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2015 : Cap Sur Les Reparations Du Genocide Armenien

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    2015 : CAP SUR LES REPARATIONS DU GENOCIDE ARMENIEN

    Publie le : 23-02-2015
    http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=85989

    Info Collectif VAN -www.collectifvan.org - Le Collectif VAN vous
    propose cet article de Raffi Kalfayan, juriste, ancien secretaire
    general de la Federation internationale des ligues des droits de
    l'homme (FIDH) publie sur le site Repair le 12 fevrier 2015.

    Repair

    jeudi 12 fevrier 2015

    Point de vue de la Diaspora

    2015 : cap sur les reparations du Genocide Armenien

    Raffi Kalfayan Juriste, ancien secretaire general de la Federation
    internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH)

    L'annee 2015 est a la fois l'annee des opportunites pour la cause
    armenienne mais aussi celle de tous les dangers pour la politique
    interieure et exterieure de l'Armenie. Or, les initiatives sur le
    front de la cause armenienne requièrent un consensus transnational
    armenien. Pour l'heure, les attentes, très fortes, de la diaspora
    sont sensiblement decues tant par l'absence d'anticipation que par le
    manque de visibilite des actions entreprises, que ce soit par l'Etat
    armenien, les principales institutions politiques de la diaspora,
    mais aussi, par le comite unifie du centenaire ; ce qui n'est point
    une surprise : cela fait plus de deux ans que des voix s'elèvent en
    diaspora pour denoncer l'absence de leadership, la passivite, et la
    neutralisation des bonnes volontes.

    Les militants ayant horreur du vide, des initiatives diverses,
    nourries de bonnes intentions, prolifèrent, grâce a des financements,
    qui ne sont pas totalement fortuits ni denues precisement d'objectifs
    politiques de la part des sources bienfaitrices. Ces activites sont
    principalement axees sur les pretendus dialogue et reconciliation
    entre les societes civiles turque et armenienne, comme si tout
    un chacun avait besoin de ces programmes pour dialoguer. D'autres
    initiatives, plus audacieuses, certes, mais encore plus sujettes
    aux manipulations, tels les groupes representant pretendument
    l'Armenie occidentale essayent d'entrer en negociation directe
    avec les autorites turques. Enfin, les declarations associatives
    ou individuelles en diaspora comme en Armenie se multiplient dans
    tous les sens. La plupart paraissent cependant aussi irrealistes
    politiquement qu'infondees en droit.

    Sans entrer dans le detail, il est utile de rappeler certaines
    evidences juridiques. Les crimes commis sur la population armenienne
    ne peuvent plus faire l'objet d'un procès penal : les organisateurs,
    auteurs ou complices des massacres sont tous morts ; leurs victimes
    et les temoins aussi. Par ailleurs, les procès ottomans de 1919 (>) ont deja juge et condamne les principaux
    responsables des crimes de masse commis a l'encontre de la population
    armenienne dans l'Empire ottoman. Deuxièmement, la Cour internationale
    de justice est un tribunal interetatique dont seuls les Etats-parties,
    l'Assemblee generale des Nations Unies ou le Conseil de securite
    peuvent se saisir. La double question qui se pose alors est la suivante
    : le genocide armenien de 1915-1916 est-il un differend entre l'Etat
    turc et l'Etat armenien ? Rappelons que ce dernier n'existait pas a
    cette epoque. A supposer qu'il [l'Armenie] soit accepte comme sujet
    de droit, et qu'on lui reconnaisse son interet a agir, quels moyens
    en droit mettrait-il en avant ? Rappelons ici que toute procedure
    requiert que l'Etat adverse accepte le principe et les termes de la
    saisine, sauf a ce que cela lui soit impose par les Nations Unies ou
    le Conseil de securite. Cette procedure suppose, dans tous les cas,
    que la responsabilite internationale de l'Etat turco-ottoman soit
    etablie dans les massacres et deportations commis en 1915-1916 ;
    un element qui sera conteste par la Turquie, mais dont les preuves
    existantes sont suffisantes.

    En parallèle, nous constatons que les actions en reconnaissance du
    genocide armenien par des gouvernements ou des parlements etrangers
    ont marque le pas ces dix dernières annees ; le discours apaisant
    de la Turquie et les protocoles armeno-turcs d'octobre 2009 ne sont
    pas etrangers a ce resultat. A la veille de 2015, nous assistons a
    un regain d'activites mais dans des forums sans grande importance
    strategique, et le phenomène promet d'etre ephemère et illusoire pour
    deux raisons principales.

