Announcement

Collapse
No announcement yet.

Egypte/Turquie : Le Tweet Du Genocide Armenien

Collapse
X
 
  • Filter
  • Time
  • Show
Clear All
new posts

  • Egypte/Turquie : Le Tweet Du Genocide Armenien

    EGYPTE/TURQUIE : LE TWEET DU GéNOCIDE ARMéNIEN

    http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=75477
    Publié le : 11-09-2013

    Info Collectif VAN -www.collectifvan.org - Un message sur Twitter
    suggérant que le gouvernement intérimaire au Caire pourrait
    reconnaître le génocide arménien a mis les nerfs a vif en
    Turquie. Â" C'était un message posté sur ce qui était censé
    être le compte Twitter personnel de Mansour. Â" Nos représentants
    aux Nations-Unies signeront le document international reconnaissant
    le génocide arménien commis par les militaires turcs, et qui a
    causé la mort d'un million de personnes Â", indiquait le message en
    arabe. Rapidement, les Turcs, les Arméniens et les Arabes de tout bord
    ont tweeté frénétiquement cette nouvelle. Les journaux égyptiens
    et turcs ont également publié le message -- ces derniers employant
    principalement le ridicule cliché officiel d'Ankara, Â" le prétendu
    génocide. Â" De leur côté, les sites arméniens d'informations ont
    semblé bien accueillir ce nouveau développement. Â" Le porte-parole
    du ministère [turc] des Affaires étrangères, Levent Gumrukcu, a
    été le premier a rejeter cette information : Â" La partie égyptienne
    nous a déclaré que le président par intérim, Mansour, n'a même
    pas de compte Twitter. Â" Le Collectif VAN vous propose la traduction
    d'un article en anglais de Yasemin Congar, paru sur le site Al-Monitor
    le 23 aoÃ"t 2013.

    Al-Monitor

    Un message égyptien sur Twitter énerve la Turquie

    De Yasemin Congar Posté le 23 aout.

    J'ai appris ce que signifie Â" khatchkar Â" il y a quelques années
    en Ã~Igypte.

    J'ai toujours connu le mot, bien sÃ"r. Tous les écoliers turcs
    le connaissent. C'est la chaîne montagneuse du nord-est que nous
    coloriions en marron foncé sur nos cartes de l'Anatolie dessinées
    a la main. Nous laissions même une tache blanche au milieu pour
    suggérer un sommet de neige éternelle et y écrire : Kackar.

    C'était un mot indéfini, mais dans mon jeune esprit rêveur, je
    l'associais a des pistes de ski scintillantes - une image sans doute
    fortifiée par la signification littérale des deux syllabes du mot,
    kac (évasion) et kar (neige).

    Cette image a fondu trois décennies plus tard, alors que je me
    tenais devant un mur de marbre vert dans l'église St Grégoire
    l'Illuminateur, dans l'avenue Ramsès au Caire. La, accroché sur
    le mur au niveau des yeux, se trouvait un cadre avec deux icones
    d'oiseaux se faisant face et une croix sculptée au-dessus d'eux.

    Â" Le khatchkar est magnifique Â", a dit Garen Mouradian, un collègue
    arméno-égyptien qui m'avait accompagné a l'église.

    Â" Khatchkar? Â", ai-je demandé, en regardant toujours le tableau.

    Â" Allez, tu dois bien connaître le mot Â", a dit Garen. Â" Comme
    les montagnes. Â"

    Ensuite, il m'a expliqué ce que khatchkar signifie : une croix de
    pierre qui était une forme typique de sculpture dans l'art médiéval
    chrétien. J'ai réalisé que ma montagne au sommet enneigé, comme
    tant de formations terrestres et d'anciens sites anatoliens, portait
    un nom arménien.

