" LEBANESE ROCKET SOCIETY " : UN HOMMAGE AUX REVEURS
revue de presse
L' Orient-Le Jour, Liban
" Lebanese Rocket Society " : un hommage aux reveurs
L'exposition de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige attire une foule
a la galerie CRG de New York.
Rien n'arrete l'ascension artistique de Joana Hadjithomas et Khalil
Joreige, comme en temoigne leur dernière exposition intitulee "
The Lebanese Rocket Society : Hommage aux reveurs " a la celèbre
galerie CRG de New York (Carla Chammas est une des partenaires de
cette galerie).
Les artistes presentent une selection d'installations Cedar IV.
Le film qui accompagne l'evenement sortira le 16 mars a Beyrouth dans
le cadre du festival Ayyam Beyrouth al-cinama'iya. Ce grand projet
est d'envergure et son histoire fascinante.
La presentation raconte par l'image, la photographie, la video et le
son l'incroyable histoire " oubliee " de l'aventure spatiale libanaise
des annees 1960.
" Commence il y a six ans, ce projet artistique global de recherche
comporte six parties.
La quatrième partie qui a un lien avec le reve est exposee a la
galerie CRG de New York.
Ce qui permet de revisiter l'histoire et de decouvrir aussi que notre
pays avait un projet scientifique serieux.
Pourquoi l'a-t-on oublie ? " s'interrogent Joana Hadjithomas et Khalil
Joreige, lors d'un entretien accorde a L'Orient Le Jour, a New York.
Projet spatial au Liban en 1960 De quoi s'agit-il ? Qui sont donc ces
reveurs maintenant eparpilles dans le monde ? Attire par la conquete de
l'espace, un groupe d'etudiants de l'universite armenienne Haigazian,
" dont certains n'etaient pas libanais ", cree dans les annees soixante
" la Haigazian Rocket Society " qui deviendra la " Lebanese Rocket
Society ".
Sous la houlette du professeur de mathematiques Manoug Manougian,
qui vit depuis 1966 a Tampa, en Floride, le groupe fabrique dix fusees
spatiales " CEDAR ".
" Il lance avec succès la première fusee de la region.
La plus grande a atteint 600 km ", expliquent les artistes.
Ce projet qui vise a " concevoir et a lancer des fusees pour l'etude
et l'exploration spatiales " connaît a l'epoque un immense succès et
fait couler beaucoup d'encre.
En 1964, pour la commemoration du 21e anniversaire de son independance,
le Liban emet, en hommage a l'aventure spatiale libanaise, une serie
de timbres de 5 et 10 piastres representant la fusee. La guerre
israelo-arabe de 1967 mettra fin au " reve spatial " qui tombe
totalement dans l'oubli.
Les documents, photos et films autour de cet ambitieux projet ont
pratiquement disparu de l'histoire du Liban.
Les jeunes artistes " qui n'ont pas connu cette epoque " se penchent
sur les evenements et les mythes de cette periode, tels que le
concept du panarabisme et son declin après 1967, la guerre froide,
la conquete de l'espace, ainsi que la soif de modernite.
Joana et Khalil s'emerveillent devant le " bon niveau scientifique
libanais de cette epoque " mais s'erigent contre le denigrement.
" Quand on dit projet spatial au Liban, cela fait rire.
Pourquoi ne peut-on etre contemporain d'une recherche independamment
des moyens ? " s'etonnent-ils.
" L'album du president " Le clou de l'exposition est " L'album du
president ".
" À l'apogee de sa popularite, la " Lebanese Rocket Society " fait don
au president Fouad Chehab d'un album photos de 32 pages commemorant
le lancement de Cedar IV.
Après la mort du president libanais, l'album est remis par son epouse
au general Wehbe.
L'histoire de la fusee est relatee dans le film realise pour l'occasion
par Harry Koundakgian, photographe a l'Associated Press, et premier
photojournaliste de l'epoque qui vit et travaille maintenant a New
York. Les 32 pages de cet album forment le joyau de l'exposition.
Elles s'etalent majestueusement sur les cimaises de la nouvelle
galerie CRG.
" L'album represente tout le projet Cedar IV et le concept de la fusee
en 1962, mais reactualise avec la reflexion de la ville d'aujourd'hui.
Chaque panneau represente 32 fois l'image de 8 mètres pliee
differemment a chaque fois.
Comme si tout etait accessible et en meme temps dissimule.
Quelque part, on a envie de toucher et de deplier.
C'est une sorte d'invitation a la recherche de la memoire et de
l'imaginaire ", expliquent les artistes.
Disque d'or et sons des annees 1960
Si l'album du president represente la documentation visuelle du projet
spatial, le disque d'or qui se trouve au point focal de l'exposition
est une reconstruction de sons des annees 1960.
Le visiteur se trouve devant la projection d'un disque dore qui tourne
sur le sol de la galerie.
" C'est la reference aux disques d'or qui accompagnaient les sondes
spatiales exploratoires, Voyager 1 et Voyager 2 ", en 1977.
