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Les Enjeux Geopolitiques D'Un Accord Armeno-Iranien Sur La Location

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    LES ENJEUX GEOPOLITIQUES D'UN ACCORD ARMENO-IRANIEN SUR LA LOCATION DE PATURAGES ARMENIENS AUX BERGERS IRANIENS

    L'accord toujours en discussion relatif a la location a des bergers
    iraniens de pâturages de montagnes au sud de l'Armenie suscite bien
    des controverses.

    Au-dela de l'aspect economique, cet accord prevoyant la mise a la
    disposition des bergers iraniens de quelque 800 000 hectares de
    pâturages dans la province de Syunik, où les Iraniens eleveraient
    eux-memes un cheptel ovin dont ils achètent de nombreuses tetes a
    l'Armenie, inquiète aussi par ses enjeux geopolitiques.

    Ceux-ci ont ete soulignes notamment dans un article de James Brook
    dans le Moscow Times, qui fait etat des critiques de militants
    ecologistes et d'autres opposants a l'encontre des projets en ce sens
    du gouvernement armenien,auquel ils reprochent de vouloir ceder en
    bail a un pays tiers de si vastes etendues de terres pastorales, aux
    confins de l'Iran et de l'Azerbaïdjan, dans une region de l'Armenie
    hautement strategique donc, qui risque, selon les detracteurs du
    projet, de voir affluer un grand nombre d'Iraniens d'origine azerie.

    La region du Syunik est en effet frontalière de la province
    de l'Azerbaïdjan iranien, peuplee en grande majorite d'Iraniens
    turcophones. Une telle perspective inquiète les detracteurs du projet,
    comme le militant ecologiste Evoyan, qui font valoir que la province
    du Syunik est le cordon ombilical reliant l'Armenie a l'Iran, mais que
    c'est aussi l'une des moins peuplees du pays ; alors qu'elle represente
    15 % du territoire de l'Armenie, cette portion de territoire armenien
    enclave entre la province azerbaïdjanaise du Nakhitchevan a l'ouest
    et le reste de l'Azerbaïdjan - meme si le contrôle du Karabagh par
    les Armeniens a repousse son hinterland bien plus a l'est - est aussi
    la moins peuplee, avec 5% seulement de la population armenienne.

    Le depart de la minorite azerie vivant dans la region durant la guerre
    armeno-azerie au debut des annees 1990 a cause en partie cette baisse
    de la demographie.

    La plupart des Azeris de la region se sont refugies alors
    en Azerbaïdjan et dans le nord de l'Iran et certains en Armenie
    redoutent qu'ils soient tentes de revenir dans les montagnes du
    Syunik sous la casquette du berger a la faveur de l'accord sur la
    location des pâturages. Car en raison de la faible densite de la
    population au sud de l'Armenie, les bergers iraniens concernes par
    cet accord pourraient venir avec leurs familles pour s'occuper du
    cheptel armenien. La demande en ovins de l'Iran, notamment pour les
    fetes religieuses musulmanes est enorme.

    Alors qu'il importe annuellement 2,5 millions de moutons et d'agneaux
    armeniens, l'Iran pourrait en elever 5 millions de tetes sur place
    dans le Syunik si l'accord etait conclu. Et etant donne la nature
    escarpee du terrain et son etendue, on peut difficilement imaginer
    qu'un seul berger s'occupe d'un troupeau de plus de 500 tetes. Ce
    sont donc quelque 10 000 bergers iraniens au moins qui seraient
    appeles a elever les troupeaux de moutons dans le sud de l'Armenie ;
    s'ils sont accompagnes de leurs familles, cela risque d'influer sur
    l'equilibre demographique de la region, expliquent les opposants au
    projet, qui posent la question de l'origine de cette population. Le
    protocole d'accord a en effet ete signe entre les autorites du Syunik
    et celles de la region iranienne frontalière, qui n'est autre que
    l'Azerbaïdjan oriental, province septentrionale de l'Iran qui est 20
    fois plus peuplee que le Syunik, avec quelque 17 millions d'habitants
    ; ceux-ci sont dans leur grande majorite azeris, une minorite qui se
    sent liee a la Republique d'Azerbaïdjan, meme si elle suscite la plus
    grande mefiance pour cette raison a Teheran, qui ne l'a d'ailleurs
    guère menagee. Autre motif de preoccupation : ces bergers irano-azeris
    viendront avec leurs familles, leurs chiens, et aussi peut-etre leurs
    fusils, destines a abattre les loups qui pullulent dans les montagnes
    du Zanguezour, où les bergers armeniens sont de moins en moins presents
    depuis 20 ans. Le gouvernement armenien offre ainsi une prime de 275
    $ pour chaque loup abattu. L'accord armeno-iranien presente donc le
    risque très serieux, pour ses detracteurs, de voir affluer dans les
    montagnes du sud de l'Armenie des dizaines de milliers d'Azeris en
    armes et revanchards.

    Le Zanguezour, que les forces armeniennes, dirigees par le general
    Andranik, avaient reussi a soustraire aux convoitises azeries, serait
    ainsi menace, un siècle après, par une reconquete larvee des Azeris,
    conclut M. Evoyan.

    vendredi 29 mars 2013, Gari ©armenews.com

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