MOBILISATION POUR UN LYCEEN PARISIEN EXPULSE EN ARMENIE
Liberation, France
16 oct 2013
Sylvain MOUILLARD 16 octobre 2013 a 17:10
REPORTAGE
Khatchik, elève en CAP dans un lycee parisien, a ete expulse le
week-end dernier vers l'Armenie. Revoltes, des elèves de la capitale
ont manifeste devant le rectorat.
Khatchik Kachatryan a ete arrete le jour de son anniversaire, le 19
septembre. Le lyceen, scolarise a Paris mais sans-papiers, fetait ses
19 ans. Envoye dans la foulee au centre de retention administrative
(CRA) de Vincennes, il a ete expulse samedi dernier, au petit matin,
vers l'Armenie, son pays d'origine. Mais ses anciens camarades de
classe ne desarment pas. Depuis un mois, ils se battent pour que
Khatchik puisse construire son avenir en France. Ils s'etaient donne
rendez-vous ce mercredi matin, devant le rectorat de Paris (dans le
XXe arrondissement), pour protester contre la politique d'expulsion
des elèves etrangers. Durant près de deux heures, plusieurs centaines
d'elèves, venus de divers etablissements de la capitale, ont bloque la
circulation sur l'avenue Gambetta. Leurs slogans : "Liberez Khatchik
!" et "Valls demission !"
Ulysse a 16 ans. Elève en première au lycee Helène-Boucher (XXe),
il ne connaissait pas le jeune Armenien, mais est quand meme venu
lui apporter son soutien. "C'est une expulsion parmi tant d'autres,
et ce n'est pas normal. Toutes les personnes qui sont scolarisees
en France devraient etre regularisees." Steven, lui, a rencontre
Khatchik debut septembre, lors de la rentree scolaire. Elève dans la
meme classe de CAP entreposage, au lycee professionnel Camille-Jenatzy
(XVIIIe), il decrit quelqu'un de "sympathique", qui "voulait donner
les moyens a ses parents de sortir de leurs problèmes".
L'adolescent se felicite de la mobilisation pour son camarade de
classe. "On avait reussi a empecher son embarquement dans un premier
avion pour l'Armenie. Meme s'il a fini par etre renvoye, on continue
!" Il appuie : "Jamais je n'aurais pense faire quelque chose comme ca.
Avant, je serais reste dans mon coin. Mais la, je me dis que je
n'aimerais vraiment pas etre a sa place."
La prison ou le service militaire
Depuis son retour en Armenie, Khatchik est assigne a residence dans
son village d'origine. Place sous contrôle judiciaire, il risque,
d'après le Reseau education sans frontières (RESF), trois a cinq
ans de prison pour insoumission. A leur majorite, tous les jeunes
hommes armeniens doivent en effet se faire recenser. Ce que Khatchik,
refugie en France en raison des activites politiques de son père,
n'a evidemment pas fait... S'il echappait a l'emprisonnement,
Khatchik devrait de toute facon effectuer son service militaire
a partir du 1er novembre. Soit, selon RESF, deux ans de service,
"avec des risques reels d'avoir a mener des operations de guerre".
La famille de Khatchik, elle, est toujours en France. Inquiète et
cachee : "Ses parents et leurs autres enfants sont sous le coup d'une
Obligation de quitter le territoire (OQTF) depuis le mois de juin,
souligne Dante Bassino, representant de RESF et de la CGT Educ'action.
Ils ont très peur et ne comprennent pas pourquoi leur fils a ete
expulse." Arrives en France en 2011, les Kachatryan ont vu leurs
demandes d'asile refusees, "car l'Armenie est consideree comme un
pays sûr".
Nouvelle mobilisation jeudi Dante Bassino espère que la mobilisation
des elèves et professeurs incitera les autorites francaises a faire
machine arrière. Plusieurs elus de gauche de la capitale, dont la
candidate a la mairie de Paris Anne Hidalgo, ont signe un appel
pour Khatchik, demandant l'arret des expulsions de lyceens. Jacques
Daguenet, adjoint au maire du XIe et present au rassemblement devant
le rectorat, va plus loin : "Il est grand temps de regler la situation
de ces jeunes scolarises mais prives de papiers. J'esperais de la
gauche qu'elle le fasse, ce n'est pas le cas. On en est encore au
système du cas par cas, a la discretion des prefectures."
A ses côtes, Christine Maillard, professeur au lycee Dorian, le
premier etablissement de Khatchik, s'emporte : "Le dernier lyceen
parisien expulse, ca remonte a 2006, alors que Nicolas Sarkozy etait
ministre de l'Interieur. Cela avait fait suffisamment de bruit pour
que ca ne se reproduise pas pendant sept ans. Et la, en 2013, sous un
gouvernement de gauche, on recommence avec les memes attitudes..." Du
côte des elèves, on appelle a un blocage des lycees parisiens ce jeudi
et a une manifestation de la place de la Nation jusqu'au ministère
de l'Interieur.
http://www.liberation.fr/societe/2013/10/16/mobilisation-pour-un-lyceen-parisien-expulse-en-armenie_939990
From: Baghdasarian
Liberation, France
16 oct 2013
Sylvain MOUILLARD 16 octobre 2013 a 17:10
REPORTAGE
Khatchik, elève en CAP dans un lycee parisien, a ete expulse le
week-end dernier vers l'Armenie. Revoltes, des elèves de la capitale
ont manifeste devant le rectorat.
