AZERBAÏDJAN : AKRAM AYLISLI CIBLE DES NATIONALISTES
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=72421
Publie le : 27-03-2013
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le Collectif VAN vous
invite a lire une traduction d'un article en anglais de Shahin
Abbasov du site EurasiaNet mise en ligne sur le site de NAM (Nouvelles
d'Armenie Magazine) le 24 mars 2013.
NAM
Azerbaïdjan : Un ecrivain ploie sous la contrainte d'une controverse
litteraire
EurasiaNet
14 fevrier 2013
Le dernier ouvrage d'Akram Aylisli, intitule " Reves de pierre ", est
la cible des nationalistes en raison de la vision sur les evenements
dans les annees 1990 en Azerbaidjan, en particulier le conflit
entre l'Azerbaïdjan et l'Armenie sur le territoire du Haut-Karabagh,
offrant une image generalement favorable aux Armeniens. Sa dernière
publication en decembre a declenche une campagne de haine du regime
contre Akram Aylisli, une campagne qui rappelle quelque peu celle
lancee contre Salman Rushdie en 1988 suite a la publication des versets
sataniques. Akram Aylisli, ainsi que des membres de la famille, ont ete
soumis a un châtiment officiel. Et, dans le cas le plus notoire de la
propagande haineuse, Hafiz Haciyev, chef du parti pro-gouvernemental
Muasir Musavat, a offert 10000 manats (environ 12000$) de prime a
quiconque coupera l'oreille de l'auteur.
Dans un entretien le 13 fevrier avec EurasiaNet.org, Akram Aylisli,
paraissant epuise et nerveux, a declare que le harcèlement, qu'il
a decrit comme l'experience la plus difficile de sa vie, l'oblige
a envisager de quitter l'Azerbaïdjan. La police, a-t-il ajoute, n'a
pris aucune mesure pour proteger sa famille ou lui-meme de possibles
attaques physiques.
" Je ne veux pas quitter l'Azerbaïdjan. J'ai 75 ans " a-t-il explique.
" Je n'ai pas encore decide, mais il semble que je vais devoir demander
l'asile politique a l'etranger. Cela est triste ".
Le cas d'Akram Aylisli a souleve la question de savoir si un pays
comme l'Azerbaïdjan est capable de concilier des episodes sensibles
de son histoire avec une garantie constitutionnelle de la liberte
d'expression. Pour beaucoup en Azerbaïdjan, la reponse semble
etre non. Mais certains ne sont pas prets a sacrifier la liberte
d'expression sur l'autel de la fierte nationale. Bien que peu soit
d'accord avec la representation negative du pays par Akram Aylisli,
dans laquelle les Azeris ont durement traite les Armeniens a Bakou
pendant le conflit du Karabagh, certains militants des droits
de l'homme, des representants des partis d'opposition et des des
utilisateurs des reseaux sociaux se prononcent fermement contre la
campagne anti-Aylisli .
Mise en scène factice de funerailles pour les livres d'Aylisli,
autodafe de ses ~\uvres, l'interdiction de ses pièces et exhortation
des gens a lui couper l'oreille " ne sont pas moins nocifs pour le
pays " que le roman " trompeur " sur le passe de l'Azerbaïdjan, a fait
valoir l'ecrivain populaire Chinguiz Abdullayev, president du PEN-Club
Azerbaïdjan. " Les gens ne devraient pas se comporter de cette facon
" a-t-il ajoute.
Un petit groupe de jeunes ecrivains azerbaïdjanais se sont rassembles
en soutien a Aylisli le 3 fevrier pour reaffirmer son droit
constitutionnel a ecrire ce qu'il veut, peu importe ce qu'il peut
etre. " Personne ne peut imposer une interdiction sur un ecrivain,
faire pression sur lui ", a commente l'ecrivain Gunel Movlud âge de
27 ans. " C'est de la censure autrement ".
L'extradition en 2012 vers l'Azerbaïdjan et le pardon officiel qui
s'en est suivi du lieutenant- Ramil Safarov pour l'assassinat d'un
officier de l'armee armenienne en Hongrie a ete l'evenement qui a
pousse Akram Aylisli a publier son roman, qui, dit-il, contient des
histoires " basees sur la vie reelle ".
