DES EXPERTS APPELLENT AU REEXAMEN DU JUGEMENT DE LA CEDH DU PROCES SUR LA NEGATION DU GENOCIDE,
Cour Europeenne des droits de l'Homme
Ayant releve ' Des Inexactitudes Historiques et Conceptuelles '
dans la Decision de la Cour
Boston, Mass. (A.W.) Des experts du genocide, inquiets, on ecrit
une lettre ouverte, relevant des " inexactitudes historiques et
conceptuelles " dans la decision de la Cour Europeenne dans l'affaire
Dogu Perincek c/ Suisse, et appellent le gouvernement de Suisse a
demander un reexamen du jugement de la Cour.
Le texte de la lettre , dans son integralite, publie le 14 fevrier,
est repris ci-après.
Lettre ouverte a :
Madame la Conseillère Federale Simonetta Sommaruga, Cheffe du
departement federal de justice et police (DF JP) Palais federal ouest -
CH-3003 Berne
Ayant pris connaissance de la decision de la Cour dans l'affaire Dogu
Perincek c/ Suisse (ECHR 370,230,27 decembre 2013), nous, concernes en
tant qu'experts du genocide, pensons qu'il est imperatif de repondre
a des inexactitudes historiques et conceptuelles qui contenues dans
la decision, et nous pensons que ces inexactitudes ont une grave
signification ethique et sociale.
Nous ne remettons nullement en question la notion de droit
d'expression, chose que les experts admettent la plupart du temps
comme faisant partie d'une societe ouverte et democratique. Nous
sommes malgre tout interpelles par des elements du raisonnement de la
Cour qui sont en contradiction avec les faits, s'agissant des donnees
historiques sur le Genocide armenien de 1915, et en contradiction
avec une evaluation ethique du negationnisme.
La decision affirme que 1) " genocide est une notion de droit très
etroite dont la preuve est difficile a apporter " ; 2) la Cour doutait
qu'il puisse y avoir un consensus general sur des evenements tels
que ceux en cause ici, etant donne que la recherche historique est
par definition controversee et discutable ou ne se prete guère a des
conclusions definitives ou a des verites objectives et absolues ;
la cour emploie l'expression " debat enflamme " en se referant au
contexte politique actuel entourant le Genocide armenien.
Premièrement, c'est une conclusion absolue des experts qui etudient le
genocide (des centaines d'universitaires independants, qui n'ont aucune
affiliation avec des gouvernements, et les travaux qui se sont deroules
sur des decennies sont le fait de nombreux pays et nationalites ) :
le massacre massif d'Armeniens par les Ottomans est conforme a tous
les aspects de la definition donnee a l'article 2 de la Convention des
Nations Unies pour la Prevention et la Repression du Crime de Genocide.
En 1997, l'Association Internationale des Experts du le Genocide,
(IAGS) le corps le plus important de experts qui etudient le genocide,
a vote une resolution reconnaissant unanimement les massacres
ottoman comme un genocide. Le Centre International pour la Justice
Transitionnelle (ICTJ) avait prepare une analyse pour la Commission
de Reconciliation entre la Turquie et l'Armenie (TARC) en 2003, selon
laquelle " les Evenements [de 1915] comportent tous les elements du
crime de genocide tel qu'il est defini dans la convention (UNCPPCG) ".
En 2000, 100 experts de l'Holocauste de premier ordre ont signe une
petition dans le New York Times affirmant que les evenements de 1915
etaient un genocide et plaidant pour une reconnaissance mondiale. Une
lettre ouverte de l'IAGS au Premier ministre turc Erdogan, en Juin
2005, enjoignait au gouvernement turc d'avouer " le fait historique
sans equivoque du Genocide armenien ". Les trois seuls genocides
du 20ème siècle sur lesquels les theoriciens des etudes du genocide
(tel William Schabas) sont d'accords, sont les cas des Armeniens en
Turquie, en 1915, des Juifs en Europe, en 1940-45, et des Tutsis au
Rwanda, en 1994. La destruction des Armeniens etait au centre de la
creation par Raphaël Lemkin du concept de genocide comme un crime du
droit international, et ce fut Lemkin qui crea et employa l'expression
Genocide Armenien en 1944.