Ces disques contenaient les images et les sons de l'humanite.
C'est un peu une bouteille a la mer interstellaire, dans le cas où ces
" Voyager " rencontreraient des formes de vie intelligentes.
C'est une allusion au reve de l'astrophysicien Carl Sagan " qui ne
croyait pourtant pas aux extraterrestres ", indiquent Joana et Khalil.
Reve continu À l'entree de la galerie, le visiteur est frappe par
la reproduction en grand du timbre commemoratif de l'independance du
Liban en 1964 representant la fusee spatiale.
Le timbre-tapis a ete fait a la main en Armenie.
Suscitant vivement la curiosite, les archives inedites qui
l'accompagnent racontent l'histoire emouvante des jeunes rescapees
du genocide armenien, " arrivees au Liban en 1920 pour rejoindre la
manufacture de tapis a Ghazir. " Ayant eu une subvention americaine
a travers le " Golden Rule Sunday ", elles font le voeu d'offrir un
tapis tisse au president Coolidge en signe de reconnaissance.
Elles le font tisser en Armenie et deux jeunes filles font le voyage
pour le presenter a la Maison-Blanche.
C'est " en hommage a ces jeunes armeniennes " que les deux artistes
ont fait executer ce timbre en Armenie, selon les memes techniques
de tissage de la manufacture de Ghazir. Une serie photographique
reconstitue le chemin du transport a Beyrouth de la fusee Cedar IV.
En utilisant une replique en bois blanc de la fusee, les artistes
retracent son parcours a travers les temps modernes de Beyrouth.
Reve nostalgique d'un riche passe ? " Ce qui est important par rapport
a notre projet, c'est de ne pas etre nostalgique des annees soixante.
Au contraire, on l'etudie comme une invocation pour reactiver ce reve
passe au present.
On veut que le reve continue au present.
Et l'on doit bien preciser que ce n'est pas un missile.
La fusee ressemble a un missile, mais c'est la representation du reve
et de l'espace.
Aujourd'hui, la transformation de la region est telle qu'une fusee
est forcement comprise comme un missile.
Et donc il faut se battre pour qu'il n'y ait pas de reecriture de
l'histoire, " concluent les artistes.
Les oeuvres de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige figurent
dans plusieurs musees et font partie d'expositions collectives
prestigieuses, notamment au Musee d'art moderne de Paris, au Leonard et
Bina Art Gallery a Montreal, au Beirut Exhibition Center, au Gasworth
de Londres et au centre photographique de Genève.
samedi 24 août 2013, Stephane ©armenews.com
revue de presse
L' Orient-Le Jour, Liban
" Lebanese Rocket Society " : un hommage aux reveurs
L'exposition de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige attire une foule
a la galerie CRG de New York.
Rien n'arrete l'ascension artistique de Joana Hadjithomas et Khalil
Joreige, comme en temoigne leur dernière exposition intitulee "
The Lebanese Rocket Society : Hommage aux reveurs " a la celèbre
galerie CRG de New York (Carla Chammas est une des partenaires de
cette galerie).
Les artistes presentent une selection d'installations Cedar IV.
Le film qui accompagne l'evenement sortira le 16 mars a Beyrouth dans
le cadre du festival Ayyam Beyrouth al-cinama'iya. Ce grand projet
est d'envergure et son histoire fascinante.
La presentation raconte par l'image, la photographie, la video et le
son l'incroyable histoire " oubliee " de l'aventure spatiale libanaise
des annees 1960.
" Commence il y a six ans, ce projet artistique global de recherche
comporte six parties.
La quatrième partie qui a un lien avec le reve est exposee a la
galerie CRG de New York.
Ce qui permet de revisiter l'histoire et de decouvrir aussi que notre
pays avait un projet scientifique serieux.
Pourquoi l'a-t-on oublie ? " s'interrogent Joana Hadjithomas et Khalil
Joreige, lors d'un entretien accorde a L'Orient Le Jour, a New York.
Projet spatial au Liban en 1960 De quoi s'agit-il ? Qui sont donc ces
reveurs maintenant eparpilles dans le monde ? Attire par la conquete de
l'espace, un groupe d'etudiants de l'universite armenienne Haigazian,
" dont certains n'etaient pas libanais ", cree dans les annees soixante
" la Haigazian Rocket Society " qui deviendra la " Lebanese Rocket
Society ".
Sous la houlette du professeur de mathematiques Manoug Manougian,
qui vit depuis 1966 a Tampa, en Floride, le groupe fabrique dix fusees
spatiales " CEDAR ".
" Il lance avec succès la première fusee de la region.
La plus grande a atteint 600 km ", expliquent les artistes.
Ce projet qui vise a " concevoir et a lancer des fusees pour l'etude
et l'exploration spatiales " connaît a l'epoque un immense succès et
fait couler beaucoup d'encre.
En 1964, pour la commemoration du 21e anniversaire de son independance,
le Liban emet, en hommage a l'aventure spatiale libanaise, une serie
de timbres de 5 et 10 piastres representant la fusee. La guerre
israelo-arabe de 1967 mettra fin au " reve spatial " qui tombe
totalement dans l'oubli.