" Quand j'ai vu la folle et artificielle reaction alimentant la haine
entre les Armeniens et les Azerbaïdjanais, qui est alle au-dela des
frontières, j'ai decide de publier mon roman " a-t-il dit.
Un ecrivain, a-t-il insiste, a le droit d'exprimer ses pensees,
dans ses romans sans qu'il soit considere comme un traître.
Mais le president Ilham Aliyev l'a traite comme tel. Ajout du carburant
a la campagne de haine, le president a depouille Aylisli du titre d'
" ecrivain du peuple " et de sa pension. Pendant ce temps, le fils
d'Aylisli, Najaf Naibov, a ete limoge d'un poste de direction au sein
du Comite national des douanes, et sa femme, Galina, a ete licenciee
en tant que directrice d'une bibliothèque publique pour enfants.
Plusieurs membres du Parlement ont vivement critique le travail
d'Aylisli comme etant une trahison et ont appele a ce qu'il soit dechu
de sa nationalite - meme si la Constitution azerbaïdjanaise interdit
une telle mesure. D'autres vont encore plus loin. " Certains deputes
m'accusent d'etre un " armenien " " a raconte Aylisli. " Est-ce un
crime d'etre armenien ? C'est du racisme ".
Le 13 fevrier, Sheikh-ul-Islam Haji Allahchukur Pashazade , responsable
du Bureau des musulmans du Caucase, un allie du gouvernement, a lance
une autre flechette en denoncant Aylisli comme un " infidèle ". Le
fait que la campagne contre Aylisli a prise uniquement de l'ampleur
dans les dernières semaines - un mois après que " Reves de pierre
" soit paru en decembre 2012 dans la revue litteraire russe Druzhba
Narodov - amène certains observateurs a Bakou a croire qu'elle est
destinee a detourner l'attention populaire des dernières, violentes
manifestations a Bakou et dans la ville regionale d'Ismayilli .
Quelques-uns suggèrent que le mecontentement officiel est dû a la
representation peu flatteuse d'Heydar Aliyev, père defunt du leader
actuel. Officiellement, Heydar Aliyev est venere comme l'architecte
en chef de l'Azerbaïdjan independant. " Reves de pierre " presente
l'ancien president, qui a dirige Parti communiste d'Azerbaïdjan
pendant près de 20 ans lors de la fin de l'ère sovietique mais se
refère a lui seulement comme " le maître ".
Peu importe si Akram Aylisli reste en Azerbaïdjan ou quitte le pays,
la controverse touche tous ses travaux. Reves de pierre fait partie
d'une trilogie envisage, le premier tome, intitule Yemen, a ete publie
en 1990. La dernière tranche, provisoirement intitule " Traffic Jam Big
", n'a pas ete publiee officiellement. Mais Akram Aylisli, sollicitant
des commentaires, a distribue un nombre limite de livres a Bakou entre
amis et collègues. Il a refuse de discuter du roman, mais il a reitere
son intention de le publier. Une personne qui a vu un projet a dit a
EurasiaNet.org que l'histoire porte sur les " crimes " qui auraient
ete commis pendant la presidence d'Heydar Aliyev entre 1993-2003.
La publication est une claire denonciation du vieux Aliyev qui pourrait
poser une contreverse plus grave encore pour la liberte de parole en
Azerbaïdjan que celle generee par " reves de pierre ".
Un ecrivain du Caucase, auteur de best-seller en Russie, Boris Akunin,
a emis quelques conseils. " [Mes] chers Azerbaïdjanais " a-t-il ecrit
dans son blog : " Ne savez-vous pas que l'Etat ne peut pas gagner ...
dans une guerre avec un ecrivain ? "
Note de l'editeur :
Shahin Abbasov est une journaliste independante basee a Bakou.
EurasiaNet.org
Traduction Armenews
dimanche 24 mars 2013, Stephane ©armenews.com
Article en anglais :
Azerbaijan: Writer Buckling Under Strain of Literary Controversy
Lire aussi :
L'ecrivain disgracie oblige de quitter l'Azerbaïdjan ?
