Le Figaro, France
Jeudi 26 Septembre 2013
Les chrétiens d'Orient en danger
Karam, Patrick
Les auteurs* appellent les diplomaties européennes à agir pour faire
respecter les droits de ces communautés. Villages rasés, massacres
collectifs, meurtres de religieux et de civils (femmes, enfants,
vieillards), viols, enlèvements, persécutions à grande échelle,
églises incendiées, monastères et écoles détruites, les chrétiens
d'Orient vivent aujourd'hui dans l'angoisse du lendemain, dans la peur
et la souffrance quotidiennes.Une épuration religieuse massive et
silencieuse est en cours en Égypte, en Irak, en Syrie et bientôt
peut-être au Liban.Une stratégie de la terreur est déployée dans cette
région du monde, elle vise à éliminer toute présence chrétienne, toute
identité multiple, tout souvenir du christianisme et de son rôle
historique dans la construction de ces peuples et de ces États. Elle
vise à rendre cet espace géopolitique hostile et impénétrable à
l'Occident.Et que font les diplomaties européennes ? Elles regardent
ailleurs. Elles ne veulent pas entendre l'indicible ou voir
l'impensable et se rendent coupables de complicité de crimes à grande
échelle, qui prennent le caractère de crimes contre l'humanité.Elles
parlent des droits de l'homme, de démocratie et, dans le même temps,
elles mènent des politiques qui sont dans les faits aveugles et
sourdes à la souffrance humaine lorsqu'il s'agit de chrétiens.
Elles combattent à juste titre des régimes au nom des idéaux
démocratiques et détournent le regard lorsque des alliés directs ou
indirects massacrent uniquement en raison de la religion.En Égypte,
pourquoi ne pas condamner les églises incendiées, les écoles brûlées,
les exactions quotidiennes contre les coptes exercées par les milices
des Frères musulmans ?En Irak, combien de destructions d'écoles et
d'églises, combien de massacres impunis de chrétiens sont intervenus
par la suite dans l'indifférence de l'Occident ?Faut-il rester
indifférents aux massacres de Syriens, uniquement parce qu'ils sont
chrétiens, et à l'enlèvement des deux évêques d'Alep et de prêtres par
les groupes islamistes ?En Terre sainte, le nombre de chrétiens ne
cesse de diminuer.Au Liban, pays francophone, les chrétiens
deviendront bientôt une minorité ; leur situation instable et précaire
conduit nombre d'entre eux à préférer l'exil aux incertitudes
sécuritaires et aux pressions des islamistes radicaux.Nulle pression,
nulle protestation ! Les puissances occidentales restent sourdes aux
suppliques des responsables et des organisations représentatives,
laïcs et religieux, qui tirent les sonnettes d'alarme et demandent une
réaction de la France et de l'Europe.Pourquoi ?Ont-ils anticipé la
disparition des chrétiens en Orient ? Ont-ils fait le deuil d'une
présence antérieure à l'implantation de l'islam, d'un peuplement
historiquement ouvert et bienveillant envers l'Occident ?Nous lançons
un appel à la France, aux Français et à l'ensemble des nations
européennes afin que la diplomatie prenne en compte l'existence de
populations chrétiennes, de problématiques spécifiques, d'un Orient
divers, et agisse désormais pour faire respecter les droits des
chrétiens en Orient.C'est l'intérêt de la France, de l'Europe, et de
la communauté internationale. Les chrétiens d'Orient ont toujours
représenté l'antidote de l'extrémisme ainsi qu'un vecteur de tolérance
entre les communautés. Leur disparition aboutira à l'exacerbation de
l'intolérance et de la violence aux portes de l'Europe.C'est aussi
l'intérêt des populations de cette région du monde. Les chrétiens
d'Orient ont toujours vécu en harmonie avec les musulmans et les juifs
et ils doivent pouvoir continuer à vivre de façon conviviale et
paisible avec toutes les communautés, afin de sauvegarder un Orient
multiculturel, qui porte un message universel de paix, de dialogue
fécond des cultures et de vivre-ensemble.La France et l'Europe doivent
