RIPOSTER OU NE PAS RIPOSTER ?
Conflit du Haut-Karabagh
Editorial 11-22 novembre
Edmond E. Azadian
L'Armenie devrait-elle riposter contre l'Azerbaïdjan ou non ? C'est un
dilemme shakespearien qui se pose a la frontière entre le Karabagh et
l'Azerbaidjan. Meme si la reponse a la question est courue d'avance,
on sait du côte armenien de la frontière que tôt ou tard les forces
armeniennes devront reagir a la provocation de l'Azerbaïdjan, qui
a abattu la semaine passee un helicoptère militaire armenien M1-24
evoluant près de la ligne de cesser le feu, accompagne d'un autre
helicoptère.
À l'heure où nous ecrivons ces lignes, les tentatives de recuperation
ont echoue. L'helicoptère a ete abattu a l'interieur du no man's land
et les corps des trois soldats restes a bord sont inaccessibles,
la zone restant sous le feu intense de part et d'autre. La partie
armenienne tire pour prevenir tout acte criminel des forces azeries,
les Armeniens craignant que l'ennemi depose un missile dans la zone
du crash pour essayer de prouver que les forces armeniennes ont
des intentions hostiles. Les Azeris tirent pour tenir les forces
armeniennes a distance et pour probablement entretenir la tension et
repousser une eventuelle solution au conflit.
Faisant peu de cas de la declaration du president Hilham Aliyev de
considerer l'espace aerien du Karabagh comme zone d'exclusion aerienne,
le president Serge Sarkissian est arrive a l'aeroport de Stepanakert a
bord d'un helicoptère militaire, accompagne du ministre de la defense
Seyran Ohanian. Ils etaient tous deux vetus de treillis militaire,
etant donne la situation de guerre, et le president a tenu un discours
ferme, evoquant une riposte appropriee a la gravite de l'agression,
un discours suffisamment sevère pour dissuader l'Azerbaïdjan de toute
nouvelle agression.
Les observateurs internationaux, ayant etudie la logique du conflit du
Karabagh, sont d'avis que la partie armenienne ne sera pas silencieuse
encore longtemps.
En depit de la montee de la rhetorique de guerre et des violations
du regime du cessez le feu qui en resultent, toutes les parties
semblent convaincues que l'option d'une guerre ouverte n'en est
pas pour l'instant a l'ordre du jour. Le president Sarkissian, qui
a menace de represailles dans son discours ferme, a declare que la
menace d'une guerre ouverte n'etait pas imminente.
La reaction internationale au tir qui a abattu l'helicoptère etait
previsible. Jan Psaki, du departement d'etat des USA, les membres du
groupe de Minsk de l'Organisation pour la Securite et la Cooperation
en Europe et le ministère russe des affaires etrangères ont ensemble
mis egalement en garde contre toute provocation supplementaire,
sachant parfaitement laquelle des parties etait responsable de ce
nouvel incident.
Le fait que le ministre de la defense de l'Azerbaïdjan ait fait l'eloge
des qui ont tire le missile prouve qu'il ne s'agit pas d'un accident
ou le resultat d'une erreur de calcul ; c'etait une decision prise
au plus haut niveau du ministère de la defense.
En juin dernier, la ligne de cessez le feu a ete violee de nombreuses
fois et les forces armeniennes ont riposte aux provocations sur trois
fronts, causant de nombreuses pertes azeries. En août, le president
russe Vladimir Poutine avait invite les presidents d'Armenie et
d'Azerbaïdjan, prônant la moderation. D'autres reunions au plus haut
niveau ont suivi. Le secretaire d'etat americain John Kerry et le
president francais Francois Hollande ont appele les presidents des
deux pays a se reunir et a la frontière, une baisse de la tension
s'en est suivie.
Par ailleurs, a chaque fois qu'une reunion avait lieu avec la
participation des deux presidents et que les espoirs etaient permis
pour une solution pacifique du conflit, l'Azerbaïdjan violait
immediatement le regime du cessez le feu ruinant les chances de paix.