Khatchik Kachatryan a ete arrete le jour de son anniversaire, le 19
septembre. Le lyceen, scolarise a Paris mais sans-papiers, fetait ses
19 ans. Envoye dans la foulee au centre de retention administrative
(CRA) de Vincennes, il a ete expulse samedi dernier, au petit matin,
vers l'Armenie, son pays d'origine. Mais ses anciens camarades de
classe ne desarment pas. Depuis un mois, ils se battent pour que
Khatchik puisse construire son avenir en France. Ils s'etaient donne
rendez-vous ce mercredi matin, devant le rectorat de Paris (dans le
XXe arrondissement), pour protester contre la politique d'expulsion
des elèves etrangers. Durant près de deux heures, plusieurs centaines
d'elèves, venus de divers etablissements de la capitale, ont bloque la
circulation sur l'avenue Gambetta. Leurs slogans : "Liberez Khatchik
!" et "Valls demission !"
Ulysse a 16 ans. Elève en première au lycee Helène-Boucher (XXe),
il ne connaissait pas le jeune Armenien, mais est quand meme venu
lui apporter son soutien. "C'est une expulsion parmi tant d'autres,
et ce n'est pas normal. Toutes les personnes qui sont scolarisees
en France devraient etre regularisees." Steven, lui, a rencontre
Khatchik debut septembre, lors de la rentree scolaire. Elève dans la
meme classe de CAP entreposage, au lycee professionnel Camille-Jenatzy
(XVIIIe), il decrit quelqu'un de "sympathique", qui "voulait donner
les moyens a ses parents de sortir de leurs problèmes".
L'adolescent se felicite de la mobilisation pour son camarade de
classe. "On avait reussi a empecher son embarquement dans un premier
avion pour l'Armenie. Meme s'il a fini par etre renvoye, on continue
!" Il appuie : "Jamais je n'aurais pense faire quelque chose comme ca.
Avant, je serais reste dans mon coin. Mais la, je me dis que je
n'aimerais vraiment pas etre a sa place."
La prison ou le service militaire
Depuis son retour en Armenie, Khatchik est assigne a residence dans
son village d'origine. Place sous contrôle judiciaire, il risque,
d'après le Reseau education sans frontières (RESF), trois a cinq
ans de prison pour insoumission. A leur majorite, tous les jeunes
hommes armeniens doivent en effet se faire recenser. Ce que Khatchik,
refugie en France en raison des activites politiques de son père,
n'a evidemment pas fait... S'il echappait a l'emprisonnement,
Khatchik devrait de toute facon effectuer son service militaire
a partir du 1er novembre. Soit, selon RESF, deux ans de service,
"avec des risques reels d'avoir a mener des operations de guerre".
La famille de Khatchik, elle, est toujours en France. Inquiète et
cachee : "Ses parents et leurs autres enfants sont sous le coup d'une
Obligation de quitter le territoire (OQTF) depuis le mois de juin,
souligne Dante Bassino, representant de RESF et de la CGT Educ'action.
Ils ont très peur et ne comprennent pas pourquoi leur fils a ete
expulse." Arrives en France en 2011, les Kachatryan ont vu leurs
demandes d'asile refusees, "car l'Armenie est consideree comme un
pays sûr".
Nouvelle mobilisation jeudi Dante Bassino espère que la mobilisation
des elèves et professeurs incitera les autorites francaises a faire
machine arrière. Plusieurs elus de gauche de la capitale, dont la
candidate a la mairie de Paris Anne Hidalgo, ont signe un appel
pour Khatchik, demandant l'arret des expulsions de lyceens. Jacques
Daguenet, adjoint au maire du XIe et present au rassemblement devant
le rectorat, va plus loin : "Il est grand temps de regler la situation
de ces jeunes scolarises mais prives de papiers. J'esperais de la
gauche qu'elle le fasse, ce n'est pas le cas. On en est encore au
système du cas par cas, a la discretion des prefectures."
A ses côtes, Christine Maillard, professeur au lycee Dorian, le
premier etablissement de Khatchik, s'emporte : "Le dernier lyceen
parisien expulse, ca remonte a 2006, alors que Nicolas Sarkozy etait
ministre de l'Interieur. Cela avait fait suffisamment de bruit pour
que ca ne se reproduise pas pendant sept ans. Et la, en 2013, sous un
gouvernement de gauche, on recommence avec les memes attitudes..." Du
côte des elèves, on appelle a un blocage des lycees parisiens ce jeudi
et a une manifestation de la place de la Nation jusqu'au ministère
de l'Interieur.
http://www.liberation.fr/societe/2013/10/16/mobilisation-pour-un-lyceen-parisien-expulse-en-armenie_939990
From: Baghdasarian