A ISTANBUL, LE TOURISME DE LA MOUSTACHE BAT SON PLEIN
Stephane
armenews.com
mercredi 30 janvier 2013
On connaissait les bains turcs, le cafe et les fameux "delices"
sucres. La moustache est desormais en passe de les rejoindre au
rang des specialites mondialement reconnues de la Turquie, où de
plus en plus d'hommes en mal de poils viennent se faire greffer les
respectueuses bacchantes dignes de leur rang.
Si elle disparaît a l'ouest, la moustache reste un attribut masculin
très en vogue en Turquie et au Moyen-Orient. Au point que les hommes
les moins bien dotes par la nature n'hesitent plus a remettre le
sort de leur système pileux deficient entre les mains de chirurgiens
esthetiques.
Le Dr Selahattin Tulunay est l'un d'eux. A la tete d'un prospère
cabinet prive jusque-la specialise dans les transplantations de
cheveux, ce chirurgien esthetique s'est rapidement adapte a cette
nouvelle demande.
"Cela fait environ trois ans que je fais des implants de moustaches",
confie-t-il, "beaucoup d'hommes sont venus me voir en me disant +j'ai
40 ans, je suis a la tete d'une grosse entreprise et a l'etranger, on
ne me prend pas au serieux, je veux que l'on voie que j'ai des poils".
Tout juste trentenaire, Engin Koc s'est longtemps desespere de son
visage glabre. Avant de s'offrir, il y a sept mois, la "brosse" de ses
reves sur une table d'operation. "J'ai voulu ressembler aux anciens
Turcs, aux Ottomans, et comme j'ai l'âme assez nostalgique et une
admiration pour cette epoque, j'ai fait ces implants", raconte-t-il
avec fierte, "la moustache est un symbole de la virilite turque".
Depuis des lustres, la moustache est effectivement une affaire très
serieuse en Turquie. Un dicton populaire y affirme d'ailleurs qu'un
"homme sans moustache est comme une maison sans balcon". Sa forme y
est meme lue politiquement.
"Broussailleuse, facon Staline, elle est plutôt l'apanage de la gauche
ou des Kurdes", explique l'anthropologue Benoît Fliche, de l'Institut
francais d'etudes anatoliennes d ?Istanbul. "Mince, comme celle du
Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, elle devient religieuse et
conservatrice (...) Et si elle descend en forme de crocs de part et
d'autre de la bouche, elle est alors marquee a l'extreme droite".
Forfaits moustache
Meme si elle seduit aujourd'hui un peu moins les Turcs des grandes
villes, plus tournes vers la mode occidentale, la moustache et la
barbe restent un "must" pour la gent masculine des pays arabes ou des
republiques turcophones d'Asie centrale, qui font le voyage d'Istanbul
pour satisfaire leur appetit de poils.
"Les series televisees turques diffusees dans le monde arabe ont
une grande influence", assure le Dr Tulunay, "c'est en voyant nos
acteurs que ces patients sont venus nous demander les memes barbes
ou les memes moustaches".
Ces clients constituent l'essentiel de ce nouveau marche de la
"pilosite faciale". Rien qu'a Istanbul, quelque 250 cliniques ou
cabinets prives se livrent une concurrence acharnee pour vendre leurs
services, a grands coups de promotions.
La plupart se sont associes a des agences de voyage et proposent des
formules qui incluent l'operation et le sejour a l'hôtel de leurs
patients, qu'elles prennent en charge dès l'aeroport... Les plus
competitifs proposent des forfaits "moustaches" très avantageux a
partir de 2.000 euros, bien moins chers que chez leurs concurrents
europeens ou americains.
Le tourisme du poil bat son plein donc, confortablement assis sur la
progression constante du nombre de visiteurs etrangers qui se pressent
en Turquie. Plus de 35 millions en 2012, selon les estimations.
"Chaque semaine, nous accueillons entre 50 et 60 patients pour
une greffe de cheveux, et 5 a 6 pour une greffe de moustaches",
se rejouit le Dr Meral Tala, chirurgienne au Istanbul Hair Center,
"et comme nos resultats sont bien meilleurs qu'avant, nous prevoyons
une très grande augmentation des demandes". Les chirurgiens esthetiques
d'Istanbul n'ont pas fini de se friser les moustaches.
mercredi 30 janvier 2013, Stephane ©armenews.com
Stephane
armenews.com
mercredi 30 janvier 2013
On connaissait les bains turcs, le cafe et les fameux "delices"
sucres. La moustache est desormais en passe de les rejoindre au
rang des specialites mondialement reconnues de la Turquie, où de
plus en plus d'hommes en mal de poils viennent se faire greffer les
respectueuses bacchantes dignes de leur rang.