évaluer leur politique dans cette région du monde et prendre en compte
son impact et ses conséquences pour les populations chrétiennes
concernées.Les gouvernements de ces pays, à l'instar de leurs
oppositions, doivent désormais être comptables de la survie et de la
sécurité des chrétiens. La France comme l'Europe doivent lier leur
aide et leur appui certes à la démocratie, aux droits des femmes mais
aussi à la défense des communautés chrétiennes et à leur droit de
vivre leur différence dans un espace qu'ils habitent depuis près de
deux millénaires.*Patrick Karam, conseiller régional, ancien délégué
interministériel, avec : Daniel Rondeau, écrivain, ancien ambassadeur
; Mgr Nasser Gemayel, évêque de l'Éparchie maronite de France ; Mgr
Charbel Maalouf, représentant du patriarche grec-catholique (rite
melkite) ; Mgr Abba Athanasios, évêque de l'Église orthodoxe copte
française ; pasteur Joël Mikaelian, président de l'Union des Églises
évangéliques arméniennes de France ; Patrice Djololian, président du
diocèse de l'Église apostolique arménienne de France ; Arménag
Aprahamian, Conseil national d'Arménie occidentale ; père Kevork
Assadourian, Église arménienne catholique ; Sona Attamian, Union
générale arménienne de bienfaisance (Ugab France) ; Pierre Awad,
Association copte d'Europe ; Thomas Aydin, Association cultuelle
syriaque (Syriens, Irakiens) ; Marc Fromager, directeur de « L'Aide à
l'Église en détresse » (AED) ; Moussa Ghanem, Regroupement des
associations de Libanais de France (Ralf) ; Adel Gorchy, Association
des coptes de France ; Élie Haddad, Parti « Rassemblement pour le
Liban » ; Jérôme Hajjar, Conseil économique de Saint-Julien-le-Pauvre
; Philippe Haroutiounian, Union franco-arménienne ; Pierre Joseph,
Union des patriotes syriens (Upsy) ; Arda Kalayjian, Groupe pour la
sécurité des Arméniens de Syrie ; Roueida Khoury, Association des
chrétiens de Syrie ; Jean Maher, Organisation franco-égyptienne pour
les droits de l'homme (Ofedh) ; Rezk Shehata, Laïcité pour tous ;
Bassam Tahhan, Rassemblement pour la Syrie (RPS) ; Michel Varton,
président de l'organisation Portes ouvertes ; père Élie Warde, Église
syriaque catholique ; Elish Yako, Association d'entraide aux minorités
d'Orient.Les chrétiens d'Orient ont toujours représenté l'antidote de
l'extrémisme ainsi qu'un vecteur de tolérance entre les communautés.
Leur disparition aboutira à l'exacerbation de l'intolérance et de la
violence aux portes de l'Europe
From: Baghdasarian
Jeudi 26 Septembre 2013
Les chrétiens d'Orient en danger
Karam, Patrick
Les auteurs* appellent les diplomaties européennes à agir pour faire
respecter les droits de ces communautés. Villages rasés, massacres
collectifs, meurtres de religieux et de civils (femmes, enfants,
vieillards), viols, enlèvements, persécutions à grande échelle,
églises incendiées, monastères et écoles détruites, les chrétiens
d'Orient vivent aujourd'hui dans l'angoisse du lendemain, dans la peur
et la souffrance quotidiennes.Une épuration religieuse massive et
silencieuse est en cours en Égypte, en Irak, en Syrie et bientôt
peut-être au Liban.Une stratégie de la terreur est déployée dans cette
région du monde, elle vise à éliminer toute présence chrétienne, toute
identité multiple, tout souvenir du christianisme et de son rôle
historique dans la construction de ces peuples et de ces États. Elle
vise à rendre cet espace géopolitique hostile et impénétrable à
l'Occident.Et que font les diplomaties européennes ? Elles regardent
ailleurs. Elles ne veulent pas entendre l'indicible ou voir
l'impensable et se rendent coupables de complicité de crimes à grande
échelle, qui prennent le caractère de crimes contre l'humanité.Elles
parlent des droits de l'homme, de démocratie et, dans le même temps,
elles mènent des politiques qui sont dans les faits aveugles et
sourdes à la souffrance humaine lorsqu'il s'agit de chrétiens.