Cette fois-ci, il a fallu un certain temps avant que ce scenario
ne se reproduise, mais il s'est produit d'une facon plus agressive
qu'auparavant.
Le quotidien d'opposition Haykakan Jamanak est d'avis que M. Aliyev
n'est pas sûr a 100 pourcent de la conclusion de la guerre et que toute
erreur de calcul ne serait pas la fin de la dynastie Aliyev avec la
perte des richesses enormes volees dans les coffres de l'etat et la
vie d'exiles qui en decoule.
Beaucoup en Armenie se sont demandes pourquoi Moscou arme l'Azerbaïdjan
aussi massivement alors que le seul ennemi de ce dernier est l'Armenie,
allie strategique de la Russie.
Les reponses et les speculations sont nombreuses et variees ; une
reponse est que la Russie veut absolument que Bakou se joigne a
l'Union Eurasiatique pour boucler son hegemonie sur le Caucase.
D'autres pensent qu'il est de l'interet de la Russie de maintenir une
certaine fièvre dans la region, sans guerre ouverte, pour se poser
en sauveur pour les deux parties.
Une autre question est frequemment posee : pourquoi Aliyev a-t-il
choisi d'abattre l'helicoptère et pourquoi a ce moment ?
La encore, les reponses sont nombreuses et variees. Au cours d'une
ceremonie militaire recente, en echo a la voix de son maître, le
ministre de la defense azeri Zakir Hasanov a critique l' " immobilisme
" du groupe de Minsk. Il a exprime son exasperation et a annonce
que la seule alternative reste l'option militaire, s'agissant de "
restaurer l'integrite territoriale de l'Azerbaïdjan ".
Cette escalade rhetorique semble etre une reponse au mecontentement
d'une population retive vis-a-vis du regime repressif d'Aliyev, expose
a des sevères critiques, emises par les gouvernements occidentaux,
principalement. Par consequent, pour faire diversion au mecontentement
general, il faut a Aliyev un bouc emissaire, c'est-a-dire le conflit du
Karabagh. Tandis qu'il accumule a son profit la richesse de la nation,
il souhaite donner de lui une image patriotique, et quelquefois,
en depit du bon sens, sa vanite le conduit a prendre des postures
aventureuses.
Sachant très bien l'emprise de Moscou sur l'Armenie, Aliyev exprime
son impatience pour forcer la main a Moscou pour agir, et contraindre
l'Armenie a retirer ses forces du Karabagh.
Tandis qu'abondent speculations et theories, une source en
Armenie pense que la recente provocation vient d'Occident, forcant
l'Azerbaïdjan a engager un autre conflit sanglant tandis que Moscou
est occupe sur sa frontière en Ukraine.
Cette possibilite reste lointaine, meme si la Russie n'etait engagee
nulle part dans le monde. La reponse est donnee dans une interview
par un eminent analyste militaire russe, Pavel Felgenhaur. Savoir
si le pacte de defense armenien-russe couvre le Karabagh a toujours
ete une question très debattue. L'analyste dit penser que la Russie
pourrait intervenir si l'Armenie etait attaquee par la Turquie, une
perspective lointaine pour l'instant. " Mais si la guerre eclate
entre l'Armenie et l'Azerbaïdjan, sur le Karabagh, le pacte russe
avec l'Armenie ne jouerait pas. Le plus que peut faire la Russie,
est de d'enjoindre aux deux parties de cesser les hostilites ". Telle
est la protection de notre allie strategique, la Russie.
Comme si les troubles en Georgie n'avaient pas suffi, les accrochages
de la frontière armenienne avec l'Azerbaïdjan s'intensifient avec
des consequences incalculables.
Concernant la riposte de l'Armenie, on pense dans tous les milieux
qu'elle est repoussee. Cela resout le dilemme shakespearien, mais
sans nous dire quand cette riposte aura lieu ni sous quelle forme
elle aura lieu.