La liberte d'expression en Azerbaïdjan
Azerbaïdjan: Le president Aliev punit l'ecrivain azeri Akram Aylisli
Appel urgent pour defendre les Justes azeris
Azerbaïdjan : haro sur le heros
Azerbaïdjan : un ecrivain accuse de " sympathie pour les Armeniens "
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Source/Lien : NAM
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=72421
Publie le : 27-03-2013
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le Collectif VAN vous
invite a lire une traduction d'un article en anglais de Shahin
Abbasov du site EurasiaNet mise en ligne sur le site de NAM (Nouvelles
d'Armenie Magazine) le 24 mars 2013.
NAM
Azerbaïdjan : Un ecrivain ploie sous la contrainte d'une controverse
litteraire
EurasiaNet
14 fevrier 2013
Le dernier ouvrage d'Akram Aylisli, intitule " Reves de pierre ", est
la cible des nationalistes en raison de la vision sur les evenements
dans les annees 1990 en Azerbaidjan, en particulier le conflit
entre l'Azerbaïdjan et l'Armenie sur le territoire du Haut-Karabagh,
offrant une image generalement favorable aux Armeniens. Sa dernière
publication en decembre a declenche une campagne de haine du regime
contre Akram Aylisli, une campagne qui rappelle quelque peu celle
lancee contre Salman Rushdie en 1988 suite a la publication des versets
sataniques. Akram Aylisli, ainsi que des membres de la famille, ont ete
soumis a un châtiment officiel. Et, dans le cas le plus notoire de la
propagande haineuse, Hafiz Haciyev, chef du parti pro-gouvernemental
Muasir Musavat, a offert 10000 manats (environ 12000$) de prime a
quiconque coupera l'oreille de l'auteur.
Dans un entretien le 13 fevrier avec EurasiaNet.org, Akram Aylisli,
paraissant epuise et nerveux, a declare que le harcèlement, qu'il
a decrit comme l'experience la plus difficile de sa vie, l'oblige
a envisager de quitter l'Azerbaïdjan. La police, a-t-il ajoute, n'a
pris aucune mesure pour proteger sa famille ou lui-meme de possibles
attaques physiques.
" Je ne veux pas quitter l'Azerbaïdjan. J'ai 75 ans " a-t-il explique.
" Je n'ai pas encore decide, mais il semble que je vais devoir demander
l'asile politique a l'etranger. Cela est triste ".
Le cas d'Akram Aylisli a souleve la question de savoir si un pays
comme l'Azerbaïdjan est capable de concilier des episodes sensibles
de son histoire avec une garantie constitutionnelle de la liberte
d'expression. Pour beaucoup en Azerbaïdjan, la reponse semble
etre non. Mais certains ne sont pas prets a sacrifier la liberte
d'expression sur l'autel de la fierte nationale. Bien que peu soit
d'accord avec la representation negative du pays par Akram Aylisli,
dans laquelle les Azeris ont durement traite les Armeniens a Bakou
pendant le conflit du Karabagh, certains militants des droits
de l'homme, des representants des partis d'opposition et des des
utilisateurs des reseaux sociaux se prononcent fermement contre la
campagne anti-Aylisli .
Mise en scène factice de funerailles pour les livres d'Aylisli,
autodafe de ses ~\uvres, l'interdiction de ses pièces et exhortation
des gens a lui couper l'oreille " ne sont pas moins nocifs pour le
pays " que le roman " trompeur " sur le passe de l'Azerbaïdjan, a fait
valoir l'ecrivain populaire Chinguiz Abdullayev, president du PEN-Club
Azerbaïdjan. " Les gens ne devraient pas se comporter de cette facon
" a-t-il ajoute.
Un petit groupe de jeunes ecrivains azerbaïdjanais se sont rassembles
en soutien a Aylisli le 3 fevrier pour reaffirmer son droit
constitutionnel a ecrire ce qu'il veut, peu importe ce qu'il peut
etre. " Personne ne peut imposer une interdiction sur un ecrivain,
faire pression sur lui ", a commente l'ecrivain Gunel Movlud âge de
27 ans. " C'est de la censure autrement ".
L'extradition en 2012 vers l'Azerbaïdjan et le pardon officiel qui
s'en est suivi du lieutenant- Ramil Safarov pour l'assassinat d'un
officier de l'armee armenienne en Hongrie a ete l'evenement qui a
pousse Akram Aylisli a publier son roman, qui, dit-il, contient des
histoires " basees sur la vie reelle ".
" Quand j'ai vu la folle et artificielle reaction alimentant la haine
entre les Armeniens et les Azerbaïdjanais, qui est alle au-dela des
frontières, j'ai decide de publier mon roman " a-t-il dit.