L'idee avancee par la Cour que les crimes de genocide ne peuvent
s'appliquer qu'aux evenements du Rwanda et de Srebrenica, parce qu'ils
etaient juges par la Cour Internationale de Justice, est incomplète.
Les crimes de genocide ont ete evalues comme evenements historiques
par des experts pendant maintenant des decennies, et a la fois les
crimes commis contre les Armeniens par les Turcs ottomans en 1915 et
ceux commis contre les Juifs d'Europe par les Nazis dans les annees
1940 ont ete qualifies de genocide par Lemkin. Ainsi que l'ont note les
experts, les crimes de genocide peuvent etre juges retroactivement, et
William Schabas a releve qu'au cours du procès d'Eichmann a Jerusalem,
en 1961, le mot genocide a ete employe retroactivement pour designer
les crimes commis contre les Juifs.
En outre, sous l'article 10, " la Cour a clairement fait une
distinction entre cette presente affaire et d'autres affaires
concernant la negation des crimes de l'Holocauste... dans
lesquelles, selon une cour internationale, les actes mis en cause
etaient clairement etablis ". Nous relevons que les responsables de
l'Holocauste etaient poursuivis aux procès de Nuremberg (1945-46),
non pour crime de genocide, mais pour " crimes contre l'humanite
", meme si Raphael Lemkin avait cree auparavant le mot " genocide
". Le cas armenien, contrairement a l'affirmation de la Cour,
a bien une base juridique claire pour son authenticite. D'abord,
" crimes contre l'humanite " est la formulation exacte employee par
la France, le Royaume Uni et la Russie en 1915, dans leur declaration
commune repondant aux massacres des Armeniens par le gouvernement turc
ottoman. Après la Première Guerre Mondiale, le gouvernement ottoman
avait constitue des tribunaux militaires (1919-1920) pour juger 200
membres de haut-rang de l'armee et du gouvernement pour avoir premedite
le massacre de masse de la population armenienne. La decision de 2006
du Centre International pour la Justice Transitionnelle affirme elle
aussi une telle base legale.
La Cour a egalement decide, sur la base de l'article 17 (interdiction
de l'abus de droit) , que " Le rejet de la caracterisation juridique
en " genocide " des evenements de 1915 n'etait pas en lui-meme une
incitation a la haine contre le peuple armenien ". Et pourtant, la
Cour Europeenne des Droits de l'Homme declare (au paragraphe 19) que "
la negation de l'Holocauste est le principal moteur de l'antisemitisme
". Nous relèverons de facon similaire que la negation du Genocide
armenien en Turquie a eu pour resultat l'assassinat du journaliste
armenien de Turquie Hrant Dink, et a eu pour resultat des violences
sur d'autres en Turquie.
En se referant au Genocide armenien comme a un " mensonge international
", M. Perincek revèle un niveau d'extremisme qui submerge tout sens
du jugement. Nous pensons que la Cour fait un faux-pas quand elle
privilegie le negationnisme de la Turquie (un pays dont le bilan sur
la liberte des intellectuels et sur les droits de l'homme au cours des
decennies passees est parmi les pires) en evoquant un " debat enflamme
". Comme l'a ecrit l'IAGS dans une lettre ouverte sur le negationnisme
et le Genocide armenien (octobre 2006), " les experts qui nient les
faits du genocide malgre les preuves irrefutables ne sont pas engages
dans un debat historique ; leur programme est tout autre. Dans le
cas du Genocide armenien, le programme est d'absoudre la Turquie
de sa responsabilite dans la planification de l'extermination des
Armeniens. - un programme constant, quel que soit le parti au pouvoir,
depuis l'epoque du genocide, en 1915. Les experts qui contestent que
ce qu'ont subi les Armeniens en 1915 dans l'Empire ottoman est un
genocide, ignorent effrontement les preuves irrefutables historiques
et universitaires ".