Traduction Gilbert Beguian pour Armenews
jeudi 20 novembre 2014, Jean Eckian (c)armenews.com
http://www.armenews.com/article.php3?id_article=105459
From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress
Conflit du Haut-Karabagh
Editorial 11-22 novembre
Edmond E. Azadian
L'Armenie devrait-elle riposter contre l'Azerbaïdjan ou non ? C'est un
dilemme shakespearien qui se pose a la frontière entre le Karabagh et
l'Azerbaidjan. Meme si la reponse a la question est courue d'avance,
on sait du côte armenien de la frontière que tôt ou tard les forces
armeniennes devront reagir a la provocation de l'Azerbaïdjan, qui
a abattu la semaine passee un helicoptère militaire armenien M1-24
evoluant près de la ligne de cesser le feu, accompagne d'un autre
helicoptère.
À l'heure où nous ecrivons ces lignes, les tentatives de recuperation
ont echoue. L'helicoptère a ete abattu a l'interieur du no man's land
et les corps des trois soldats restes a bord sont inaccessibles,
la zone restant sous le feu intense de part et d'autre. La partie
armenienne tire pour prevenir tout acte criminel des forces azeries,
les Armeniens craignant que l'ennemi depose un missile dans la zone
du crash pour essayer de prouver que les forces armeniennes ont
des intentions hostiles. Les Azeris tirent pour tenir les forces
armeniennes a distance et pour probablement entretenir la tension et
repousser une eventuelle solution au conflit.
Faisant peu de cas de la declaration du president Hilham Aliyev de
considerer l'espace aerien du Karabagh comme zone d'exclusion aerienne,
le president Serge Sarkissian est arrive a l'aeroport de Stepanakert a
bord d'un helicoptère militaire, accompagne du ministre de la defense
Seyran Ohanian. Ils etaient tous deux vetus de treillis militaire,
etant donne la situation de guerre, et le president a tenu un discours
ferme, evoquant une riposte appropriee a la gravite de l'agression,
un discours suffisamment sevère pour dissuader l'Azerbaïdjan de toute
nouvelle agression.
Les observateurs internationaux, ayant etudie la logique du conflit du
Karabagh, sont d'avis que la partie armenienne ne sera pas silencieuse
encore longtemps.
En depit de la montee de la rhetorique de guerre et des violations
du regime du cessez le feu qui en resultent, toutes les parties
semblent convaincues que l'option d'une guerre ouverte n'en est
pas pour l'instant a l'ordre du jour. Le president Sarkissian, qui
a menace de represailles dans son discours ferme, a declare que la
menace d'une guerre ouverte n'etait pas imminente.
La reaction internationale au tir qui a abattu l'helicoptère etait
previsible. Jan Psaki, du departement d'etat des USA, les membres du
groupe de Minsk de l'Organisation pour la Securite et la Cooperation
en Europe et le ministère russe des affaires etrangères ont ensemble
mis egalement en garde contre toute provocation supplementaire,
sachant parfaitement laquelle des parties etait responsable de ce
nouvel incident.
Le fait que le ministre de la defense de l'Azerbaïdjan ait fait l'eloge
des qui ont tire le missile prouve qu'il ne s'agit pas d'un accident
ou le resultat d'une erreur de calcul ; c'etait une decision prise
au plus haut niveau du ministère de la defense.
En juin dernier, la ligne de cessez le feu a ete violee de nombreuses
fois et les forces armeniennes ont riposte aux provocations sur trois
fronts, causant de nombreuses pertes azeries. En août, le president
russe Vladimir Poutine avait invite les presidents d'Armenie et
d'Azerbaïdjan, prônant la moderation. D'autres reunions au plus haut
niveau ont suivi. Le secretaire d'etat americain John Kerry et le
president francais Francois Hollande ont appele les presidents des
deux pays a se reunir et a la frontière, une baisse de la tension
s'en est suivie.
Par ailleurs, a chaque fois qu'une reunion avait lieu avec la
participation des deux presidents et que les espoirs etaient permis
pour une solution pacifique du conflit, l'Azerbaïdjan violait
immediatement le regime du cessez le feu ruinant les chances de paix.