    La première tient au fait que la Turquie ne veut pas admettre et combat
    avec force moyens financiers et diplomatiques toute reconnaissance
    juridique de ses crimes sous le qualificatif de genocide ou de crime
    contre l'humanite. Elle prefère evoquer les souffrances endurees par
    la population armenienne et le caractère inhumain des transferts
    de populations pendant la periode troublee de la première guerre
    mondiale. En admettant de facto la qualification et la culpabilite de
    > (crimes ayant deja une realite juridique en
    1915, meme s'ils n'etaient pas codifies de manière extensive), elle
    se donne ainsi les moyens d'elaborer une demande reconventionnelle en
    reparation des dommages subis par la population turque musulmane dans
    l'est anatolien, du fait des actions de bandes armees armeniennes ou de
    legions armeniennes soutenues par l'armee russe ; des evenements reels
    qui ne sont bien evidemment pas pertinents pour la periode 1915-1916,
    mais, qui, replaces dans le cadre plus large de la guerre 1914-1918,
    constitueraient des motifs suffisants pour appuyer leur demande.

    La seconde raison tient au fait que la Turquie reste plus que jamais,
    actuellement, un pilier incontournable de la diplomatie internationale,
    en particulier au proche et au moyen Orient. A ce titre, les
    Etats-Unis, Israël, et la Grande Bretagne (voir la note emise par
    le Foreign Office le 9 decembre 2014), d'une part, et la Russie,
    d'autre part, en competition pour s'imposer diplomatiquement dans
    cette region, maintiennent bon gre mal gre un partenariat strategique
    avec la Turquie. Il y a donc peu d'espoir pour que ces pays modifient
    leur ligne de conduite et engagent par eux-memes des actions, ou
    soutiennent celles de l'Armenie, en faveur de la reconnaissance
    politique du genocide.

    Cette impunite de fait offre a la Turquie l'opportunite de renforcer
    son entreprise de negation du genocide et de dissemination de sa
    version falsifiee de l'histoire. L'irruption de l'Azerbaïdjan dans
    cette entreprise a renforce les capacites de nuisance de la Turquie,
    meme si le caractère haineux, raciste et extremiste de la politique
    azerbaïdjanaise envers les Armeniens gene de plus en plus la Turquie.

    Les forces politiques en diaspora admettent plus ou moins l'enlisement
    du processus de reconnaissance du genocide armenien dans le monde ;
    l'inegalite des moyens etatiques et financiers est criante. Cette
    reconnaissance etait pourtant largement acquise auprès des opinions
    publiques et des milieux scientifiques dans le monde, et 2015 en sera
    le point d'orgue. Le problème se pose deja pour l'après-2015. Il se
    pose aussi dans une certaine mesure pour 2015, car la Turquie fait
    tout son possible pour contrecarrer la portee mediatique et politique
    de la commemoration des massacres et deportations de 1915-1916. Ses
    initiatives ont demarre bien en amont.

    Le dialogue et la reconciliation : tactique doublement gagnante pour
    la Turquie

    Cette strategie a demarre en 2004, lorsque la Turquie etait engagee
    dans son entreprise de seduction de l'Union europeenne. Elle en a
    compris tout l'interet strategique, et les Etats Unis et la Commission
    europeenne, directement interesses a un retablissement de relations
    diplomatiques et a un rapprochement entre les societes civiles des
    deux pays en ont apporte les financements. Pour les Occidentaux,
    cette strategie vise a marginaliser les pretendus extremistes de
    la diaspora pour privilegier un dialogue direct avec une Armenie
    affaiblie. Pour l' > avide d'aides financières,
    cela represente une manne directe et immediate (rien que pour l'annee
    2015, environ 2 millions EURO ont ete donnes a des ONG armenienne et
    turque). La Turquie en tire le dividende politique.

    Ce processus detourne en effet la partie armenienne des problèmes
    politiques qui constituent le fond du differend. Par ailleurs ces
    initiatives ne touchent qu'une frange infinitesimale de la population
    turque, ce qui sur une longue duree, en tenant compte du dynamisme
    demographique et economique de la population turque, tournee vers
    l'avenir plutôt que sur son passe, fragilise les effets hypothetiques
    sur lesquels certains Armeniens misent.