Comme l'experte du genocide Deborah Lipstadt l'a ecrit : La negation
du genocide, celui des Turcs contre les Armeniens, ou celui des
Nazis contre les Juifs, n'est pas le fait d'une reinterpretation
historique...Les negationnistes visent a convaincre les tiers qu'une
autre face de l'histoire existe...alors qu'il n'y a pas d'autre face
". Nous pensons que la decision et le raisonnement de la Cour contribue
au negationnisme et que cela a un effet corrosif sur les efforts de
verite et de reconciliation, et sur l'ethique.
Nous pensons qu'il est important que le gouvernement de Suisse demande
un reexamen du jugement de la Cour dans cette affaire.
Salutations,
Taner Akcam, Professeur, Centre d'Etudes de l'Holocauste et du Genocide
Kaloosdian Mugar
Margaret Lavinia Anderson ; Actuel Professeur de l'Universite de
California -Berkeley, Professeur Emerite d'Histoire
Joyce Apsel, Maître de Conference a l'Universite de New York ;
ancien president de l'Association Internationale des Chercheurs sur
le Genocide
Yair Auron, chef du Departement de Sociologie, Sciences Politiques
et Communication, University Libre d'Israel
Peter Balakian, Donald M. and Constance H. Rebar Professeur en
Humanites, Colgate University
Annette Becker, Professeur d'Histoire, Universite de Paris- Ouest
Nanterre La Defense ; Membre Senior, Institut Universitaire de France
Matthias Bjornlund, historien aux archves ; Institut Danois pour les
Etudes Etrangères (DIS), Copenhague
Donald Bloxham, Professeur d'Histoire Moderne, Universite d'Edinbourg
Hamit Bozarslan, Directeur, EHESS, Paris
Cathy Caruth, Frank H. T. Rhodes Professeur de Lettres Humaines,
Cornell University
Frank Chalk, Professeur d'Histoire ; Directeur, Institut d'Etudes du
Genocide et des Droits de l'Homme de Montreal
Israel Charny, Ancien President Association Internationale des
Chercheurs sur le Genocide ; Directeur, Institut de l'Holocauste et
du Genocide, Jerusalem
Deborah Dwork, Rose Professeur d'Histoire ; Directrice du Centre
Strassler pour les etudes sur l'Holocauste et le Genocide, Clark
University
Helen Fein, Chercheuse Independante ; Ancienne Directrice Executive
de l'Institut pour l'Etude du Genocide (New York)
Marcelo Flores, Professeur d'Histoire Comparative ; directeur, The
European Master in Human Rights and Genocide Studies, Universite
de Sienne
Donna-Lee Frieze, Prins Chercheuse Principale, Centre pour l'Histoire
Juive, New York City ; Chercheuse Invitee, Institut de Recherche
Alfred Deakin, Deakin University, Melbourne.