Cette fois-ci, il a fallu un certain temps avant que ce scenario
ne se reproduise, mais il s'est produit d'une facon plus agressive
qu'auparavant.
Le quotidien d'opposition Haykakan Jamanak est d'avis que M. Aliyev
n'est pas sûr a 100 pourcent de la conclusion de la guerre et que toute
erreur de calcul ne serait pas la fin de la dynastie Aliyev avec la
perte des richesses enormes volees dans les coffres de l'etat et la
vie d'exiles qui en decoule.
Beaucoup en Armenie se sont demandes pourquoi Moscou arme l'Azerbaïdjan
aussi massivement alors que le seul ennemi de ce dernier est l'Armenie,
allie strategique de la Russie.
Les reponses et les speculations sont nombreuses et variees ; une
reponse est que la Russie veut absolument que Bakou se joigne a
l'Union Eurasiatique pour boucler son hegemonie sur le Caucase.
D'autres pensent qu'il est de l'interet de la Russie de maintenir une
certaine fièvre dans la region, sans guerre ouverte, pour se poser
en sauveur pour les deux parties.
Une autre question est frequemment posee : pourquoi Aliyev a-t-il
choisi d'abattre l'helicoptère et pourquoi a ce moment ?
La encore, les reponses sont nombreuses et variees. Au cours d'une
ceremonie militaire recente, en echo a la voix de son maître, le
ministre de la defense azeri Zakir Hasanov a critique l' " immobilisme
" du groupe de Minsk. Il a exprime son exasperation et a annonce
que la seule alternative reste l'option militaire, s'agissant de "
restaurer l'integrite territoriale de l'Azerbaïdjan ".
Cette escalade rhetorique semble etre une reponse au mecontentement
d'une population retive vis-a-vis du regime repressif d'Aliyev, expose
a des sevères critiques, emises par les gouvernements occidentaux,
principalement. Par consequent, pour faire diversion au mecontentement
general, il faut a Aliyev un bouc emissaire, c'est-a-dire le conflit du
Karabagh. Tandis qu'il accumule a son profit la richesse de la nation,
il souhaite donner de lui une image patriotique, et quelquefois,
en depit du bon sens, sa vanite le conduit a prendre des postures
aventureuses.
Sachant très bien l'emprise de Moscou sur l'Armenie, Aliyev exprime
son impatience pour forcer la main a Moscou pour agir, et contraindre
l'Armenie a retirer ses forces du Karabagh.
Tandis qu'abondent speculations et theories, une source en
Armenie pense que la recente provocation vient d'Occident, forcant
l'Azerbaïdjan a engager un autre conflit sanglant tandis que Moscou
est occupe sur sa frontière en Ukraine.
Cette possibilite reste lointaine, meme si la Russie n'etait engagee
nulle part dans le monde. La reponse est donnee dans une interview
par un eminent analyste militaire russe, Pavel Felgenhaur. Savoir
si le pacte de defense armenien-russe couvre le Karabagh a toujours
ete une question très debattue. L'analyste dit penser que la Russie
pourrait intervenir si l'Armenie etait attaquee par la Turquie, une
perspective lointaine pour l'instant. " Mais si la guerre eclate
entre l'Armenie et l'Azerbaïdjan, sur le Karabagh, le pacte russe
avec l'Armenie ne jouerait pas. Le plus que peut faire la Russie,
est de d'enjoindre aux deux parties de cesser les hostilites ". Telle
est la protection de notre allie strategique, la Russie.
Comme si les troubles en Georgie n'avaient pas suffi, les accrochages
de la frontière armenienne avec l'Azerbaïdjan s'intensifient avec
des consequences incalculables.
Concernant la riposte de l'Armenie, on pense dans tous les milieux
qu'elle est repoussee. Cela resout le dilemme shakespearien, mais
sans nous dire quand cette riposte aura lieu ni sous quelle forme
elle aura lieu.
Traduction Gilbert Beguian pour Armenews
jeudi 20 novembre 2014, Jean Eckian (c)armenews.com
http://www.armenews.com/article.php3?id_article=105459
From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress