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A partir du 24 Avril 1915 les Arméniens ont vu leurs hommes massacré

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    The Sunday Times
    A partir du 24 Avril 1915 les Arméniens ont vu leurs hommes massacrés


    Dominic Lawson -

    The Sunday Times 25 janvier 2015 (Londres) Royaume-Uni

    Parmi les preuves utilisées par les procureurs au procès des crimes de
    guerre de Nuremberg, figurait le compte rendu d'un discours qu'Adolf
    Hitler avait fait à Obersalzbourg à ses généraux, à la veille de
    l'invasion de la Pologne, pour les absoudre des atrocités qu'ils
    allaient commettre. Dans ce discours, le chef nazi posa la question
    rhétorique : " Qui, après tout, parle aujourd'hui de l'annihilation
    des Arméniens ? ". Il suggérait en posant cette question, que le
    massacre de millions de Juifs polonais et autres ' races inférieures '
    serait oublié par l'histoire ; la suite montra que le Fuhrer avait
    tort. Ce qui fut connu par la suite sous le nom d'Holocauste est
    considéré à présent comme l'un des événements caractérisant le
    vingtième siècle. On s'en souviendra mardi avec une ferveur
    particulière, car ce jour marquera le 70ème anniversaire de la
    libération du camp de concentration d'Auschwitz, en Pologne occupée
    par les nazis, là où on estime à un million le nombre de Juifs qui y
    furent exterminés : le 27 janvier est le Jour de Commémoration de
    l'Holocauste.

    Alors que l'efficacité industrielle, à l'échelle d'un continent, de la
    campagne génocidaire contre les Juifs était unique, il y avait, comme
    l'impliquait la déclaration d'Hitler, un précédent : cette année en
    marque le centième anniversaire. Comme l'écrit le site internet de la
    Fondation de Grande Bretagne pour le Jour de Commémoration de
    l'Holocauste, " le terme ' génocide ' a été employé pour la première
    fois en 1933, dans un document présenté à la Société des Nations par
    le juriste polonais Raphael Lemkin. Il avait créé le concept en écho
    aux atrocités commises contre la population arménienne de l'empire
    ottoman entre 1915 et 1918 ". Et le site continue en expliquant : " Le
    nombre d'Arméniens qui furent tués au cours de cette période est
    inconnu mais les estimations vont de 1,3 million à 1,9 million ".

    Cela signifierait qu'à peu près les trois quarts de la population
    arménienne avaient disparu - une proportion plus élevée que même
    Hitler n'a pu atteindre s'agissant de la population juive d'Europe. Et
    pourtant, il s'agit d'un fait remarquablement peu connu. Il y a une
    curieuse relation inverse entre ce génocide et celui du peuple juif.
    Ce dernier était sous-estimé par les gouvernements britannique et
    américain, alors qu'il se déroulait, et pour la raison essentielle que
    le président Franklin Roosevelt et Winston Churchill craignaient de
    donner au public des raisons de croire, comme le prétendait Hitler,
    qu'ils combattaient " pour les Juifs ". Ce n'est qu'au cours du procès
    télévisé d'Adolf Eichman en 1961 que l'étendue et la vraie nature de
    l'Holocauste frappa les esprits des publics en Grande Bretagne et en
    Amérique.

    Le processus inverse se produisit pour le génocide du peuple Arménien.
    Choqué, le consul à Alep, en 1915-16 parla dans ses dépêches d' " un
    plan gigantesque de pillage et un coup final pour éteindre la race
    arménienne ". Churchill, dans son livre de 1929, La Crise Mondiale,
    écrivait : " En 1915 le gouvernement turc commença et mit brutalement
    à exécution les infmes massacre général et déportations des Arméniens
    d'Asie Mineure... des districts entiers ont été effacés dans un
    holocauste administratif... il n'y aucun doute raisonnable que ce
    crime était prévu pour des raisons politiques ".

    Mais de nos jours, les gouvernements britanniques et américains
    refusent d'attacher le mot " génocide ", encore moins " holocauste ",
    à ce qui est arrivé aux Arméniens. Pour des raisons de pure
    realpolitik. L'Arménie d'aujourd'hui - qui représente environ 10% de
    son étendue historique - est un pays déshérité, enclavé, dépourvu
    d'importance stratégique appréciable. La Turquie, par contraste, est
    un vaste pays, membre de l'Otan, d'importance géostratégique énorme -
    et la question arménienne a longtemps et intensément fait souffrir son
    gouvernement de névralgies. Comme l'éminent juriste Geoffrey Robertson
    le relevait dans son livre récent, An Inconvenient Genocide [Un
    Génocide Gênant], tandis que le gouvernement britannique déclare
    malhonnêtement qu'il a demandé à la Turquie de travailler avec les
    Arméniens " pour aborder leur histoire commune ", " cela n'est pas
    possible aussi longtemps que la Turquie conserve son négationnisme
    obsessionnel et recourt à l'article 30 de son code pénal pour menacer
    ceux de ses citoyens coupables d' " insulte à l'identité turque "
    s'ils en réfèrent au sort des Arméniens de 1915 en 1915 comme à un
    génocide ". Même ses grands écrivains, comme Orhan Pamuk et Elif
    Shafak, ont subi des poursuites sur le fondement de l'article 301,
    Elif Shafak parce que l'un de ses personnages fictifs avait parlé de
    génocide.