Wolfgang Gust, Chercheur Independent, Directeur armenocide.com.de
Hamburg
Herbert Hirsch, Professor de Sciences Politiques, Virginia Commonwealth
University ; co-editeur, Genocide Studies International
Marianne Hirsch, William Peterfield Trent Professeur d'Anglais et de
Litterature Comparative a l'Institut pour la Recherche sur la Femme,
le Genre, et la Sexualite ; Columbia University
Tessa Hofmann, Prof. h.c. Dr. phil, Frie Universitat Berlin, Institut
pour les Etudes Est Europeennes
Richard Hovanissian, Professeur Emerite, Histoire Armenienne
et du Proche-Orient a l'Universite de Californie, Los Angeles ;
Distingue Chercheur Invite a l'Universite Chapman et a l'Universite
de Californie, Irvine
Raymond Kevorkian, Historien, Universite de Paris-VIII-Saint Denis
Hans-Lukas Kieser, Professeur d'Histoire Moderne, Universite de Zurich
Mark Levene, Maître de Conference en Histoire Comparative, Universite
de Southampton, Royaume-Uni
Robert Jay Lifton, MD ; Professeur Emerite Distingue, L'Universite
de la Ville de New York
Deborah Lipstadt, Chaire Dorot, Professeur d'Histoire Juive Moderne
et Etudes sur l'Holocauste, Emory University
Wendy Lower, John K. Roth Professeur d'Histoire, Claremont McKenna
College
Robert Melson, Professor Emerite, Purdue University ; Ancien President,
Association Internationale des Chercheurs sur le Genocide
Donald E. Miller, Professeur de Religion ; Directeur, Center for
Religion and Civic Culture, Universite de Californie du Sud
A. Dirk Moses, Professeur d'Histoire Mondiale et Coloniale, Institut
de l'Universite Europeenne, Florence et Redacteur en Chef, Journal
of Genocide Research.
James R. Russell, Mashtots Professeur d'etudes Armeniennes, Universite
d'Harvard
Roger W. Smith, Professeur Emerite du Gouvernement, Collège de William
et Mary ; Ancien President, Association Internationale des Chercheurs
sur le Genocide
Leo Spitzer, K.T. Vernon Professeur Emerite d'Histoire, Collège
de Dartmouth
Gregory Stanton, Professeur Chercheur en Etudes sur le Genocide et sa
Prevention, Universite George Mason ; Ancien President, Association
Inyternationla des Chercheurs sur le Genocide
Yves Ternon, Historien en genocide moderne, chercheur independant,
France
Henry C. Theriault, Professeur de Philosophie, Universite d'Etat
Worcester Co-Editor-en-Chef, Etudes du Genocide et Prevention
Eric D. Weitz, Doyen des Humanites et Arts et Professeur d'Histoire,
Le Collège de la Ville de New York, Centre des Hautes Etudes
jeudi 20 fevrier 2014, Jean Eckian (c)armenews.com
http://www.armenews.com/article.php3?id_article=97437
Cour Europeenne des droits de l'Homme
Ayant releve ' Des Inexactitudes Historiques et Conceptuelles '
dans la Decision de la Cour
Boston, Mass. (A.W.) Des experts du genocide, inquiets, on ecrit
une lettre ouverte, relevant des " inexactitudes historiques et
conceptuelles " dans la decision de la Cour Europeenne dans l'affaire
Dogu Perincek c/ Suisse, et appellent le gouvernement de Suisse a
demander un reexamen du jugement de la Cour.
Le texte de la lettre , dans son integralite, publie le 14 fevrier,
est repris ci-après.
Lettre ouverte a :
Madame la Conseillère Federale Simonetta Sommaruga, Cheffe du
departement federal de justice et police (DF JP) Palais federal ouest -
CH-3003 Berne
Ayant pris connaissance de la decision de la Cour dans l'affaire Dogu
Perincek c/ Suisse (ECHR 370,230,27 decembre 2013), nous, concernes en
tant qu'experts du genocide, pensons qu'il est imperatif de repondre
a des inexactitudes historiques et conceptuelles qui contenues dans
la decision, et nous pensons que ces inexactitudes ont une grave
signification ethique et sociale.
Nous ne remettons nullement en question la notion de droit
d'expression, chose que les experts admettent la plupart du temps
comme faisant partie d'une societe ouverte et democratique. Nous
sommes malgre tout interpelles par des elements du raisonnement de la
Cour qui sont en contradiction avec les faits, s'agissant des donnees
historiques sur le Genocide armenien de 1915, et en contradiction
avec une evaluation ethique du negationnisme.
La decision affirme que 1) " genocide est une notion de droit très
etroite dont la preuve est difficile a apporter " ; 2) la Cour doutait
qu'il puisse y avoir un consensus general sur des evenements tels
que ceux en cause ici, etant donne que la recherche historique est
par definition controversee et discutable ou ne se prete guère a des
conclusions definitives ou a des verites objectives et absolues ;
la cour emploie l'expression " debat enflamme " en se referant au
contexte politique actuel entourant le Genocide armenien.
