GEORGIE
La Russie grignote la Géorgie à petites bouchées
Après Gori, la ville natale de Joseph Staline, nous ne croisons guère
que de petits villages en direction de Tskhinvali, la `capitale`
d'Ossétie du Sud. Selon la mission de surveillance de l'Union
européenne en Géorgie, la `frontière` aurait été déplacée de quelques
dizaines de mètres et des gardes-frontières russes auraient posé des
fils barbelés dans la bourgade de Ditsi, en territoire géorgien.
Brusquement, la petite route de campagne est bloquée par d'imposants
blocs de béton, surplombés d'un drapeau géorgien.
Des militaires en armes arrêtent le véhicule. Ils réclament les
papiers d'identité et partent les contrôler dans un petit btiment.
Retour d'un soldat quelques minutes plus tard avec les passeports.
C'est ensuite au tour de la police de procéder aux mêmes
vérifications. Avant qu'un civil décide de s'en mêler. Comme l'armée
et la police, il appelle ses supérieurs et décide finalement de nous
laisser repartir, à condition de faire demi-tour. Cinq ans après la
guerre éclair ayant opposé la Géorgie et la Russie en août 2008, les
plaies ne se sont pas refermées. Changer de pays pendant la nuit
D'autant que sur la `frontière` entre la Géorgie et l'Ossétie du Sud,
que Tbilissi appelle la `ligne d'occupation`, les paysans géorgiens
découvrent parfois au petit matin que leurs champs sont passés pendant
la nuit en territoire étranger ! En clair, des gardes-frontières
russes viennent de temps en temps piquer des petits bouts de Géorgie
dans l'obscurité. Des pertes qui se chiffreraient à quelques dizaines
d'hectares. `Habituellement, les Russes ne prennent que des champs,
mais une fois au moins, un couple de vieux Géorgiens s'est retrouvé de
l'autre côté de la frontière. Je n'ai pu que leur serrer la main en
écartant les fils barbelés`, raconte un diplomate de l'Union
européenne.
Du côté des Européens, on a tendance à prendre ce grignotage de la
frontière comme une mauvaise blague, un peu absurde. Pourquoi la
Russie, le plus grand pays du monde, s'amuse-t-elle à piquer en
catimini entre 100 et 300 mètres à la Géorgie ? L'envoyé spécial de
l'Agence France-Presse a pu récemment constater que dans le petit
village de Gougoutiankari des barbelés d'un mètre de haut traversent
désormais les potagers. Et qu'un habitant a vu son verger, sa seule
source de revenus, passer en mains ossètes. Une histoire de vaches
Mais pour Bruxelles, il n'est surtout pas question de fcher Moscou
pour si peu. L'un de nos interlocuteurs à Tbilissi, qui n'a pas
souhaité être cité, nous a expliqué le plus sérieusement du monde, à
l'aide d'un croquis, qu'il ne s'agissait finalement que d'une histoire
de vaches ! Les bovins ossètes auraient pris l'habitude de divaguer
dans un grand champ à l'herbe bien grasse, côté géorgien. Mais comme
leurs propriétaires craignaient de perdre leur bétail, ils avaient
préféré clôturer le champ avec des fils barbelés...
Par le plus grand des hasards, les fils barbelés ne seraient posés que
la nuit par des militaires russes... D'ailleurs, du côté russe, on se
refuse à évoquer ce genre de détails. Moscou, qui reconnaît
l'indépendance de l'Ossétie du Sud, assure que le différend doit être
traité entre Tbilissi et Tskhinvali. Le problème, c'est que la mission
de surveillance de l'Union européenne n'a même pas le droit de se
rendre en Ossétie du Sud. Impuissante, la Géorgie se contente
d'envoyer des lettres de protestation à la Russie via la Suisse, qui
sert d'intermédiaire entre les deux pays.
http://www.lepoint.fr/monde/la-russie-grignote-la-georgie-a-petites-bouchees-09-08-2013-1712715_24.php
dimanche 18 août 2013,
Stéphane ©armenews.com
La Russie grignote la Géorgie à petites bouchées
Après Gori, la ville natale de Joseph Staline, nous ne croisons guère
que de petits villages en direction de Tskhinvali, la `capitale`
d'Ossétie du Sud. Selon la mission de surveillance de l'Union
européenne en Géorgie, la `frontière` aurait été déplacée de quelques
dizaines de mètres et des gardes-frontières russes auraient posé des
fils barbelés dans la bourgade de Ditsi, en territoire géorgien.