    Il ne s'agit pas, pour le gouvernement de Turquie, de défendre la
    réputation du régime ultranationaliste qui gouvernait l'Empire ottoman
    en 1915-18, pas plus que le gouvernement allemand actuel ne ressent le
    besoin de justifier ce que les nazis ont fait au cours de la seconde
    guerre mondiale. Et pourtant, il le fait : en novembre l'an passé, le
    directeur-général de la programmation de la politique au ministère des
    affaires étrangères turc, Altay Cenzizer disait que son gouvernement
    se préparait lui-même pour le 100ème anniversaire des " événements "
    de 1915 et disait que ' la Turquie ne méritait pas d'apparaître devant
    le monde comme une nation ayant commis un génocide... ces
    revendications sont une atteinte à notre identité même ".

    Cela semble peine perdue pour ces gens - mais pas pour ces nombreux
    Turcs merveilleux que j'ai rencontrés et qui désespèrent de leur
    gouvernement - pour la raison que l'Allemagne a ce haut niveau dans
    l'opinion internationale est qu'elle est ouverte et regrette les
    crimes d'une époque révolue.

    De toute évidence, il est difficile de parler de tels sujets,
    lorsqu'on aborde des détails au-delà des simples chiffres.
    Essentiellement, parce qu'il a vu dans la présence en Anatolie
    d'Arméniens chrétiens une menace potentielle de désintégration de
    l'Empire ottoman, le gouvernement connu sous le nom de Jeunes Turcs
    avait mis un plan à exécution - pour citer ce courageux commentateur
    turc Cengiz Aktar - " pour forger une population homogène composée de
    Musulmans qui serait la moelle épinière de la nation turque qui est
    toujours à inventer. Il n'y avait ainsi aucune place pour les
    populations chrétiennes ". À partir du 24 avril 1915, la population
    arménienne a vu ses hommes massacrés et les femmes et les enfants
    envoyés dans des marches à la mort (ou " réinstallés ") dans le désert
    syrien. Le discours auquel on recourait pour des justifications était
    une pale édition de celui que les nazis allaient plus tard employer
    contre les Juifs. Ainsi le Dr Mehmed Resid, le gouverneur de la
    province de Diyarbakir : " Les bandits arméniens étaient une poignée
    de microbes dangereux qui avaient contaminé le corps de la mère
    patrie. N'était-ce pas le devoir du docteur de tuer les microbes ? ".

    Un autre parallèle est dans le fait que les Arméniens, comme les Juifs
    d'Europe, étaient généralement des commerçants prospères, plus riches
    que la population en général. Il y avait des avantages à tirer de leur
    expropriation et de leur départ, le trésor ottoman en étant le
    principal bénéficiaire.

    Tandis que le bacille de l'antisémitisme continue d'infecter le
    cerveau des hommes, la tentative d'annihilation des Arméniens - la
    première nation devenue chrétienne, longtemps avant l'Empire romain -
    a elle aussi sa version moderne, bien que dans ce cas, l'incubateur
    est une forme d'idéologie religieuse plutôt que raciale.

    En de nombreuses régions du Moyen Orient les Chrétiens souffrent de
    persécution. En Syrie et en Iraq, les forces de l'EI leur offrent le
    choix que les Turcs avaient fait à quelques-unes (les plus chanceuses)
    des femmes arméniennes et enfants il y a un siècle : vous serez
    épargnée, mais seulement si vous vous convertissez à l'Islam. Et en
    cruel écho de ce qui était arrivé à des milliers d'églises arméniennes
    au cours des massacres, l'EI a détruit l'Église-Musée Mémorial du
    Génocide Arménien dans la ville syrienne de Deir ez-Zor.

    Même si certains veulent effacer ou nier les preuves de ce qui est
    arrivé aux Arméniens il y a cent ans, cette année - plus que toute
    autre année - on doit la commémorer. Mais n'espérez pas que Washington
    ou Westminster feront cet effort.

    Traduction Gilbert Béguian pour Armenews

    mercredi 28 janvier 2015,
    Jean Eckian (c)armenews.com
    http://www.armenews.com/article.php3?id_article=107473

    D´autres informations disponibles : sur The Sunday Times
    http://www.thesundaytimes.co.uk/sto/comment/columns/dominiclawson/article1510903.ece




    From: A. Papazian
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