Premièrement, c'est une conclusion absolue des experts qui etudient le
genocide (des centaines d'universitaires independants, qui n'ont aucune
affiliation avec des gouvernements, et les travaux qui se sont deroules
sur des decennies sont le fait de nombreux pays et nationalites ) :
le massacre massif d'Armeniens par les Ottomans est conforme a tous
les aspects de la definition donnee a l'article 2 de la Convention des
Nations Unies pour la Prevention et la Repression du Crime de Genocide.
En 1997, l'Association Internationale des Experts du le Genocide,
(IAGS) le corps le plus important de experts qui etudient le genocide,
a vote une resolution reconnaissant unanimement les massacres
ottoman comme un genocide. Le Centre International pour la Justice
Transitionnelle (ICTJ) avait prepare une analyse pour la Commission
de Reconciliation entre la Turquie et l'Armenie (TARC) en 2003, selon
laquelle " les Evenements [de 1915] comportent tous les elements du
crime de genocide tel qu'il est defini dans la convention (UNCPPCG) ".
En 2000, 100 experts de l'Holocauste de premier ordre ont signe une
petition dans le New York Times affirmant que les evenements de 1915
etaient un genocide et plaidant pour une reconnaissance mondiale. Une
lettre ouverte de l'IAGS au Premier ministre turc Erdogan, en Juin
2005, enjoignait au gouvernement turc d'avouer " le fait historique
sans equivoque du Genocide armenien ". Les trois seuls genocides
du 20ème siècle sur lesquels les theoriciens des etudes du genocide
(tel William Schabas) sont d'accords, sont les cas des Armeniens en
Turquie, en 1915, des Juifs en Europe, en 1940-45, et des Tutsis au
Rwanda, en 1994. La destruction des Armeniens etait au centre de la
creation par Raphaël Lemkin du concept de genocide comme un crime du
droit international, et ce fut Lemkin qui crea et employa l'expression
Genocide Armenien en 1944.
L'idee avancee par la Cour que les crimes de genocide ne peuvent
s'appliquer qu'aux evenements du Rwanda et de Srebrenica, parce qu'ils
etaient juges par la Cour Internationale de Justice, est incomplète.
Les crimes de genocide ont ete evalues comme evenements historiques
par des experts pendant maintenant des decennies, et a la fois les
crimes commis contre les Armeniens par les Turcs ottomans en 1915 et
ceux commis contre les Juifs d'Europe par les Nazis dans les annees
1940 ont ete qualifies de genocide par Lemkin. Ainsi que l'ont note les
experts, les crimes de genocide peuvent etre juges retroactivement, et
William Schabas a releve qu'au cours du procès d'Eichmann a Jerusalem,
en 1961, le mot genocide a ete employe retroactivement pour designer
les crimes commis contre les Juifs.
En outre, sous l'article 10, " la Cour a clairement fait une
distinction entre cette presente affaire et d'autres affaires
concernant la negation des crimes de l'Holocauste... dans
lesquelles, selon une cour internationale, les actes mis en cause
etaient clairement etablis ". Nous relevons que les responsables de
l'Holocauste etaient poursuivis aux procès de Nuremberg (1945-46),
non pour crime de genocide, mais pour " crimes contre l'humanite
", meme si Raphael Lemkin avait cree auparavant le mot " genocide
". Le cas armenien, contrairement a l'affirmation de la Cour,
a bien une base juridique claire pour son authenticite. D'abord,
" crimes contre l'humanite " est la formulation exacte employee par
la France, le Royaume Uni et la Russie en 1915, dans leur declaration
commune repondant aux massacres des Armeniens par le gouvernement turc
ottoman. Après la Première Guerre Mondiale, le gouvernement ottoman
avait constitue des tribunaux militaires (1919-1920) pour juger 200
membres de haut-rang de l'armee et du gouvernement pour avoir premedite
le massacre de masse de la population armenienne. La decision de 2006
du Centre International pour la Justice Transitionnelle affirme elle
aussi une telle base legale.