Les documents, photos et films autour de cet ambitieux projet ont
pratiquement disparu de l'histoire du Liban.
Les jeunes artistes " qui n'ont pas connu cette epoque " se penchent
sur les evenements et les mythes de cette periode, tels que le
concept du panarabisme et son declin après 1967, la guerre froide,
la conquete de l'espace, ainsi que la soif de modernite.
Joana et Khalil s'emerveillent devant le " bon niveau scientifique
libanais de cette epoque " mais s'erigent contre le denigrement.
" Quand on dit projet spatial au Liban, cela fait rire.
Pourquoi ne peut-on etre contemporain d'une recherche independamment
des moyens ? " s'etonnent-ils.
" L'album du president " Le clou de l'exposition est " L'album du
president ".
" À l'apogee de sa popularite, la " Lebanese Rocket Society " fait don
au president Fouad Chehab d'un album photos de 32 pages commemorant
le lancement de Cedar IV.
Après la mort du president libanais, l'album est remis par son epouse
au general Wehbe.
L'histoire de la fusee est relatee dans le film realise pour l'occasion
par Harry Koundakgian, photographe a l'Associated Press, et premier
photojournaliste de l'epoque qui vit et travaille maintenant a New
York. Les 32 pages de cet album forment le joyau de l'exposition.
Elles s'etalent majestueusement sur les cimaises de la nouvelle
galerie CRG.
" L'album represente tout le projet Cedar IV et le concept de la fusee
en 1962, mais reactualise avec la reflexion de la ville d'aujourd'hui.
Chaque panneau represente 32 fois l'image de 8 mètres pliee
differemment a chaque fois.
Comme si tout etait accessible et en meme temps dissimule.
Quelque part, on a envie de toucher et de deplier.
C'est une sorte d'invitation a la recherche de la memoire et de
l'imaginaire ", expliquent les artistes.
Disque d'or et sons des annees 1960
Si l'album du president represente la documentation visuelle du projet
spatial, le disque d'or qui se trouve au point focal de l'exposition
est une reconstruction de sons des annees 1960.
Le visiteur se trouve devant la projection d'un disque dore qui tourne
sur le sol de la galerie.
" C'est la reference aux disques d'or qui accompagnaient les sondes
spatiales exploratoires, Voyager 1 et Voyager 2 ", en 1977.
Ces disques contenaient les images et les sons de l'humanite.
C'est un peu une bouteille a la mer interstellaire, dans le cas où ces
" Voyager " rencontreraient des formes de vie intelligentes.
C'est une allusion au reve de l'astrophysicien Carl Sagan " qui ne
croyait pourtant pas aux extraterrestres ", indiquent Joana et Khalil.
Reve continu À l'entree de la galerie, le visiteur est frappe par
la reproduction en grand du timbre commemoratif de l'independance du
Liban en 1964 representant la fusee spatiale.
Le timbre-tapis a ete fait a la main en Armenie.
Suscitant vivement la curiosite, les archives inedites qui
l'accompagnent racontent l'histoire emouvante des jeunes rescapees
du genocide armenien, " arrivees au Liban en 1920 pour rejoindre la
manufacture de tapis a Ghazir. " Ayant eu une subvention americaine
a travers le " Golden Rule Sunday ", elles font le voeu d'offrir un
tapis tisse au president Coolidge en signe de reconnaissance.
Elles le font tisser en Armenie et deux jeunes filles font le voyage
pour le presenter a la Maison-Blanche.
C'est " en hommage a ces jeunes armeniennes " que les deux artistes
ont fait executer ce timbre en Armenie, selon les memes techniques
de tissage de la manufacture de Ghazir. Une serie photographique
reconstitue le chemin du transport a Beyrouth de la fusee Cedar IV.
En utilisant une replique en bois blanc de la fusee, les artistes
retracent son parcours a travers les temps modernes de Beyrouth.
Reve nostalgique d'un riche passe ? " Ce qui est important par rapport
a notre projet, c'est de ne pas etre nostalgique des annees soixante.
Au contraire, on l'etudie comme une invocation pour reactiver ce reve
passe au present.
On veut que le reve continue au present.
Et l'on doit bien preciser que ce n'est pas un missile.
La fusee ressemble a un missile, mais c'est la representation du reve
et de l'espace.
Aujourd'hui, la transformation de la region est telle qu'une fusee
est forcement comprise comme un missile.
Et donc il faut se battre pour qu'il n'y ait pas de reecriture de
l'histoire, " concluent les artistes.
Les oeuvres de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige figurent
dans plusieurs musees et font partie d'expositions collectives
prestigieuses, notamment au Musee d'art moderne de Paris, au Leonard et
Bina Art Gallery a Montreal, au Beirut Exhibition Center, au Gasworth
de Londres et au centre photographique de Genève.
samedi 24 août 2013, Stephane ©armenews.com