Elles combattent à juste titre des régimes au nom des idéaux
démocratiques et détournent le regard lorsque des alliés directs ou
indirects massacrent uniquement en raison de la religion.En Égypte,
pourquoi ne pas condamner les églises incendiées, les écoles brûlées,
les exactions quotidiennes contre les coptes exercées par les milices
des Frères musulmans ?En Irak, combien de destructions d'écoles et
d'églises, combien de massacres impunis de chrétiens sont intervenus
par la suite dans l'indifférence de l'Occident ?Faut-il rester
indifférents aux massacres de Syriens, uniquement parce qu'ils sont
chrétiens, et à l'enlèvement des deux évêques d'Alep et de prêtres par
les groupes islamistes ?En Terre sainte, le nombre de chrétiens ne
cesse de diminuer.Au Liban, pays francophone, les chrétiens
deviendront bientôt une minorité ; leur situation instable et précaire
conduit nombre d'entre eux à préférer l'exil aux incertitudes
sécuritaires et aux pressions des islamistes radicaux.Nulle pression,
nulle protestation ! Les puissances occidentales restent sourdes aux
suppliques des responsables et des organisations représentatives,
laïcs et religieux, qui tirent les sonnettes d'alarme et demandent une
réaction de la France et de l'Europe.Pourquoi ?Ont-ils anticipé la
disparition des chrétiens en Orient ? Ont-ils fait le deuil d'une
présence antérieure à l'implantation de l'islam, d'un peuplement
historiquement ouvert et bienveillant envers l'Occident ?Nous lançons
un appel à la France, aux Français et à l'ensemble des nations
européennes afin que la diplomatie prenne en compte l'existence de
populations chrétiennes, de problématiques spécifiques, d'un Orient
divers, et agisse désormais pour faire respecter les droits des
chrétiens en Orient.C'est l'intérêt de la France, de l'Europe, et de
la communauté internationale. Les chrétiens d'Orient ont toujours
représenté l'antidote de l'extrémisme ainsi qu'un vecteur de tolérance
entre les communautés. Leur disparition aboutira à l'exacerbation de
l'intolérance et de la violence aux portes de l'Europe.C'est aussi
l'intérêt des populations de cette région du monde. Les chrétiens
d'Orient ont toujours vécu en harmonie avec les musulmans et les juifs
et ils doivent pouvoir continuer à vivre de façon conviviale et
paisible avec toutes les communautés, afin de sauvegarder un Orient
multiculturel, qui porte un message universel de paix, de dialogue
fécond des cultures et de vivre-ensemble.La France et l'Europe doivent
évaluer leur politique dans cette région du monde et prendre en compte
son impact et ses conséquences pour les populations chrétiennes
concernées.Les gouvernements de ces pays, à l'instar de leurs
oppositions, doivent désormais être comptables de la survie et de la
sécurité des chrétiens. La France comme l'Europe doivent lier leur
aide et leur appui certes à la démocratie, aux droits des femmes mais
aussi à la défense des communautés chrétiennes et à leur droit de
vivre leur différence dans un espace qu'ils habitent depuis près de
deux millénaires.*Patrick Karam, conseiller régional, ancien délégué
interministériel, avec : Daniel Rondeau, écrivain, ancien ambassadeur
; Mgr Nasser Gemayel, évêque de l'Éparchie maronite de France ; Mgr
Charbel Maalouf, représentant du patriarche grec-catholique (rite
melkite) ; Mgr Abba Athanasios, évêque de l'Église orthodoxe copte
française ; pasteur Joël Mikaelian, président de l'Union des Églises
évangéliques arméniennes de France ; Patrice Djololian, président du
diocèse de l'Église apostolique arménienne de France ; Arménag
Aprahamian, Conseil national d'Arménie occidentale ; père Kevork
Assadourian, Église arménienne catholique ; Sona Attamian, Union
générale arménienne de bienfaisance (Ugab France) ; Pierre Awad,
Association copte d'Europe ; Thomas Aydin, Association cultuelle
syriaque (Syriens, Irakiens) ; Marc Fromager, directeur de « L'Aide à
l'Église en détresse » (AED) ; Moussa Ghanem, Regroupement des
associations de Libanais de France (Ralf) ; Adel Gorchy, Association
des coptes de France ; Élie Haddad, Parti « Rassemblement pour le
Liban » ; Jérôme Hajjar, Conseil économique de Saint-Julien-le-Pauvre
; Philippe Haroutiounian, Union franco-arménienne ; Pierre Joseph,
Union des patriotes syriens (Upsy) ; Arda Kalayjian, Groupe pour la
sécurité des Arméniens de Syrie ; Roueida Khoury, Association des
chrétiens de Syrie ; Jean Maher, Organisation franco-égyptienne pour
les droits de l'homme (Ofedh) ; Rezk Shehata, Laïcité pour tous ;
Bassam Tahhan, Rassemblement pour la Syrie (RPS) ; Michel Varton,
président de l'organisation Portes ouvertes ; père Élie Warde, Église
syriaque catholique ; Elish Yako, Association d'entraide aux minorités
d'Orient.Les chrétiens d'Orient ont toujours représenté l'antidote de
l'extrémisme ainsi qu'un vecteur de tolérance entre les communautés.
Leur disparition aboutira à l'exacerbation de l'intolérance et de la
violence aux portes de l'Europe
From: Baghdasarian