La Cour a egalement decide, sur la base de l'article 17 (interdiction
de l'abus de droit) , que " Le rejet de la caracterisation juridique
en " genocide " des evenements de 1915 n'etait pas en lui-meme une
incitation a la haine contre le peuple armenien ". Et pourtant, la
Cour Europeenne des Droits de l'Homme declare (au paragraphe 19) que "
la negation de l'Holocauste est le principal moteur de l'antisemitisme
". Nous relèverons de facon similaire que la negation du Genocide
armenien en Turquie a eu pour resultat l'assassinat du journaliste
armenien de Turquie Hrant Dink, et a eu pour resultat des violences
sur d'autres en Turquie.
En se referant au Genocide armenien comme a un " mensonge international
", M. Perincek revèle un niveau d'extremisme qui submerge tout sens
du jugement. Nous pensons que la Cour fait un faux-pas quand elle
privilegie le negationnisme de la Turquie (un pays dont le bilan sur
la liberte des intellectuels et sur les droits de l'homme au cours des
decennies passees est parmi les pires) en evoquant un " debat enflamme
". Comme l'a ecrit l'IAGS dans une lettre ouverte sur le negationnisme
et le Genocide armenien (octobre 2006), " les experts qui nient les
faits du genocide malgre les preuves irrefutables ne sont pas engages
dans un debat historique ; leur programme est tout autre. Dans le
cas du Genocide armenien, le programme est d'absoudre la Turquie
de sa responsabilite dans la planification de l'extermination des
Armeniens. - un programme constant, quel que soit le parti au pouvoir,
depuis l'epoque du genocide, en 1915. Les experts qui contestent que
ce qu'ont subi les Armeniens en 1915 dans l'Empire ottoman est un
genocide, ignorent effrontement les preuves irrefutables historiques
et universitaires ".
Comme l'experte du genocide Deborah Lipstadt l'a ecrit : La negation
du genocide, celui des Turcs contre les Armeniens, ou celui des
Nazis contre les Juifs, n'est pas le fait d'une reinterpretation
historique...Les negationnistes visent a convaincre les tiers qu'une
autre face de l'histoire existe...alors qu'il n'y a pas d'autre face
". Nous pensons que la decision et le raisonnement de la Cour contribue
au negationnisme et que cela a un effet corrosif sur les efforts de
verite et de reconciliation, et sur l'ethique.
Nous pensons qu'il est important que le gouvernement de Suisse demande
un reexamen du jugement de la Cour dans cette affaire.
Salutations,
Taner Akcam, Professeur, Centre d'Etudes de l'Holocauste et du Genocide
Kaloosdian Mugar
Margaret Lavinia Anderson ; Actuel Professeur de l'Universite de
California -Berkeley, Professeur Emerite d'Histoire
Joyce Apsel, Maître de Conference a l'Universite de New York ;
ancien president de l'Association Internationale des Chercheurs sur
le Genocide
Yair Auron, chef du Departement de Sociologie, Sciences Politiques
et Communication, University Libre d'Israel
Peter Balakian, Donald M. and Constance H. Rebar Professeur en
Humanites, Colgate University
Annette Becker, Professeur d'Histoire, Universite de Paris- Ouest
Nanterre La Defense ; Membre Senior, Institut Universitaire de France
Matthias Bjornlund, historien aux archves ; Institut Danois pour les
Etudes Etrangères (DIS), Copenhague
Donald Bloxham, Professeur d'Histoire Moderne, Universite d'Edinbourg
Hamit Bozarslan, Directeur, EHESS, Paris
Cathy Caruth, Frank H. T. Rhodes Professeur de Lettres Humaines,
Cornell University
Frank Chalk, Professeur d'Histoire ; Directeur, Institut d'Etudes du
Genocide et des Droits de l'Homme de Montreal
Israel Charny, Ancien President Association Internationale des
Chercheurs sur le Genocide ; Directeur, Institut de l'Holocauste et
du Genocide, Jerusalem
Deborah Dwork, Rose Professeur d'Histoire ; Directrice du Centre
Strassler pour les etudes sur l'Holocauste et le Genocide, Clark
University
Helen Fein, Chercheuse Independante ; Ancienne Directrice Executive
de l'Institut pour l'Etude du Genocide (New York)
Marcelo Flores, Professeur d'Histoire Comparative ; directeur, The
European Master in Human Rights and Genocide Studies, Universite
de Sienne
Donna-Lee Frieze, Prins Chercheuse Principale, Centre pour l'Histoire
Juive, New York City ; Chercheuse Invitee, Institut de Recherche
Alfred Deakin, Deakin University, Melbourne.