Si elle disparaît a l'ouest, la moustache reste un attribut masculin
très en vogue en Turquie et au Moyen-Orient. Au point que les hommes
les moins bien dotes par la nature n'hesitent plus a remettre le
sort de leur système pileux deficient entre les mains de chirurgiens
esthetiques.
Le Dr Selahattin Tulunay est l'un d'eux. A la tete d'un prospère
cabinet prive jusque-la specialise dans les transplantations de
cheveux, ce chirurgien esthetique s'est rapidement adapte a cette
nouvelle demande.
"Cela fait environ trois ans que je fais des implants de moustaches",
confie-t-il, "beaucoup d'hommes sont venus me voir en me disant +j'ai
40 ans, je suis a la tete d'une grosse entreprise et a l'etranger, on
ne me prend pas au serieux, je veux que l'on voie que j'ai des poils".
Tout juste trentenaire, Engin Koc s'est longtemps desespere de son
visage glabre. Avant de s'offrir, il y a sept mois, la "brosse" de ses
reves sur une table d'operation. "J'ai voulu ressembler aux anciens
Turcs, aux Ottomans, et comme j'ai l'âme assez nostalgique et une
admiration pour cette epoque, j'ai fait ces implants", raconte-t-il
avec fierte, "la moustache est un symbole de la virilite turque".
Depuis des lustres, la moustache est effectivement une affaire très
serieuse en Turquie. Un dicton populaire y affirme d'ailleurs qu'un
"homme sans moustache est comme une maison sans balcon". Sa forme y
est meme lue politiquement.
"Broussailleuse, facon Staline, elle est plutôt l'apanage de la gauche
ou des Kurdes", explique l'anthropologue Benoît Fliche, de l'Institut
francais d'etudes anatoliennes d ?Istanbul. "Mince, comme celle du
Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, elle devient religieuse et
conservatrice (...) Et si elle descend en forme de crocs de part et
d'autre de la bouche, elle est alors marquee a l'extreme droite".
Forfaits moustache
Meme si elle seduit aujourd'hui un peu moins les Turcs des grandes
villes, plus tournes vers la mode occidentale, la moustache et la
barbe restent un "must" pour la gent masculine des pays arabes ou des
republiques turcophones d'Asie centrale, qui font le voyage d'Istanbul
pour satisfaire leur appetit de poils.
"Les series televisees turques diffusees dans le monde arabe ont
une grande influence", assure le Dr Tulunay, "c'est en voyant nos
acteurs que ces patients sont venus nous demander les memes barbes
ou les memes moustaches".
Ces clients constituent l'essentiel de ce nouveau marche de la
"pilosite faciale". Rien qu'a Istanbul, quelque 250 cliniques ou
cabinets prives se livrent une concurrence acharnee pour vendre leurs
services, a grands coups de promotions.
La plupart se sont associes a des agences de voyage et proposent des
formules qui incluent l'operation et le sejour a l'hôtel de leurs
patients, qu'elles prennent en charge dès l'aeroport... Les plus
competitifs proposent des forfaits "moustaches" très avantageux a
partir de 2.000 euros, bien moins chers que chez leurs concurrents
europeens ou americains.
Le tourisme du poil bat son plein donc, confortablement assis sur la
progression constante du nombre de visiteurs etrangers qui se pressent
en Turquie. Plus de 35 millions en 2012, selon les estimations.
"Chaque semaine, nous accueillons entre 50 et 60 patients pour
une greffe de cheveux, et 5 a 6 pour une greffe de moustaches",
se rejouit le Dr Meral Tala, chirurgienne au Istanbul Hair Center,
"et comme nos resultats sont bien meilleurs qu'avant, nous prevoyons
une très grande augmentation des demandes". Les chirurgiens esthetiques
d'Istanbul n'ont pas fini de se friser les moustaches.
mercredi 30 janvier 2013, Stephane ©armenews.com