    Nous, les Turcs, -- du moins ceux d'entre nous ayant une certaine
    curiosité d'esprit -- avons tous nos histoires d'éveil au passé
    arménien de notre pays et, en résultant, une éducation en
    autodidacte pour essayer d'effacer les niveaux d'ignorance que le
    système scolaire a instillés en chacun de nous, système qui ferme
    les yeux sur les crimes de nos ancêtres.

    Ma visite a l'église St Grégoire au Caire faisait partie de cet
    effort. Ayant déja lu plusieurs récits concernant le Medz Yeghern
    ou Â" la grande tragédie Â" infligée aux Arméniens ottomans, je
    faisais une série d'interviews de membres de la diaspora arménienne
    dans cette région.

    Je suis spécialement allée dans cette église pour voir le monument
    qui a été érigé en hommage au million et demi d'Arméniens tués
    en 1915.

    Garen m'a traduit l'inscription qui donnait la date et le nombre de
    victimes, mais qui n'incluait pas le mot "génocide."

    Il pensait -- comme moi-même -- que les actes commis a l'encontre
    des Arméniens équivalaient a ce qui a été défini comme acte de
    génocide par les Nations Unies en 1948, mais il n'imaginait pas que
    l'Ã~Igypte d'Hosni Mubarak le reconnaîtrait jamais. Â" La Turquie
    est bien trop importante pour qu'on la contrarie Â", a-t-il dit.

    Donc, lorsque la possibilité d'une telle décision du Caire --
    bien que ce soit un autre gouvernement non-démocratique -- a été
    récemment évoquée, je me suis demandé ce qui avait changé.

    D'une certaine facon, le contexte est évident. Le 15 aoÃ"t, le Premier
    ministre de la Turquie, Recep Tayyip Erdogan, a réagi fortement aux
    tueries brutales survenues en Ã~Igypte. Critiquant le coup militaire
    en des termes très violents, il a appelé ce qu'il s'est passé dans
    les rues du Caire Â" un vrai massacre. Â"

    Une traduction des paroles d'Erdogan est apparue sur divers sites
    d'informations le jour suivant, le citant mal, disant qu'il avait
    qualifié les massacres de 'génocide'. Puis, le 17 aoÃ"t, une autre
    déclaration, qui provenait supposément du président égyptien par
    intérim, Adly Mansour, est apparue et a été largement interprétée
    comme un quid pro quo [Nota CVAN : un échange de bon procédé].

    C'était un message posté sur ce qui était censé être le compte
    Twitter personnel de Mansour. Â" Nos représentants aux Nations
    Unies signeront le document international reconnaissant le génocide
    arménien commis par les militaires turcs, et qui a causé la mort
    d'un million de personnes Â", indiquait le message en arabe.

    Rapidement, les Turcs, les Arméniens et les Arabes de tout bord ont
    tweeté frénétiquement cette nouvelle. Les journaux égyptiens et
    turcs ont également publié le message -- ces derniers employant
    principalement le ridicule cliché officiel d'Ankara, Â" le prétendu
    génocide. Â"

    De leur côté, les sites arméniens d'information ont semblé bien
    accueillir ce nouveau développement.

    Ã~@ mes yeux, la condamnation la plus dure du message de Mansour
    provenait de Rober Koptas, l'éditeur en chef de l'hebdomadaire
    arménien Agos.

    Â" Ceux qui ont l'intention de reconnaître le génocide arménien,
    parce qu'ils sont fâchés avec la Turquie, font essentiellement
    preuve de manque de respect vis-a-vis des victimes du génocide Â",
    a écrit Koptas dans les messages suivants sur Twitter. Â" Cela
    signifie que le génocide n'a pas été reconnu jusqu'a ce jour,
    parce que les relations avec la Turquie étaient bonnes. Existe-t-il
    une chose plus immorale que cela ? Â"

    Ruben Melkonyan, le doyen du Département des études orientales a
    l'université d'Erevan, a également réagi a cette intention supposée
    du Caire. Il a déclaré au site arménien Tert.am que si l'Ã~Igypte
    avait pris la décision de reconnaître le génocide arménien plus
    tôt, cela aurait été plus honnête et louable.