Un ecrivain, a-t-il insiste, a le droit d'exprimer ses pensees,
dans ses romans sans qu'il soit considere comme un traître.
Mais le president Ilham Aliyev l'a traite comme tel. Ajout du carburant
a la campagne de haine, le president a depouille Aylisli du titre d'
" ecrivain du peuple " et de sa pension. Pendant ce temps, le fils
d'Aylisli, Najaf Naibov, a ete limoge d'un poste de direction au sein
du Comite national des douanes, et sa femme, Galina, a ete licenciee
en tant que directrice d'une bibliothèque publique pour enfants.
Plusieurs membres du Parlement ont vivement critique le travail
d'Aylisli comme etant une trahison et ont appele a ce qu'il soit dechu
de sa nationalite - meme si la Constitution azerbaïdjanaise interdit
une telle mesure. D'autres vont encore plus loin. " Certains deputes
m'accusent d'etre un " armenien " " a raconte Aylisli. " Est-ce un
crime d'etre armenien ? C'est du racisme ".
Le 13 fevrier, Sheikh-ul-Islam Haji Allahchukur Pashazade , responsable
du Bureau des musulmans du Caucase, un allie du gouvernement, a lance
une autre flechette en denoncant Aylisli comme un " infidèle ". Le
fait que la campagne contre Aylisli a prise uniquement de l'ampleur
dans les dernières semaines - un mois après que " Reves de pierre
" soit paru en decembre 2012 dans la revue litteraire russe Druzhba
Narodov - amène certains observateurs a Bakou a croire qu'elle est
destinee a detourner l'attention populaire des dernières, violentes
manifestations a Bakou et dans la ville regionale d'Ismayilli .
Quelques-uns suggèrent que le mecontentement officiel est dû a la
representation peu flatteuse d'Heydar Aliyev, père defunt du leader
actuel. Officiellement, Heydar Aliyev est venere comme l'architecte
en chef de l'Azerbaïdjan independant. " Reves de pierre " presente
l'ancien president, qui a dirige Parti communiste d'Azerbaïdjan
pendant près de 20 ans lors de la fin de l'ère sovietique mais se
refère a lui seulement comme " le maître ".
Peu importe si Akram Aylisli reste en Azerbaïdjan ou quitte le pays,
la controverse touche tous ses travaux. Reves de pierre fait partie
d'une trilogie envisage, le premier tome, intitule Yemen, a ete publie
en 1990. La dernière tranche, provisoirement intitule " Traffic Jam Big
", n'a pas ete publiee officiellement. Mais Akram Aylisli, sollicitant
des commentaires, a distribue un nombre limite de livres a Bakou entre
amis et collègues. Il a refuse de discuter du roman, mais il a reitere
son intention de le publier. Une personne qui a vu un projet a dit a
EurasiaNet.org que l'histoire porte sur les " crimes " qui auraient
ete commis pendant la presidence d'Heydar Aliyev entre 1993-2003.
La publication est une claire denonciation du vieux Aliyev qui pourrait
poser une contreverse plus grave encore pour la liberte de parole en
Azerbaïdjan que celle generee par " reves de pierre ".
Un ecrivain du Caucase, auteur de best-seller en Russie, Boris Akunin,
a emis quelques conseils. " [Mes] chers Azerbaïdjanais " a-t-il ecrit
dans son blog : " Ne savez-vous pas que l'Etat ne peut pas gagner ...
dans une guerre avec un ecrivain ? "
Note de l'editeur :
Shahin Abbasov est une journaliste independante basee a Bakou.
EurasiaNet.org
Traduction Armenews
dimanche 24 mars 2013, Stephane ©armenews.com
Article en anglais :
Azerbaijan: Writer Buckling Under Strain of Literary Controversy
Lire aussi :
L'ecrivain disgracie oblige de quitter l'Azerbaïdjan ?
La liberte d'expression en Azerbaïdjan
Azerbaïdjan: Le president Aliev punit l'ecrivain azeri Akram Aylisli
Appel urgent pour defendre les Justes azeris
Azerbaïdjan : haro sur le heros
Azerbaïdjan : un ecrivain accuse de " sympathie pour les Armeniens "
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Source/Lien : NAM