REVUE DE PRESSE
Festival international du cinéma du Caire : Ode à la Souffrance
Le film d'ouverture du Festival du film du Caire, The Cut (la
blessure), oblige son réalisateur Fatih Akin à être en butte aux
ultranationalistes de son pays d'origine, la Turquie. Une oeuvre sur
le génocide arménien commis en 1915, mais aussi sur les guerres et
conflits politiques contemporains
Un sujet tabou, interdit et dangereux, mais j'ai le cou-rage de
l'aborder sur les Ă©crans, en faveur de ceux qui ont perdu gratuitement
leur vie >>. C'est ainsi que le réalisateur allemand d'origine turque,
Fatih Akin, dĂ©crit son film, The Cut (la blessure), pro-jetĂ© Ă
l'ouverture de cette 36e Ă©dition du Festival international du film du
Caire.
The Cut est le troisième volet de la trilogie de Fatih Akin sur
l'Amour, la Mort et le Diable, après Head On et De l'autre côté, primé
au Festival de Cannes. Faisant sa première interna-tionale cette année
à la Mostra de Venise, The Cut revient sur le géno-cide arménien de
1915 qui a causé la mort de près d'un million et demi de chrétiens,
majoritairement armé-niens, mais aussi grecs.
Pendant la Première Guerre mon-diale, les Ottomans ont tué 1,5
mil-lion d'Arméniens, selon eux et qui parlent de >. La
Turquie, elle, refuse ce terme et dément ce chiffre, avançant qu'il y
a eu au maximum 500 000 victimes armé-niennes, et elles ont péri dans
les combats ou sont mortes de faim. The Cut raconte alors l'histoire
d'un homme qui vit Ă Mardin, une ville du sud-est de la Turquie,
lequel a échap-pé au massacre des Arméniens en 1915 et est parti à la
recherche de ses filles.
Dans la presse internationale, Fatih Akin a souligné que la Turquie
est > pour recevoir et accepter ce film. . >,
a-t-il indiqué.
Mais finalement, il a renoncé à confier le rôle principal à un Turc,
se trouvant dans l'obligation de céder celui-ci à Tahar Rahim, jeune
comĂ©-dien français d'origine algĂ©rienne. Ce dernier a excellĂ© Ă
incarner Nazaret, jeune maréchal-ferrant, vic-time de l'armée turque
en 1915.
Comme l'indique son nom, Nazaret Manoogian a le malheur de faire
par-tie des Arméniens chrétiens. Une nuit, l'armée frappe à sa porte
pour l'incor-porer de force. Après quelques dizaines de mois à casser
des pierres dans le désert, on lui propose comme à d'autres
prisonniers de se convertir à l'islam. Les désobéissants comme lui
sont malheureusement égorgés, mais Nazaret tombe sur un bourreau
sen-sible qui lui laisse la vie sauve, non sans lui avoir quand mĂŞme
scindé les cordes vocales, ce qui le réduira au silence pour le reste
du film.
Libéré, Nazaret découvre que seules ses filles jumelles ont survé-cu
aux horreurs de la guerre, et il entreprend de les retrouver au cours
d'un déplacement qui le mènera à Cuba puis dans différents Etats
d'Amérique par la Floride.
Illustration somptueuse mais fade
Côté forme, le scénario co-écrit par Mardik Martin rassemble une
certaine beauté visuelle et une belle photo panoramique en 35 mm, pour
donner au film des touches de superproduc-tion hollywoodienne.
Toutefois, on a parfois, durant les 140 minutes du film, l'impression
d'une succession de scènes d'exposition, presque toutes sur le même
rythme. D'ailleurs, le dialogue s'avère parfois trop simpli-fié, et le
fait de faire parler les person-nages arméniens en anglais, alors que
toutes les autres langues sont sous-titrées, n'était pas la bonne
solution pour rendre le public attaché ou proche du contenu.
Akin cherche clairement Ă s'adres-ser Ă un public contemporain, que ce
soit Ă travers le dialogue ou Ă travers une bande musicale Ă©lectrique,
qui ne va pas avec ce genre de films histo-riques. Par ailleurs,
certaines images rappellent les guerres actuellement en cours au
Moyen-Orient, avec les camps de réfugiés et la souffrance gratuite des
citoyens, mais d'un point de vue propre au réalisateur.
En ce qui concerne l'interprétation dans cette épopée, Tahar Rahim
prouve une fois de plus ses grandes capacités de changer de peau selon
le personnage, ou plutôt selon le défi. Il excelle à se servir de son
talent face Ă ce rĂ´le presque muet, exigeant donc un jeu physique bien
travaillé, malgré certains moments de platitude dans le rythme. Car le
scénario se résume en une série de témoignages parfois excessifs.