    Les programmes de dialogue et d'echange interculturel et
    intercommunautaire sont finances par l'Union europeenne et les aides
    publique ou privee americaines, mais aussi, ce qui est plus recent,
    par des fondations privees armenienne et turque. Ces programmes
    n'existeraient pas sans ces aides. Nous pouvons lire ces dernières
    semaines des declarations d'autosatisfaction, y compris de la part
    de militants sincères de la cause armenienne, sans que l'impact
    de ces initiatives ne soit veritablement demontre ni mesure
    (outreach). Il conviendrait a ce propos que la recrudescence de
    la propagande negationniste et l'activisme politico-juridique des
    elements paraetatiques turcs ne soient pas occultes ; Rappelons que
    cet activisme politico-juridique s'est manifeste en France a travers
    des procès intentes a des militants de la cause armenienne ou a des
    parlementaires amis de celle-ci. Aux Etats Unis, où les > (watchdogs) de la thèse officielle turque sur le genocide
    armenien sont institutionnellement organises, il se manifeste de
    manière systematique, politiquement et juridiquement dans la vie
    publique americaine, et paradoxalement tetanise les Universites.

    L'attaque deborde le seul debat relatif au genocide ; les scribes a
    la solde de l'Etat turc presentent les Armeniens comme antisemites
    dans la presse americaine et israelienne.

    Autre effet indirect de ces plateformes programmatiques, elles ont
    permis a la Turquie, d'une part, de collecter des renseignements
    et des reflexions utiles pour alimenter ses analyses strategiques,
    et, d'autre part, d'identifier certains Armeniens de diaspora, avec
    lesquels la Turquie a decide d'engager cette fois-ci de manière
    officielle une forme de cooperation plus directe (voir l'editorial
    d'Harout Sassounian du 10 avril 2012). Ce phenomène, qui a demarre
    aux Etats Unis a commence plus tardivement en Europe, mais il est
    maintenant en ordre de bataille.

    Enfin, l'action diplomatique de la Turquie revet les apprets d'un
    discours apaisant et d'ouverture : le rappel du souvenir des annees > de la cohabitation dans l'Empire ottoman, l'expression
    d'une >, et meme la reconnaissance du caractère
    inhumain des deplacements de la population armenienne. Ce scenario
    n'est pas nouveau (il existe depuis au moins huit ans), mais sa mise en
    scène progressive cache une menace, reelle, celle d'une reconnaissance
    publique et officielle a minima, comme celle qui se profile depuis
    quelque temps deja, celle des excuses pour les souffrances endurees
    par les populations armeniennes pendant la première guerre mondiale,
    accompagnee de la restitution des proprietes et edifices appartenant
    aux institutions religieuses armeniennes ; Un decret gouvernemental
    a deja resolu, en 2011, le cas des proprietes et biens appartenant
    aux fondations des minorites religieuses et culturelles armeniennes
    (les Vakfi, institutions creees par edits imperiaux) en exigeant la
    restitution des biens qui sont entres dans leur capital entre 1936
    et 2007 et qu'on leur avait confisques a partir de 1974.

    La Turquie pourrait aisement convaincre les gouvernements etrangers
    que ces excuses et restitutions constituent un compromis honorable
    et suffisent a rendre justice, ce qui placerait la nation armenienne
    desireuse d'obtenir plus dans une position très difficile. Pour eviter
    une telle issue et ne pas laisser la Turquie dicter seule l'avenir,
    une strategie offensive s'impose du côte armenien. Elle doit anticiper
    et mobiliser et faire l'objet d'un consensus pan-armenien. 2015
    represente une formidable fenetre d'opportunites politiques pour
    s'engager precisement dans cette direction et abandonner la politique
    reactive et defensive. Mais la fenetre est etroite et il ne faut
    pas la manquer. C'est l'occasion de deplacer la bataille politique
    et diplomatique sur un nouveau terrain, de rappeler aux grandes
    puissances : USA, France, Grande-Bretagne, Russie, mais en premier
    l'Allemagne leurs dettes et obligations, et d'exploiter la diaspora
    comme fer de lance de cette nouvelle politique. L'Etat armenien est
    contraint diplomatiquement par le conflit lie au Nagorno-Karabagh
    (la Turquie conditionne l'ouverture de sa frontière ou la ratification
    des protocoles avec l'Armenie a l'evacuation de certains territoires)
    et par sa dependance totale vis-a-vis de la Russie ; un partenaire
    dominant qui vient de signer un partenariat strategique au niveau
    politique et economique regional avec la Turquie.

