'un siècle ? C'est une autre question
dont nous pouvons débattre.
©Traduction de l'anglais C. Gardon pour le Collectif VAN - 14 aoÃ"t
2013 - www.collectifvan.org
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