Toutefois, cela ne change rien à la qualité du film, saisi comme une
belle illustration, bien perfection-née quoique directe .
http://hebdo.ahram.org.eg/NewsContent/0/5/25/7457/Festival-international-du-cin%C3%A9ma-du-Caire--Ode-%C3%A0--.aspx
samedi 22 novembre 2014,
Stéphane (c)armenews.com
http://www.armenews.com/article.php3?id_article=105316
Festival international du cinéma du Caire : Ode à la Souffrance
Le film d'ouverture du Festival du film du Caire, The Cut (la
blessure), oblige son réalisateur Fatih Akin à être en butte aux
ultranationalistes de son pays d'origine, la Turquie. Une oeuvre sur
le génocide arménien commis en 1915, mais aussi sur les guerres et
conflits politiques contemporains
Un sujet tabou, interdit et dangereux, mais j'ai le cou-rage de
l'aborder sur les Ă©crans, en faveur de ceux qui ont perdu gratuitement
leur vie >>. C'est ainsi que le réalisateur allemand d'origine turque,
Fatih Akin, dĂ©crit son film, The Cut (la blessure), pro-jetĂ© Ă
l'ouverture de cette 36e Ă©dition du Festival international du film du
Caire.
The Cut est le troisième volet de la trilogie de Fatih Akin sur
l'Amour, la Mort et le Diable, après Head On et De l'autre côté, primé
au Festival de Cannes. Faisant sa première interna-tionale cette année
à la Mostra de Venise, The Cut revient sur le géno-cide arménien de
1915 qui a causé la mort de près d'un million et demi de chrétiens,
majoritairement armé-niens, mais aussi grecs.
Pendant la Première Guerre mon-diale, les Ottomans ont tué 1,5
mil-lion d'Arméniens, selon eux et qui parlent de >. La
Turquie, elle, refuse ce terme et dément ce chiffre, avançant qu'il y
a eu au maximum 500 000 victimes armé-niennes, et elles ont péri dans
les combats ou sont mortes de faim. The Cut raconte alors l'histoire
d'un homme qui vit Ă Mardin, une ville du sud-est de la Turquie,
lequel a échap-pé au massacre des Arméniens en 1915 et est parti à la
recherche de ses filles.
Dans la presse internationale, Fatih Akin a souligné que la Turquie
est > pour recevoir et accepter ce film. . >,
a-t-il indiqué.
Mais finalement, il a renoncé à confier le rôle principal à un Turc,
se trouvant dans l'obligation de céder celui-ci à Tahar Rahim, jeune
comĂ©-dien français d'origine algĂ©rienne. Ce dernier a excellĂ© Ă
incarner Nazaret, jeune maréchal-ferrant, vic-time de l'armée turque
en 1915.
Comme l'indique son nom, Nazaret Manoogian a le malheur de faire
par-tie des Arméniens chrétiens. Une nuit, l'armée frappe à sa porte
pour l'incor-porer de force. Après quelques dizaines de mois à casser
des pierres dans le désert, on lui propose comme à d'autres
prisonniers de se convertir à l'islam. Les désobéissants comme lui
sont malheureusement égorgés, mais Nazaret tombe sur un bourreau
sen-sible qui lui laisse la vie sauve, non sans lui avoir quand mĂŞme
scindé les cordes vocales, ce qui le réduira au silence pour le reste
du film.
Libéré, Nazaret découvre que seules ses filles jumelles ont survé-cu
aux horreurs de la guerre, et il entreprend de les retrouver au cours
d'un déplacement qui le mènera à Cuba puis dans différents Etats
d'Amérique par la Floride.
Illustration somptueuse mais fade
Côté forme, le scénario co-écrit par Mardik Martin rassemble une
certaine beauté visuelle et une belle photo panoramique en 35 mm, pour
donner au film des touches de superproduc-tion hollywoodienne.
Toutefois, on a parfois, durant les 140 minutes du film, l'impression
d'une succession de scènes d'exposition, presque toutes sur le même
rythme. D'ailleurs, le dialogue s'avère parfois trop simpli-fié, et le
fait de faire parler les person-nages arméniens en anglais, alors que
toutes les autres langues sont sous-titrées, n'était pas la bonne
solution pour rendre le public attaché ou proche du contenu.
Akin cherche clairement Ă s'adres-ser Ă un public contemporain, que ce
soit Ă travers le dialogue ou Ă travers une bande musicale Ă©lectrique,
qui ne va pas avec ce genre de films histo-riques. Par ailleurs,
certaines images rappellent les guerres actuellement en cours au
Moyen-Orient, avec les camps de réfugiés et la souffrance gratuite des
citoyens, mais d'un point de vue propre au réalisateur.
En ce qui concerne l'interprétation dans cette épopée, Tahar Rahim
prouve une fois de plus ses grandes capacités de changer de peau selon
le personnage, ou plutôt selon le défi. Il excelle à se servir de son
talent face Ă ce rĂ´le presque muet, exigeant donc un jeu physique bien
travaillé, malgré certains moments de platitude dans le rythme. Car le
scénario se résume en une série de témoignages parfois excessifs.
Toutefois, cela ne change rien à la qualité du film, saisi comme une
belle illustration, bien perfection-née quoique directe .
http://hebdo.ahram.org.eg/NewsContent/0/5/25/7457/Festival-international-du-cin%C3%A9ma-du-Caire--Ode-%C3%A0--.aspx
samedi 22 novembre 2014,
Stéphane (c)armenews.com
http://www.armenews.com/article.php3?id_article=105316