    La diaspora, qui est soit endormie, soit lassee des impasses politiques
    sur le plan de la politique interieure comme exterieure de l'Armenie,
    dans sa quete permanente de justice attend une action d'envergure
    qui ouvrirait de nouvelles perspectives militantes et politiques ;
    mais aussi une occasion de mobiliser chaque famille, et de faire
    travailler intelligemment en etroite coordination les forces politiques
    et diplomatiques d'Armenie et de diaspora.

    Le lancement d'un processus de demande en reparations est l'option
    politique et juridique qui repond a ces attentes et critères. Il
    permettrait de se desengager de la double impasse actuelle que sont
    le caractère illusoire d'une reconnaissance politique officielle du
    genocide par la Turquie, d'une part, et la difficulte qu'il y a, sur
    le plan strictement juridique, a qualifier les massacres et atrocites
    de 1915 de genocide, d'autre part.

    Les reparations sont la > de la cause
    armenienne1

    Le moyen strategique qui s'impose est celui d'engager, sur plusieurs
    fronts, des initiatives juridico-politiques visant a obtenir des
    reparations. Il ne serait pas judicieux d'evoquer publiquement et
    de livrer a l'adversite les objectifs, les moyens et les arguments
    juridiques qui les sous-tendent. Il convient cependant de relever
    plusieurs idees recues, totalement erronees sur cette question.

    La première consiste a croire que la reconnaissance officielle du
    genocide par la Turquie en tant que crime qualifie comme tel est
    une condition necessaire pour initier des demandes en reparations
    financières et morales pour les crimes commis en 1915-1916 par l'Etat
    turco-ottoman, et pour les dommages causes aux biens et richesses
    de la nation armenienne a travers les spoliations, destructions et
    confiscations. Il n'en est rien en droit international public. Le
    crime d'Etat est etabli et peut etre prouve et quel que soit sa
    qualification, il ouvre droit a reparation a ses victimes, ou plutôt,
    cent ans après, aux ayants droit de ces dernières. La deuxième
    idee fausse est que la Turquie craindrait plus les revendications
    territoriales armeniennes que les demandes en reparations. Les
    Armeniens ne doivent pas se mentir a eux-memes. L'Armenie est un
    micro-Etat, deja englue dans un conflit militaire avec l'Azerbaïdjan,
    et confronte a une grogne montante sur le plan interieur. A-t-elle
    aujourd'hui une puissance politique et militaire qui puisse soutenir
    de telles revendications ? l'Armenie ne trouverait par ailleurs pas
    d'alliances dans cette entreprise.

    Les solutions existent et un plan d'actions juridico-politiques
    est meme pret, y compris dans ses aspects operationnels. Des
    groupes d'etudes, complementaires les uns des autres : Armenian
    Genocide Reparations Study Group (AGRSG) et Armenian Genocide
    International Reparation (AGIR) en diaspora, et en Armenie le
    Groupe d'etude juridique sous la coordination du President de la
    Cour constitutionnelle d'Armenie, ont travaille sur le sujet. Le
    Catholicos Aram I a, de son côte, organise une importance conference
    sur le sujet a Beyrouth en 2012.

    La strategie doit reposer sur des bases juridiques solides et lucides
    et ne pas compter sur le soutien de pays tiers. Elle doit etre
    elaboree de telle manière qu'elle ne puisse porter prejudice ni aux
    revendications territoriales de l'Armenie (L'Etat etant le seul sujet
    de droit pouvant agir sur cette question, en droit international), ni
    aux actions continues de reconnaissance politique du genocide par la
    Turquie ou par d'autres pays. Cette qualification, comme nous l'avons
    dit plus haut, n'est pas une condition necessaire pour demander des
    reparations. Par ailleurs, le concept de reparation est très large et
    contient des aspects materiels et moraux. Les aspects moraux incluent
    entre autres la reconnaissance de culpabilite, la demande de pardon,
    l'arret de la negation des faits, une politique educative appropriee.