Wolfgang Gust, Chercheur Independent, Directeur armenocide.com.de
Hamburg
Herbert Hirsch, Professor de Sciences Politiques, Virginia Commonwealth
University ; co-editeur, Genocide Studies International
Marianne Hirsch, William Peterfield Trent Professeur d'Anglais et de
Litterature Comparative a l'Institut pour la Recherche sur la Femme,
le Genre, et la Sexualite ; Columbia University
Tessa Hofmann, Prof. h.c. Dr. phil, Frie Universitat Berlin, Institut
pour les Etudes Est Europeennes
Richard Hovanissian, Professeur Emerite, Histoire Armenienne
et du Proche-Orient a l'Universite de Californie, Los Angeles ;
Distingue Chercheur Invite a l'Universite Chapman et a l'Universite
de Californie, Irvine
Raymond Kevorkian, Historien, Universite de Paris-VIII-Saint Denis
Hans-Lukas Kieser, Professeur d'Histoire Moderne, Universite de Zurich
Mark Levene, Maître de Conference en Histoire Comparative, Universite
de Southampton, Royaume-Uni
Robert Jay Lifton, MD ; Professeur Emerite Distingue, L'Universite
de la Ville de New York
Deborah Lipstadt, Chaire Dorot, Professeur d'Histoire Juive Moderne
et Etudes sur l'Holocauste, Emory University
Wendy Lower, John K. Roth Professeur d'Histoire, Claremont McKenna
College
Robert Melson, Professor Emerite, Purdue University ; Ancien President,
Association Internationale des Chercheurs sur le Genocide
Donald E. Miller, Professeur de Religion ; Directeur, Center for
Religion and Civic Culture, Universite de Californie du Sud
A. Dirk Moses, Professeur d'Histoire Mondiale et Coloniale, Institut
de l'Universite Europeenne, Florence et Redacteur en Chef, Journal
of Genocide Research.
James R. Russell, Mashtots Professeur d'etudes Armeniennes, Universite
d'Harvard
Roger W. Smith, Professeur Emerite du Gouvernement, Collège de William
et Mary ; Ancien President, Association Internationale des Chercheurs
sur le Genocide
Leo Spitzer, K.T. Vernon Professeur Emerite d'Histoire, Collège
de Dartmouth
Gregory Stanton, Professeur Chercheur en Etudes sur le Genocide et sa
Prevention, Universite George Mason ; Ancien President, Association
Inyternationla des Chercheurs sur le Genocide
Yves Ternon, Historien en genocide moderne, chercheur independant,
France
Henry C. Theriault, Professeur de Philosophie, Universite d'Etat
Worcester Co-Editor-en-Chef, Etudes du Genocide et Prevention
Eric D. Weitz, Doyen des Humanites et Arts et Professeur d'Histoire,
Le Collège de la Ville de New York, Centre des Hautes Etudes
jeudi 20 fevrier 2014, Jean Eckian (c)armenews.com
http://www.armenews.com/article.php3?id_article=97437