    Â" Pour nous, il est naturellement important qu'un pays arabe tel
    que l'Ã~Igypte reconnaisse et condamne le génocide, sachant, en
    particulier, que les Arméniens ont joué un rôle essentiel dans
    l'histoire de l'Ã~Igypte. Mais, ... le choix du moment donne lieu a
    quelques inquiétudes. Â"

    Plus tard, tout cela s'est avéré être une tempête dans 140 signes.

    Le porte-parole du ministère [turc] des Affaires étrangères,
    Levent Gumrukcu, a été le premier a rejeter cette information : Â"
    La partie égyptienne nous a déclaré que le président par intérim,
    Mansour, n'a même pas de compte Twitter. Â" L'Ã~Igypte a suivi le
    jour suivant avec une déclaration de sa représentation permanente
    aux Nations Unies.

    Alors, est-ce que toutes ces disputes n'étaient que beaucoup de
    bruit pour rien ?

    Ã~@ peine. Ce qui semble être désormais un ballon d'essai pour
    l'Ã~Igypte, si ce n'était pas une tentative totale d'intimidation
    vis-a-vis d'Erdogan, a clairement touché un point sensible a Ankara
    et révélé une certaine dose de panique.

    Moins de 48 heures après que la Turquie a rappelé son
    ambassadeur d'Ã~Igypte, les diplomates turcs se sont mis a travailler
    furieusement via leurs canaux au Caire et a New-York pour prévenir une
    éventuelle action du gouvernement intérimaire égyptien aux Nations
    Unies. Lorsque le message a finalement été désavoué par Mansour,
    le soupir de soulagement d'Ankara a été entendu dans le monde entier.

    Les critiques dures mais justifiées de la Turquie envers les
    autorités égyptiennes ont déja été considérées dans la région
    comme reflétant un double standard, étant donné qu'Erdogan a
    approuvé les récentes brutalités policières a Istanbul. L'impact
    de la position turque vis-a-vis de l'Ã~Igypte s'affaiblit encore
    davantage, étant donné que l'on a rappelé a la communauté
    internationale l'incapacité d'Ankara a aborder le plus grand crime
    de sa propre histoire.

    Rober Koptas a raison. Peu de choses peuvent être plus immorales
    que le fait de traiter la question du génocide comme du football
    politique.

    Néanmoins, au moment où le compte a rebours des commémorations
    mondiales du centenaire du génocide, avec le slogan "Remember,
    remind and reclaim" (Â" Se souvenir, rappeler et réclamer Â")
    va bientôt s'enclencher, des joueurs internationaux ont pu être
    tentés par un Â" faux Â" tweet.

    Avant que le tweet ne soit réfuté, j'avais écrit un email a Garen
    -- qui vit aujourd'hui hors d'Ã~Igypte -- pour lui demander s'il en
    avait entendu parler. Â" Peu importe le tweet Â", a-t-il répondu,
    Â" ces derniers jours, les journaux égyptiens se sont activement
    occupés a redécouvrir le génocide. L'armée veut le soutien de la
    minorité arménienne, je suppose. Â"

    Puis il a ajouté : Â" Tu te souviens encore de ce que khatchkar
    signifie ? Â"

    ©Traduction de l'anglais C.Gardon pour le Collectif VAN - 11 septembre
    2013 -www.collectifvan.org

    Yasemin Congar est l'auteure de quatre livres en turc, parmi eux
    Artık Sır Degil (Ce n'est plus un secret), une analyse détaillée
    des câbles diplomatiques américains sur la Turquie rendus publics
    pour la première fois par WikiLeaks. Ancienne responsable de Milliyet
    (1995-2007) au bureau de Washington et assistante de l'éditeur en
    chef de Taraf (2007-2012), Congar est actuellement basée a Istanbul
    et écrit pour le journal en ligne T24.

    Retour a la rubrique

    Source/Lien : Al-Monitor

Working...
X