    Pour bien comprendre que l'enjeu pecuniaire est autrement plus
    contraignant et inquietant pour l'Etat turc, il suffit d'observer les
    montants des indemnisations obtenues de l'Allemagne par l'institution
    mise en place par les Juifs survivants de l'Holocauste (la Claims
    Conference), soit 60 milliards de dollars, et du resultat de la
    negociation directe et parallèle entre l'Etat d'Israël et l'Allemagne,
    soit 3 milliards de deutschemarks en 1952, au titre et pour le compte
    des victimes n'ayant pas d'heritiers. Les demandes d'indemnisation
    se poursuivent encore aujourd'hui (cf. l'accord SNCF/Le gouvernement
    des Etats Unis). Une fois le processus lance, le champ des requetes
    possibles depasse l'imagination.

    L'etude publiee par Armenian Genocide Reparations Study Group (AGRSG),
    qui s'est attachee a definir et a mesurer les reparations dans toutes
    ses dimensions dans le cas du genocide armenien, a fait une première
    estimation des dommages, en actualisant les montants indiques dans
    les conferences preparatoires au Traite de Sèvres (1920), avance
    un montant d'indemnisation proche des 100 milliards de dollars. Des
    methodes plus modernes de calcul permettront d'affiner ces chiffres.

    Ces derniers sont bien presents dans l'esprit des dirigeants turcs,
    mais aussi chez les > turcs proches des Armeniens,
    qui evacuent vite la question d'un revers de la main quand elle est
    abordee. La strategie doit appuyer la où cela fait mal. Cela necessite
    d'avancer de manière dûment reflechie et structuree. En droit, rien
    n'est simple, ni le sens des mots ni l'interaction entre principes,
    surtout quand s'y melent, en l'espèce, droit local, droit regional
    et droit international. Le droit ecrit est de surcroît soumis a
    l'interpretation des hommes qui rendent justice, avec toutes les
    incertitudes et erreurs qui peuvent accompagner leur jugement. La
    justice internationale est particulièrement liee aux relations
    internationales. Les recours deposes aux Etats Unis dans l'affaire
    Movsesian et autres ont montre les limites de la justice federale
    quand la diplomatie s'en mele.

    La question qui se pose alors est : si tout est pret, pourquoi aucune
    demarche ou decision politique a la hauteur des enjeux n'ont encore
    ete annoncees ?

    La situation politique, economique et sociale du pays atteint un etat
    de desolation sans pareil : la guerre avec le voisin azerbaïdjanais a
    repris sur les lignes frontalières et le rapprochement de l'Azerbaïdjan
    avec la Russie et la Turquie ne peut qu'inquieter ; l'adhesion,
    dans des conditions humiliantes, a l'Union economique eurasienne,
    sous la pression de la Russie, a consacre la rupture d'un equilibre
    diplomatique entre blocs mais il se traduit deja par une menace de
    chaos economique et monetaire ; la Russie entrainant l'Armenie dans
    sa descente aux enfers. La grogne economique et sociale a l'interieur
    pousse, en raison de l'inflation des prix, et le nombre de candidats a
    l'emigration augmente encore. Pour couronner le tout, il est observe un
    regain de repression des droits et libertes politiques. Par mimetisme
    du modèle russe, les attaques physiques sur les militants et opposants
    et les arrestations de manifestants ont repris et l'Armenie elabore
    des lois liberticides visant a contrôler les sources de financement
    des ONG et les sources d'information des journalistes.

    C'est donc dans un tel contexte qu'il faut reunir un consensus national
    sur le plan d'actions juridico-politiques. La prochaine echeance qu'il
    conviendra d'observer est le 29 janvier 2015, date de la prochaine
    assemblee plenière du comite du centenaire. Les speculations sur la
    venue d'une haute autorite turque aux commemorations du 24 avril a
    Erevan ne font que renforcer la pertinence et l'urgence d'une annonce
    officielle de lancement de la campagne de demandes en reparations.

    Cet article a ete publie dans Les Nouvelles d'Armenie Magazine du 19
    decembre 2014.

    1. Reparations: The New Frontier of the Armenian Cause and its
    Challenges

    Source/Lien : Repair


    From: Baghdasarian
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