Brusquement, la petite route de campagne est bloquée par d'imposants
blocs de béton, surplombés d'un drapeau géorgien.
Des militaires en armes arrêtent le véhicule. Ils réclament les
papiers d'identité et partent les contrôler dans un petit btiment.
Retour d'un soldat quelques minutes plus tard avec les passeports.
C'est ensuite au tour de la police de procéder aux mêmes
vérifications. Avant qu'un civil décide de s'en mêler. Comme l'armée
et la police, il appelle ses supérieurs et décide finalement de nous
laisser repartir, à condition de faire demi-tour. Cinq ans après la
guerre éclair ayant opposé la Géorgie et la Russie en août 2008, les
plaies ne se sont pas refermées. Changer de pays pendant la nuit
D'autant que sur la `frontière` entre la Géorgie et l'Ossétie du Sud,
que Tbilissi appelle la `ligne d'occupation`, les paysans géorgiens
découvrent parfois au petit matin que leurs champs sont passés pendant
la nuit en territoire étranger ! En clair, des gardes-frontières
russes viennent de temps en temps piquer des petits bouts de Géorgie
dans l'obscurité. Des pertes qui se chiffreraient à quelques dizaines
d'hectares. `Habituellement, les Russes ne prennent que des champs,
mais une fois au moins, un couple de vieux Géorgiens s'est retrouvé de
l'autre côté de la frontière. Je n'ai pu que leur serrer la main en
écartant les fils barbelés`, raconte un diplomate de l'Union
européenne.
Du côté des Européens, on a tendance à prendre ce grignotage de la
frontière comme une mauvaise blague, un peu absurde. Pourquoi la
Russie, le plus grand pays du monde, s'amuse-t-elle à piquer en
catimini entre 100 et 300 mètres à la Géorgie ? L'envoyé spécial de
l'Agence France-Presse a pu récemment constater que dans le petit
village de Gougoutiankari des barbelés d'un mètre de haut traversent
désormais les potagers. Et qu'un habitant a vu son verger, sa seule
source de revenus, passer en mains ossètes. Une histoire de vaches
Mais pour Bruxelles, il n'est surtout pas question de fcher Moscou
pour si peu. L'un de nos interlocuteurs à Tbilissi, qui n'a pas
souhaité être cité, nous a expliqué le plus sérieusement du monde, à
l'aide d'un croquis, qu'il ne s'agissait finalement que d'une histoire
de vaches ! Les bovins ossètes auraient pris l'habitude de divaguer
dans un grand champ à l'herbe bien grasse, côté géorgien. Mais comme
leurs propriétaires craignaient de perdre leur bétail, ils avaient
préféré clôturer le champ avec des fils barbelés...
Par le plus grand des hasards, les fils barbelés ne seraient posés que
la nuit par des militaires russes... D'ailleurs, du côté russe, on se
refuse à évoquer ce genre de détails. Moscou, qui reconnaît
l'indépendance de l'Ossétie du Sud, assure que le différend doit être
traité entre Tbilissi et Tskhinvali. Le problème, c'est que la mission
de surveillance de l'Union européenne n'a même pas le droit de se
rendre en Ossétie du Sud. Impuissante, la Géorgie se contente
d'envoyer des lettres de protestation à la Russie via la Suisse, qui
sert d'intermédiaire entre les deux pays.
http://www.lepoint.fr/monde/la-russie-grignote-la-georgie-a-petites-bouchees-09-08-2013-1712715_24.php
dimanche 18 août 2013,
Stéphane ©armenews.com